Les journées médicales, pharmaceutiques, odontologiques
et vétérinaires de Dakar, organisées par la Faculté
de Médecine depuis 1958, constituent pour les chercheurs de la communauté
scientifique francophone un cadre d’échange. Une occasion pour eux
de présenter leurs travaux à leurs collègues.
L’une des communications qui se sont déroulées mardi dernier
portait sur l’association cardiopathie (maladies du cœur) et grossesse.
Une association qui, selon le professeur Abdoul Kane qui a présenté
cette étude, comporte plusieurs risques.
Car la grossesse elle-même est une situation à risque qui entraîne
plusieurs modifications dans le fonctionnement de l’organisme.
Cette association est malheureusement très fréquente au Sénégal
et est l’une des causes principales de mortalité et de morbidité
maternelle et fœtale. L’objectif de l’étude, selon le
professeur Kane, était de déterminer le profil de la cardiaque parturiente,
d’identifier les facteurs pronostics et de dégager des stratégies
de prise en charge.
La synthèse des travaux réalisés par le Chu de Dakar, comparés
à d’autres réalisés par des équipes africaines
et occidentales a révélé que la parturiente atteinte de cardiopathie
a entre 25 et 30 ans et est souvent d’un bas niveau socio-économique.
Quant au taux de mortalité, il est de 20 %.
Dans son étude, le Pr. Abdoul Kane a remarqué que la cardiopathie
rhumatismale représente 80 % des cas rencontrés. En Occident, bien
que les cardiopathies, en général, constituent toujours 15 % de
la mortalité maternelle, l’association cardiopathie rhumatismale
et grossesse est très rare. La cardiopathie rhumatismale résulte
d’une angine de poitrine contractée durant l’enfance et qui
n’a pas été soignée. Les séquelles n’apparaissent
qu’au bout de cinq à quinze ans.
Les conséquences, pour la femme enceinte, sont les risques de décès
(6 à 20 %). Quant à l’enfant, il risque de naître prématuré
ou avec un poids très faible ou de décéder (8 à 15
%).
Les médicaments pris peuvent être fatal aussi bien pour la mère
que pour le fœtus. Aussi l’intervention chirurgicale demeure-t-elle
la solution la plus radicale. Mais, le montant global des frais qui va de 2,5
à 10 millions n’est pas à la portée de la plupart des
malades.
En ce qui concerne la contraception, la ligature des trompes est la mieux adaptée
en raison des risques liés à l’utilisation de certains contraceptifs,
mais elle est souvent mal acceptée. En pratique, seuls 8 % des cardiaques
en activité génitale sont sous contraception (parfois inadaptée).
Seul un tiers, par contre, accepte la ligature des trompes.
Un des facteurs aggravant de cette association est lié au manque d’éducation
des patientes par rapport à cette maladie. Souvent, elle n’est connue
que lors de la première grossesse, alors que la patiente la traîne
depuis des années.
Les éléments de stratégie proposée par le professeur
Kane consistent, avant la conception, à stabiliser le statut maternel en
optimisant la prise en charge médicale, (traitement chirurgical ou technologique)
et en planifiant les naissances, à respecter les contre-indications et
à minimiser le risque de transmission fœtal. Pendant la grossesse,
il préconise, entre autres, la gestion des médicaments, la surveillance
surtout durant les périodes à risque comme à l’accouchement.
Salimata Gassama Dia (stagiaire)
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