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L'actualité de la santé en Afrique

Séparation des sœurs siamoises à Le Dantec : Une première réussie en Afrique Subsaharienne - Le soleil - Sénégal - 26/12/2003

Coumba Niang n'a jamais fait de visites prénatales. Et pourtant, elle a accouché des siamoises de la façon la plus normale au monde. Mais, il fallait la prouesse de l'équipe chirurgicale du Professeur Mamadou Ndoye de l'hôpital Le Dantec pour séparer ses deux jumelles conjointes. Ce qui fut un coup de maître pour un essai. En tout cas, une première dans la chirurgie en Afrique Subsaharienne. Deux sœurs siamoises ont été opérées avec succès le 2 décembre 2003 à l'hôpital Le Dantec de Dakar. En excellent état de santé, elles sont encore internées à l'unité de néonatologie de l'hôpital Le Dantec. Ces jumelles conjointes, nées le 26 novembre 2003 au Centre de Santé Philippe Maguilène Senghor de Yoff, étaient reliées au niveau de la région ombilico-seternale. Il fallait donc, pour cette malformation, que le Docteur Mamadou Ndoye, Professeur de Chirurgie pédiatrique qualifie de rare, séparer les foies des deux jumelles qui étaient collés, le sternum, une partie du diaphragme et l'intestin grêle.

Selon lui, les siamoises de Coumba Niang, une femme multipare âgée de 25 ans, sont des jumelles complètes. Car elles sont nées avec tous les membres et tous les organes qui avaient chacun un double. Après 25 ans de carrière, il estime qu'il est "rare de voir des jumeaux siamois complets. C'est la première fois que nous en recevons", dit-t-il.

Dès que les siamoises ont été transférées à l'hôpital Le Dantec, un bilan biologique a été réalisé. Ce qui a permis de constater : "après la radio, le scanneur, bref l'imagerie médicale faite grâce à l'appui du professeur El Hadj Niang de l'unité Radiologie que cliniquement il n'y avait pas d'autres malformations graves", explique le Pr Ndoye.

Les analyses adéquates faites, l'équipe pluridisciplinaire, qui s'est penchée sur le cas des siamoises, a estimé qu'il était possible de tenter une intervention chirurgicale en vue de séparer les deux bébés. "Une fois le bilan réalisé, nous avons discuté ensemble pour étudier la faisabilité et les conditions de réalisation de l'opération. Aussi, fallait-on déterminer qui allait s'occuper de quoi pendant l'intervention chirurgicale", affirme le chef du service de Chirurgie pédiatrique. L'opération s'est déroulée sans grande difficulté. Satisfait de la prouesse réussie par son équipe, le Pr Mamadou Ndoye déclare que la séparation des siamoises - qui fut un succès - est une première en Afrique Subsaharienne. "En Afrique du Sud, il y a eu des cas pareils, on ne sait pas trop pour l'Afrique du Nord, mais c'est la première fois qu'on réussit une telle intervention chirurgicale en Afrique de l'Ouest et du Centre", s'enorgueillit-il.

