La saison des pluies favorise les fièvres et autre état
grippal. Cette saison est également propice à la multiplication
des anophèles qui transmettent l’hématozoaire, agent causal
du paludisme. Le constat d’un jeune chercheur : « La plupart des gens
ont tendance à assimiler une simple fièvre à une crise de
palu. Certes, le palu donne de la fièvre, mais une fièvre n’est
pas forcément due au palu.
Madagascar est confronté depuis des siècles aux maladies infectieuses
dont le palu qui attaque surtout les côtes et les zones intermédiaires
à moins de 1.000 m d’altitude. Mais force est de constater que des
notions élémentaires sur le palu restent obscures pour la population
voire pour des personnes que l’on croit averties ». Ce n’est
pas rare de voir des patients annoncer tout de go à leur médecin
qu’ils ont le palu et qu’il faut leur administrer de la quinine puisque
selon leurs dires, ils ont développé une résistance à
la chloroquine. Cette résistance est pourtant celle des parasites à
la chloroquine mais pas celle du malade ! Des médecins prescrivent aussi
des anti-paludiques sans une confirmation par l’examen microscopique des
frottis sanguins du patient, le seul diagnostic fiable dans la détection
du palu. Grâce à l’avancée de la science, le milieu
médical a élucidé la transmission du palu vers l’homme.
Mais pour une bonne partie de la population voire pour des agents médicaux,
des notions élémentaires sur le palu restent obscures. Ils pensent
que la piqûre de moustiques de la veille est la cause de la fièvre
du lendemain.
Ce qui est faux d’après notre interlocuteur :
« Il faut au moins une semaine entre la piqûre infectante et les premiers
symptômes du palu. Puis, seul l’anophèle est vecteur des parasites
du palu. D’autres moustiques, les Culex et Aedes, plus abondants, ne transmettent
pas les parasites du palu chez l’homme. Certaines personnes croient aussi
que la mangue que l’on mange transmet le palu. Il se peut bien que la fièvre
associée à la saison des mangues en début de saison de pluie
soit d’origine bactérienne ou virale ». Le palu est toutefois
connu des Malgaches depuis au moins 5 siècles. Trois épidémies
meurtrières ont été rapportées dans les zones des
hautes terres centrales : en 1878 à l’introduction de travailleurs
immigrés venus d’Afrique, en 1895 lors de la construction de la ligne
ferroviaire, et en 1986 suite à un relâchement de la pulvérisation
de DDT et la pénurie de chloroquine faute de financement. Le ministère
de la Santé se lance maintenant dans une nouvelle politique de lutte contre
la palu qui inclut la bithérapie dont le coût peut être 10
à 20 fois plus cher que les antipaludiques comme le PaluStop vendu à
Ar 50 par traitement depuis 2003 et Ody Tazomoka offert gratuitement dans les
centres de santé depuis 2005. Tous les ans, le pays compte 2 millions de
malades du palu, soit un traitement de 1 à 2 milliards Ariary si l’on
adopte la bithérapie. Or, on a toujours tendance à engager un traitement
pour un palu présumé et à changer de traitement pour une
question de résistance parfois exagérée. La nouvelle politique
va se heurter à tous ces problèmes non encore résolus et
ancrés dans les habitudes des gens et du milieu médical. Or, la
lutte contre le palu figure parmi les priorités de la Politique générale
de l’Etat pour 2006. D’après un chercheur malgache, traiter
le palu n’est pas difficile quand on peut se payer des médicaments
et surtout si on peut faire un diagnostic biologique. « Mais au fin fond
de la brousse et chez les pauvres, qui a de l’argent et où effectuer
un diagnostic ? ».
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