Dossier réalisé par Le Soleil
Médecine du sujet agé :
Formation en gériatrie à la Faculté de médecine à partir de 2004
- 23/06/2003
Les relations entretenues entre les spécialistes de la gériatrie
de la Faculté de médecine de Grenoble et des médecins sénégalais,
avec à leur tête le Pr. Thérèse Moreira Diop, chef du service de
Médecine à l'hôpital Aristides Le Dantec, et également du département
de Médecine et des spécialités médicales de la Faculté de médecine
et d'odontostomatologie de l'UCAD, et surtout le séjour durant la
semaine écoulée pour la dispensation d'un enseignement pratique
sur cette discipline à l'intention de médecins africains dont des
Sénégalais du Pr. Alain Franco, spécialiste en gériatrie renommé,
chef du département de Médecine communautaire du CHU de Grenoble
et président de la Société française de Gériatrie et de gérontologie,
a abouti à une bonne chose pour les personnes du 3ème âge du Sénégal.
En effet, il en est sorti de tout cela un projet solide de lancement,
à partir de 2004, d'une formation initiale à la base en gériatrie
pour les futurs médecins qui sortiront de l'UCAD. Selon le Pr. Thérèse
Moreira Diop, chef du département de Médecine et des spécialités
médicales, il va être mis en place un poste d'assistanat à la Faculté
pour des cours de gériatrie et qui a été attribué au Dr Mamadou
Coumé qui a suivi une formation spécialisée en France auprès du
Pr. Alain Franco, qui est depuis quelques années le médecin chef
du centre médico-social des retraités de l'IPRES. Ce dernier était
à Dakar pour diriger une formation dans sa spécialité à l'intention
de huit médecins de pays africains.
"C'est un grand pas qui sera suivi d'autres en faveur du développement
d'une bonne prise en charge médicale des sujets âgés qui constituent
eux-mêmes un terrain fragile, a précisé le Pr. Thérèse Moreira Diop.
Selon elle, il a fallu se battre pour "ouvrir un chemin à la formation
dans cette discipline dont la pratique requiert d'ailleurs une collaboration
multidisciplinaire au sein de l'hôpital, du fait des pathologies
nombreuses qui, parfois se "bousculent" chez le sujet âgé, mais
aussi avec l'extérieur, avec ceux qui sont chargés de la prévention
de la maladie ou des rechutes, les soins à domicile, l'assistance
sociale, etc. Elle a indiqué l'engagement du recteur de l'UCAD qui
a clôturé le séminaire sur la gériatrie, des ministères de la Santé,
de la Famille et de la Solidarité nationale, et surtout de l'IPRES
par rapport à la réalisation de ce projet académique, médical et
social.
"Si la population des vieilles personnes atteint les 10%, voire
dépasse cette barre fixée par l'OMS, il faut mettre en œuvre une
politique de prise en charge des pathologies du vieillissement",
ont indiqué le Pr. Moreira Diop et le Dr Coumé. Selon le Dr Coumé
: "la population des personnes âgées était de 7,4%, selon l'enquête
du recensement général de la population et de l'habitat de 1988,
et elle est passée actuellement à 9%. Ce taux devrait atteindre
11%, en 2015, dans la mesure où l'espérance de vie passera de 57
ans actuellement à 63 ans d'ici à la même année 2015". "Nous devons
donc bien préparer la façon dont nous allons nous occuper de cette
frange de la population avec des ressources humaines adéquates (médecins,
chirurgiens, spécialistes des disciplines médicales diverses, paramédicaux
et assistants sociaux, à travers une intégration judicieuse dans
le système de santé et la vie dans la communauté", ont souligné
le Pr. Moreira Diop et le Dr Mamadou Coumé.
Le Pr. Thérèse Moreira Diop a précisé "l'importance d'un laboratoire
et d'une unité mobile en gériatrie dans les hôpitaux, dans la mesure
où la personne âgée peut être hospitalisée dans une clinique, pour
une affection précise, alors que d'autres pathologies sont en sourdine
ou moins visibles. L'unité mobile de gériatrie trouve aussi sa place
dans des déplacements à travers les structures sanitaires du pays
pour apporter son concours aux équipes médicales de ces entités
décentralisées". Pour le moment, le Sénégal ne compte que 5 médecins
spécialisés en gériatrie en tout et pour tout.
FARA DIAW
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=28246&index__edition=9915
Pr. Alain Franco, spécialiste
français en gériatrie et gérontologie : "Tout médecin doit apprendre
la gériatrie" - 23/06/2003
Le Pr. Alain Franco, spécialiste français en gériatrie de renommée,
chef du département de Médecine communautaire du CHU de Grenoble
et Président de la Société française de Gériatrie et de gérontologie,
a indiqué la nécessité pour le Sénégal de se pencher résolument
sur l'élaboration et la mise en œuvre d'une politique de prise en
charge de ses sujets âgés, en s'inspirant des expériences des pays
pionniers dans ce domaine comme la France, l'Angleterre, les Etats-Unis,
la Suède, l'Allemagne et l'Italie, dans le développement de la gériatrie
(prise en charge médicale des affections touchant la personne âgée)
et la gérontologie (prise en charge sociale du vieillissement).