Jamais de visites prénatales

La mère des siamoises s'appelle Coumba Niang. Elle habite le quartier de Yoff-Ndénate. Agée de 25 ans, Coumba est une multipare qui a déjà 4 enfants. Selon les témoignages du Docteur Mamadou Ndoye, Professeur de Chirurgie pédiatrique, la maman est jeune et a eu une grossesse normale. Elle s'est même présentée 4 jours avant son accouchement croyant qu'elle était à terme.
Mais, la sage-femme en service lui a fait savoir qu'elle devait encore attendre. Et c'est le 26 novembre qu'elle a mis au monde ses jumelles conjointes "par voie basse, sans déchirure, sans souffrance fœtale. Les bébés ont crié juste après leur naissance. Et ils pesaient un peu plus de 5 kilos", indique le Pr Mamadou Ndoye, chef du service de Chirurgie pédiatrique de l'hôpital Le Dantec qui croyait quand il les a reçus que leur mère avait subi une césarienne au niveau même de l'hôpital. Au contraire, les siamoises ont été transférées dans les heures qui ont suivi leur naissance du Centre de Santé Philippe Senghor à Le Dantec, où elles ont été prises en charge, lui a-t-on appris. Les siamoises se portent pour l'heure comme un charme. De l'avis du Pr Ndoye : "il n'y a pas actuellement une malformation grave pouvant hypothéquer leur vie. Elles sont surtout gardées parce qu'elles ont besoin de médicaments.
C'est le service social de l'hôpital qui s'en charge, raison pour laquelle elles sont encore retenues ici. Elles sont issues d'un milieu assez pauvre, comme l'a déclaré leur mère". En tout cas, c'est des raisons liées à la pauvreté que Coumba Niang, la maman des siamoises, a avancées pour justifier qu'elle ne pouvait se permettre de payer un carnet de santé à 500 F.CFA. C'est pourquoi, elle n'a pu honorer les consultations prénatales pendant toute sa grossesse. Ce qui aurait certainement permis de déceler cette malformation à l'origine de la naissance des siamoises que le génie de l'équipe du Pr Mamadou Ndoye a permis de séparer.

Mythique de séparer des personnes collées

La séparation des siamoises de Coumba Niang a nécessité la mobilisation de 6 médecins anesthésistes-réanimateurs et 4 chirurgiens. En termes de coût, Pr Ndoye indique qu'il est difficile de chiffrer une telle opération, dans la mesure où c'est avec le matériel disponible à l'hôpital Le Dantec que son équipe a réussi cette prouesse. "Elle n'a pas nécessité un matériel particulier. S'agissant de la radiographie et des médicaments, c'est le service social de l'hôpital qui a débloqué les fonds nécessaires pour l'intervention chirurgicale. Pour l'hospitalisation, la prise en charge est assurée par le ministère de la Famille, du Développement social et de la Solidarité nationale, qui a envoyé une lettre de garantie dès qu'il fut mis au courant".

La principale difficulté inhérente à l'intervention chirurgicale est survenue lorsqu'il fallait fermer les deux ventres. "Ce qui nous a causé des soucis. Heureusement que nous l'avons réussi en recourant à la chirurgie plastique", déclare le chirurgien. Et finalement tout s'est déroulé dans les règles de l'art. Pendant les trois jours qui ont suivi l'opération, les jumelles ont été admises en réanimation. Puis, elles sont transférées à l'unité de néonatologie du service de Chirurgie pédiatrique où elles ont repris une alimentation au lait maternel, souligne le Pr Mamadou Ndoye.
L'autre difficulté était relative au déroulement même de l'opération avec le matériel qu'il fallait adapter aux bébés. Pour le Docteur Elisabeth Diouf, anesthésiste-réanimateur, il fallait être imaginatif pour parer à ce handicap. C'est le cas également de la prise en charge de la respiration avec un seul respirateur qu'il fallait alterner à tour de rôle avec le système de gaz pendant quinze minutes pour les deux bébés qui ont été endormis au même moment.

Le Professeur Mamadou Ndoye ne peut ainsi s'empêcher de dire qu'avec de petits moyens, l'on peut réaliser des choses que certains qualifient comme relevant d'un exploit ou d'un miracle. "Pourtant, cette intervention n'est rien par rapport à ce que nous faisons tous les jours", minimise le chirurgien des hôpitaux. À son avis : "c'est mythique de séparer des personnes collées, mais on réalise d'autres interventions beaucoup plus complexes que celle-là, qui ne nous a pris que 2 heures 30 minutes". Et le Pr Mamadou Ndoye d'ajouter : "il faut qu'on nous donne les moyens, car rien n'est impossible". En tout cas, cette réussite est encore une occasion pour le chef du service de Chirurgie pédiatrique de rappeler l'importance des visites prénatales. "Pour des cas pareils, aussi bien les bébés que la mère, qui a accouché par voie basse, pouvaient mourir. Alors qu'on peut les éviter pendant qu'il est encore temps".

