Le co-découvreur du virus du Sida, le professeur Luc Montagnier,
était à Lomé jeudi dans le cadre d'une conférence organisée par
la Banque ouest-africaine de développement. Il avait à ses côtés
deux autres éminents spécialistes, Vittorio Colizzi et Pieterluigi
Vagliani. Les médecins ont insisté sur la coopération et les interactions
entre chercheurs africains et européens.
Cette conférence a rassemblé les ministres en charge de la lutte
contre cette pandémie dans les pays membres de l'Union économique
et monétaire ouest-africaine (UEMOA), ainsi que les responsables
d'ONG et organismes oeuvrant pour l'éradication du fléau.
La conférence, organisée par la Banque ouest-africaine de développement
(BOAD), a été animée par les Prs Luc Montagnier, Vittorio Colizzi
et Pieterluigi Vagliani. Elle a permis de tracer la voie devant
conduire les pays membres de l'UEMOA à des actions concertées en
vue d'une meilleure prise en charge du problème du VIH/SIDA dans
la sous-région ouest-africaine.
Elle a jeté les bases d'une mobilisation de moyens financiers provenant
des institutions bancaires et le processus devra déboucher sur l'accès
aux médicaments anti-rétroviraux à toutes les populations nécessiteuses.
Les discussions devront se poursuivre sur leur coût, le contrôle
de qualité et la mise en place des filières de distribution.
La conférence a reconnu la possibilité de produire des anti- rétroviraux
en Afrique à condition d'acquérir les équipements nécessaires et
d'asseoir cette fabrication sur des bases professionnelles.
Le deuxième axe retenu est le vaccin pédiatrique, considéré comme
une priorité car, incorporé au BCG, il pourra protéger les nourrissons
depuis les première et deuxième semaine de leur naissance.
La conférence a également inclus à la ligne d'action la possibilité
de travailler en zone rurale et a noté la nécessité de la mise sur
pied d'unités mobiles en grand nombre, collaborant avec des centres
de référence.
En dehors des équipements, la conférence soutient la formation des
opérateurs pouvant travailler avec les populations rurales.
Pour ce qui est du quatrième axe, les participants à la conférence
ont relevé le besoin de formation des médecins par le recours aux
expériences déjà éprouvées d'échange de médecins entre hôpitaux
et une coopération assez forte avec l'OMS et l'ONUSIDA.
Il sera également procédé à l'identification des pays où le projet
est réalisable.
Le retard de l'Afrique en matière de recherche
A cette occasion, le ministre togolais de la Santé publique, Mme
Suzane Aho, a mis en exergue le retard accusé par l'Afrique dans
le domaine de la recherche sur le VIH/SIDA à cause du manque de
moyens financiers, car, a-t-elle indiqué, le continent bénéficie
de moins de 2 pour cent des ressources allouées à la recherche sur
le SIDA.
Elle s'est dit confiante que la présente conférence porte les germes
d'une solution tant attendue dans ce domaine.
De son côté, le président de la BOAD, Yayi Boni, a justifié l'implication
de son institution dans le domaine sanitaire par la fait que le
VIH/SIDA détruit les bras valides devant pérenniser les actions
de développement financées par son institution financière.
Il a révélé que la BOAD a placé l'année 2004 sous le signe de la
lutte contre la VIH/SIDA.
Dans leurs communications, les Prs Luc Montagnier et Vittorio Colizzi
ont parlé respectivement de la "coopération sous- régionale et les
innovations thérapeutiques pour lutter contre le VIH/SIDA en Afrique",
de même que "la coopération et les interactions entre chercheurs
africains et européens pour la promotion de la recherche scientifique
dans la lutte contre le SIDA".
Ils ont reconnu que la mise au point d'un vaccin est possible,
mais que l'Afrique doit s'impliquer pour que les spécificités des
souches africaines du virus soient isolées et prises en charge en
vue d'une meilleure organisation de la lutte.
Le Pr Montagnier a fait part des difficultés rencontrées dans la
mise au point d'un vaccin préventif, mettant l'accent sur la fabrication
de vaccins thérapeutiques.
Il a indiqué que seuls 10 pour cent des 30 millions de malades
du SIDA bénéficient d'un traitement dans le monde, soulignant la
nécessité que tous soient traités même ceux dont le cas n'est pas
encore grave et qui pourront recevoir un traitement léger et non
toxique. Le chercheur français a souligné à ce propos l'apport de
ses collègues africains qui pourront aider, selon lui, à réduire
la charge virale et renforcer le système immunitaire des personnes
infectées.
L'Afrique subsaharienne totalise à elle seule 25,300 millions de
personnes infectées par le VIH/SIDA contre 36,100 millions dans
les autres parties du monde.
Lire l'article original : http://www.republicoftogo.com/fr/news/news.asp?rubID=1&srubID=6&themeID=1&newsID=6988
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