Le
travail est perturbé dans les postes et centres de santé de Dakar
depuis quatre semaines. Ce mouvement est durement ressenti par les
populations de même que les comités de santé dont les finances sont
affectées. Seulement, explique Birama Niang, major du centre de
santé municipal de Ouakam (Csmo), "nous n’avons que cette forme
de lutte pour nous faire entendre et les populations de proximité
que nous gérons l'ont bien compris". Avec ses camarades agents de
la santé de la municipalité de Dakar, ils étaient avant-hier en
sit-in devant le poste de santé de Sandial.
Ces travailleurs municipaux de la santé, forts "d'un sentiment de
frustration", se sont donné rendez-vous ce matin au centre de santé
Georges Lahoud. C’est pour annoncer la radicalisation de leur mouvement,
si les autorités de tutelle, l'État en particulier, persistent dans
le mutisme qui "frise le mépris". Lors de leur sit-in d'avant-hier,
ces travailleurs déclaraient "être peinés d'être en grève parce
que les populations en souffrent. Mais si Thiéwo Cissé Doukouré
est incapable de gérer les travailleurs sous sa tutelle, elle n'a
que le dire et qu'un autre prenne en charge nos revendications".
En
effet, les agents de santé de la municipalité de Dakar se désolent
de n'avoir pas d'interlocuteur depuis janvier dernier et accusent
le ministère chargé des Collectivités locales de faire du "dilatoire".
Aussi, si les autorités "nous cherchent à l'usure, ils nous trouveront
parce que nous sommes prêts à y aller", martèlent-ils. Sidya Ndiaye,
secrétaire général du Syndicat unique et démocratique des travailleurs
municipaux (Sutms), ajoute que "les travailleurs ne sont pas des
irresponsables et sont prêts à reprendre le travail, s'ils voient
ne serait-ce qu'un début de bonne volonté. Mais ce dilatoire est
inacceptable".
Pour
l’heure, ces travailleurs estiment avoir été assez ouverts au dialogue
avec les autorités et avoir toujours été à la recherche de compromis.
Interpellé sur l'accord trouvé avec le ministre chargé des Collectivités
locales en janvier dernier, le Dr Birama Niang répond que c'était
"juste une façon d'endormir les travailleurs. Les autorités ont
essayé de nous faire croire que les négociations sont en bonne voie
mais, jusqu'à présent, rien n’a été fait. Non seulement la rétroactivité
de 2001 n'est pas effective, mais encore la prime trimestrielle
qui devait être payée depuis avril ne l'est toujours pas. Rien n'a
bougé depuis cinq mois".
Par
ailleurs, les travailleurs municipaux de la santé avisent que les
autorités comme les populations doivent comprendre que "ce mouvement
n'a aucune connotation politique. Nous sommes à la veille d'élections
certes, mais ce mouvement a commencé depuis janvier dernier et certains
leaders peuvent le récupérer ou penser que nous voulons perturber
leur carrière ministérielle". "Nous avons été lésés et nous sommes
en mouvement parce que nous voulons faire prévaloir nos droits.
Qu'on nous paye nos primes et qu'un terme soit mis à cette discrimination
qui perdure dans cette Commune de Dakar", insiste le major Niang.
En
outre, selon lui, les travailleurs municipaux doivent être considérés
"comme les agents de santé, vecteurs de développement que nous sommes",
d'autant plus que ses camarades constituent "la base de la pyramide
médicale. Et si, aujourd'hui, les hôpitaux sont désengorgés, c'est
parce que nous faisons bien notre travail, parce que les structures
sanitaires municipales jouent un rôle prépondérant dans la prise
en charge des malades", martèle le Dr Niang. Il n'est donc pas normal,
pour les grévistes, que des agents de la santé aient reçu leurs
primes et que d'autres soient laissés en rade, alors que c'est "un
décret ministériel qui a octroyé à tous les agents de santé du Sénégal
sans exception une prime trimestrielle de 27 000 F, une prime payée
depuis 2001".
Le
plus déplorable pour eux est que rien n’a été fait depuis janvier,
alors que même le Premier ministre est au fait de ce dossier pour
avoir reçu le secrétaire général du Sutms. Ce dernier déclare d’ailleurs
que le ministre de la Santé, rencontré mardi dernier, a promis de
prendre contact avec son collègue chargé des Collectivités locales
pour accélérer le processus de paiement. "Mais il nous faut des
garanties concrètes pour reprendre le travail comme des délais de
paiement précis ou un début d'exécution", explique M. Ndiaye. Aminatou
M. DIOP
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9291&unelocale__edition=3045
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