Les malformations en question

Cette opération des siamoises de Yoff est ainsi une occasion pour le Pr Mamadou Ndoye de revenir sur les malformations qui peuvent avoir des causes directes. Pour le chirurgien des hôpitaux, un ensemble de facteurs peut les déterminer et elles peuvent survenir à différents stades de la conception à la naissance, en passant par les diverses phases de la grossesse. Tout de même, le chirurgien des hôpitaux consent à dire que trois facteurs principaux peuvent être à l'origine des malformations entre la fécondation et la naissance. Il invoque, en premier, la loi de l'hérédité, avec les facteurs héréditaires qui surviennent même avant la fécondation. C'est le cas des anomalies génétiques que porte l'un des deux parents.
Ensuite, les malformations peuvent tirer leurs sources de la fécondation avec notamment les aberrations chrosomiques qui peuvent influer sur les caractères génétiques, dont la forme peut changer. Auquel cas, on parle d'accidents de fécondation. Les mongoliens sont issus de ce type de malformations.
En dernier lieu, le Pr Mamadou Ndoye parle des facteurs exogènes qui s'étalent de la période après fécondation à la naissance. Et il range dans cette catégorie de malformations les maladies virales et parasitaires comme la rubéole et la toxoplasmose.

En dehors de ces trois grands facteurs qui peuvent avoir des incidences directes sur les malformations, le Chef du service de Chirurgie pédiatrique recommande aux femmes enceintes d'éviter les radiations potentielles sources favorisant la malformation. C'est pourquoi, on leur interdit de faire la radiographie, notamment au cours du premier trimestre de la grossesse.
Il en est de même de l'usage de certains médicaments qui ne doivent pas être prescrits aux femmes enceintes. Le Pr Ndoye cite la thalidectomide, un ancien médicament qui a fait beaucoup de ravages, parce qu'il était un facteur favorisant les malformations. Pour cette raison, il a été interdit. Il y a également la consanguinité qui potentialise le risque de malformation.

Cependant, Dr Mamadou Ndoye pense qu'il est difficile de rapporter une malformation à une cause donnée. Toutefois, il indique que plus une femme a des enfants, plus elle court le risque de mettre au monde des enfants victimes de malformation. "Plus le nombre de grossesse augmente, plus on a des chances d'avoir des enfants mal formés après 5 à 7 grossesses. C'est comme les grossesses précoces. Il n'y a pas de rapports directs, mais des études l'ont démontré", justifie-t-il.
Revenant sur la malformation à l'origine de la naissance de siamois, le Pr Mamadou Ndoye soutient que c'est un type de malformation rare. En effet, les siamois sont issus de grossesses mono ovulaires, mono chorionique, mono amnioniques. Ce qui veut dire que c'est le même œuf, donc les siamois sont toujours des jumeaux de même sexe. Sept jours après la fécondation, l'œuf doit se diviser pour donner naissance à des jumeaux. Mais, pour les siamois, la division se fait tardivement et de façon incomplète. C'est suivant l'endroit où la division de l'œuf est incomplète que les deux jumeaux ou jumelles sont rattachés, explique le Pr Mamadou Ndoye, chirurgien des hôpitaux, qui fait savoir que les premiers siamois de l'Histoire de l'Humanité seraient nés 600 ans avant Jésus-Christ. Mais les plus célèbres dont les photos ont fait le tour du monde sont Chang et Eng, des jumeaux nés à Siam (Thaïlande) en 1860, ce qui justifie le qualificatif siamois. Ils n'ont jamais été opérés et ils ont vécu pendant 62 ans l'un collé à l'autre. Chang est mort de pneumonie et son frère jumeau Eng l'a rejoint deux heures plus tard.

PAR MAÏMOUNA GUEYE

Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=33535&index__edition=10069


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