Il faut se hâter avec lenteur, a semblé dire le Pr. Franco qui
a précisé que la gériatrie est une discipline très récente, dans
la mesure où elle n'est apparue en France qu'en 1962 sous l'impulsion
politique du Général Charles de Gaulle, qui disait "qu'il fallait
faire quelque chose après avoir constaté l'état de dénuement, de
marginalisation et d'exclusion des personnes âgées, dont le nombre
avait grossi considérablement après la seconde guerre mondiale avec
le progrès de la médecine, mais aussi, la faiblesse des pensions
de retraite de la majorité ". "Il fallait donc faire quelque chose
et l'on a mis l'accent sur la mise en place d'un système d'aide
médicale et sociale, à travers le système hospitalier et les hospices",
a-t-il fait savoir.
Au Sénégal, j'ai remarqué que le vieillard jouit encore du lien
avec la société dans laquelle il vit et cela est un élément essentiel
à prendre en compte dans les stratégies gériatriques tant dans la
prévention, la prise charge des maladies, que dans le suivi social",
nous confié le Pr. Alain Franco, qui a précisé que les personnes
âgées des pays riches sont surtout victimes de l'exclusion et de
la marginalisation. Il a précisé la place privilégiée que doit occuper
la recherche médicale, démographique et sociale, mais aussi les
dispositions à prendre dans les commodités logistiques et architecturales
dans l'accueil, les consultations et l'hospitalisation des sujets
âgés. "Ce qui est notable chez ce groupe et qu'il faut également
bien saisir dans la pratique, c'est la notion de deuil, notamment
quand une personne qui entre dans cet âge perd la notoriété, le
conjoint et l'emploi, mais surtout la fonction d'un organe comme
un membre, la virilité sexuelle, la mémoire, la vue, l'ouie, etc.
La victime âgée traverse des étapes diverses comme des épreuves
aussi bien pour lui, mais aussi pour son (ses) thérapeute (s) et
son (ses) accompagnant (s).
Le Pr. Alain Franco classe ses "étapes-épreuves" en quatre paliers
qui sont le choc, la révolte, le marchandage et la dépression, qui
doivent finir au bout du compte, avec l'aide d'un groupe multidisciplinaire
et la famille, à la reconstruction psychique de l'individu par rapport
à son état actuel en vue d'une "acceptation normale du sort". "Dans
cette reconstruction, plusieurs aspects peuvent être en jeu pour
la hâter, comme la croyance religieuse, les valeurs culturelles,
le soutien familial, la thérapie de groupe, etc.", a expliqué le
Pr. Alain Franco. "Tout cela montre, a-t-il dit, la complexité de
la prise en charge (globale) de la personne âgée, qui a besoin d'une
vaste touche d'humanisme et d'attention, en évitant de tomber dans
le tout "médical de ces personnes qui peuvent porter plusieurs affections
dont plusieurs chroniques en même temps".
Selon lui : "tout médecin doit apprendre la gériatrie dans la mesure
où les médecins seront de plus en plus confrontés aux maladies de
la vieillesse, comme les pathologies dégénératives, cardiovasculaires
et d'autres maladies chroniques qu'il faut apprendre à gérer". Ceci
est vrai, dans la mesure où selon l'OMS : "le vieillissement de
la population mondiale sera l'un des plus grands défis du monde
en ce 3ème millénaire, surtout pour les pays en développement (PVD)".
Sur les quelques 580 millions de personnes âgées que compte le monde
en ce moment, 355 millions vivent dans les PVD, soit plus de 60%.
En 2020, elles seront 1 milliard dont plus 700 millions dans les
PVD… Sur ce registre le Dr Mamadou Coumé assure que "le Sénégal
ne va pas échapper à la phénomène…"
F. DIAW
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=28247&index__edition=9915
L'idéal en gériatrie… -
23/06/2003
La gérontologie est la science qui étudie le vieillissement, et
la gériatrie celle qui vise à soigner les pathologie spécifiques
du patient âgé. La gériatrie est la prise en charge de patients
de plus de 65 ans qui présentent plusieurs pathologies et sont hospitalisés
dans un service de gériatrie pour l'exacerbation d'une pathologie
(que ce soit une des pathologies qu'il présente déjà ou une nouvelle
pathologie). Généralement, les patients présents en gériatrie sont
dans un état de dépendance ou sont en tous cas moins autonomes que
par le passé. La gériatrie est une approche globale du patient,
prenant donc en compte le patient dans son entièreté.
La première étape lors de l'admission d'un patient en gériatrie
est bien entendu le diagnostic puis, le traitement et, enfin, très
important, l'étude du devenir du patient, c'est à dire, trouver
pour le patient la meilleure solution adaptée à son nouvel état
clinique. C'est donc une approche pluridisciplinaire dans le cadre
d'un travail d'équipe pour lequel intervient une équipe complète
soit, le gériatre, les infirmières, les aides logistiques, etc.
Cette équipe se réunit une fois par semaine (réunion sociale) pour
discuter du cas de chaque patient et décider de l'approche sociale
la plus adaptée en post-hospitalisation et ce, en collaboration
avec le médecin traitant et la famille. Un service de gériatrie
doit avoir plus de personnel pour la prise en charge des patients.
En outre, l'infrastructure du service est étudiée suivant les besoins
de ces personnes plus dépendantes, comme des rampes tout le long
du couloir, une salle à manger, un salon de détente, une salle de
gymnastique où les patients se rendent spontanément ou sur invitation
du personnel hospitalier. Les affections les plus courantes sont
en premier les chutes, les insuffisances cardio-respiratoires, les
troubles cognitifs, les malnutritions, les troubles du sommeil,
les altérations sensorielles, etc. Il faut suivre, pour atteindre
cette spécialisation, les 7 années de médecine générale, ensuite,
5 ans de médecine interne générale et 1 an de gériatrie.
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=28248&index__edition=9915
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