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Diourbel manque de gynécologues - Le soleil - Sénégal - 22/02/02
Ce n’est pas dans la région de Diourbel que l’on rencontre le plus de décès maternels, mais le taux de mortalité maternelle y reste encore très élevé (590 décès pour 100.000 naissances vivantes contre 510 décès pour 100.000 naissances vivantes au plan national). Pour le médecin-chef de la région médicale de Diourbel, le Dr Malick Sarr, au moins trois raisons expliquent le taux élevé de la mortalité maternelle dans le Baol.

Il y a d’abord l’analphabétisme et les réalités socioculturelles. Ensuite, on note les facteurs socio-économiques et, enfin, la mortalité des mères qui donnent la vie est liée à la qualité des services. De nombreuses femmes ignorent l’importance des consultations prénatales au moment de leur grossesse à cause du manque d’informations. Ces femmes sont souvent analphabètes ou sous-scolarisées. Beaucoup d’entre elles accouchent à domicile. Cela est à mettre en relation avec les conditions économiques difficiles et avec certaines croyances ou tabous.

Par ailleurs, l’évacuation tardive des patients vers les postes de santé, les structures intermédiaires et de référence, occasionne de nombreux cas de décès et de malnutrition, souligne le médecin chef. Tout cela ajouté à la pauvreté, elle même accentuée par la multiparité ou la polygamie, ne permet pas une prise en charge correcte des problèmes de santé et le suivi des consultations prénatales dans les ménages.

D’autres facteurs expliquent le taux élevé de la mortalité maternelle à Diourbel, indique Dr Malick Sarr. Il s’agit des mariages précoces et des grossesses en âge très avancé en plus de la quantité et de la qualité des services. Le personnel est insuffisant. Il manque surtout des spécialistes. La région de Diourbel ne dispose que d’un seul gynécologue, souligne le Dr Malick Sarr qui précise également “ que le plateau technique est insuffisant ; le manque d’organisation des structures et l’accueil ne sont pas de nature à assurer une prise en charge correcte des patientes ”.

La mortalité maternelle est aggravée par les prestations de soins illégaux et l’utilisation des médicaments illicites. A Touba, on enregistre le plus grand nombre de cas de mortalités maternelles dues à des crises déclamsie à cause de la salinité de l’eau. Les autorités sanitaires de la région préconisent la poursuite de l’information et la sensibilisation, l’amélioration du plateau technique, la formation du personnel et de la qualité de l’accueil et aussi la démultiplication des consultations prénatales aux infirmiers chefs de poste (ICP), pour une meilleure surveillance des grossesses et pour l’évacuation des patientes à temps opportun.

Il y a également la formation en planification familiale et en information, éducation et communication. Des efforts, selon Dr Malick Sarr, sont en cours sur les micro-nutriments, d’accentuer la lutte contre les prestataires irréguliers avec la mise en place d’un dispositif de surveillance. Aussi, est-il urgent, comme solutions, de renforcer la présence de spécialistes dans la région, de construire 10 nouveaux postes de santé dans les 5 ans à venir avec l’appui des partenaires au développement.

À ces propositions, s’ajoute, comme l’a indiqué Mme Aïssatou Coly, responsable de la planification familiale à la région médicale, le renforcement du pouvoir économique des femmes qui sont les principales victimes de la pauvreté et de la malnutrition, surtout à Touba. Dans cette ville, selon elle, les femmes en état de grossesse ne bénéficient pas d’un suivi médical adéquat. Elle souhaite, enfin, l’implication de maris dans la lutte contre la mortalité maternelle.
SAËR GUEYE

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=11724&index__edition=9522

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