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Protéger l’habitat des plantes médicinales : un impératif - Le soleil - Sénégal - 22/02/02
Au commencement, n’était médecin que l’herboriste. Puis la médecine s’est élargie aux médicaments d’origine animale, minérale, aux molécules de synthèse, à la chirurgie. Cependant, malgré les prodigieux progrès de la médecine dans toutes les directions, la phytothérapie emporte les faveurs d’un grand nombre de patients à travers le monde. Son usage à portée de la bourse des Africains expliquerait en grande partie son succès grandissant chez les populations sénégalaises frappées pas un long marasme économique.

Le 2 février 2002, la Journée mondiale des zones humides a été célébrée. Au Sénégal, c’est à la lisière de la forêt sacrée de Soutou, partie intégrante de la réserve de biosphère du delta du Saloum où les cérémonies ont eu lieu. Si les autorités ont choisi cette zone pour célébrer cette Journée mondiale des Zones humides, c’est parce qu’elle illustre le respect que les cultures africaines authentiques vouaient à la préservation de la Nature. Dialmang Ndiorène, le génie de cette forêt avait imprégné les consciences de son omniprésence. Personne n’osait y extraire le moindre branchage pour en faire un cure-dent, a-t-on noté.

C’est ainsi que dans les divers discours lus pendant cette cérémonie, l’on a insisté sur la nécessité de réactiver ces valeurs qui contribuent à la préservation de la nature. Il est notable que l’homogénéité des établissements humains, donc la croyance aux mêmes tabous et interdits n’est plus ce qu’elle était, mais, la médecine traditionnelle revient au goût du jour à un rythme forcené. Les hôpitaux de Malango et de Keur Massar pilotés par des médecins modernes de grande renommée ont participé au redéploiement de la phytothérapie.

Depuis quelque temps, l’ouverture d’officines d’herboristes encouragées par les pouvoirs publics est observée dans différents quartiers de Dakar. Les progrès faits dans la cueillette, le stockage, le conditionnement, le dosage, les recherches faites sur l’efficacité des plantes appliquées aux affections dont elles doivent venir à bout devrait augmenter le rendement cette médecine. Dans ce contexte, reconnaître les plantes efficaces, les protéger pour mieux les utiliser s’avère nécessaire. Plantes médicinales du Sahel, le titre d’un ouvrage édité par Enda, recense les plantes médicinales couramment utilisées au Sénégal et qui ont été analysées en laboratoire.

La préservation des écosystèmes est d’autant plus importante quand on sait la culture de ces plantes ne garantit pas nécessairement leur rendement au plan de l’efficacité. Des études pointues rendent compte de la présence accrue de principes actifs parmi les peuplements primaires. La constance de la culture des plantes dans les environs immédiats des habitations notée un peu partout au Sénégal ne devrait pas occulter le principe de préserver les souches naturelles.

D’un autre point de vue, on semble croire les zones les plus boisées renferment plus de plantes médicalement exploitables. Les domaines sahélien, soudanien, guinéen qui renvoient à des zones pluviométriques croissantes en intensité et pourvus en couvert végétal selon l’importance des précipitations qu’ils reçoivent annuellement ont une complexité floristique moins dense que les Niayes. Les inventaires faits dans cette zone de dépression qui va de Dakar à Saint-Louis portent sur 412 espèces végétales ainsi réparties : 42,5 % d’espaces à large répartition, 6,5 % d’espèces littorales, 1,5 % d’espèces méditerranéennes et sahéliennes, 10 % d’espèces sahéliennes, 27,0 % d’espèces soudaniennes, 12,5 % d’espèces soudano-guinéennes et guinéennes.
MOUHAMADOU SECK

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=11756&index__edition=9522

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