Jeudi 17 novembre, jour de baptême. Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Kati qui porte, désormais, le nom du défunt Pr Bocar Sidy Sall, ancien directeur général de l’établissement hospitalier (1975-1989) et émérite chirurgien traumatologue orthopédiste, revêt ses plus beaux atours pour accueillir les invités, y compris l’épouse à l’expression placide, frères et enfants de cette ancienne figure de proue de la médecine, dans notre pays.

Des hôtesses drapées dans des tee-shirts à l’effigie du Pr Sall, accueillent les invités sur fond de notes de la kora de l’artiste Fodé Kouyaté (lui-même s’est éteint, il y a quelques années). Les blouses blanches sont rares. Le gros des invités ayant troqué son uniforme de médecin contre la tenue de ville. L’ancien directeur général de l’hôpital de Kati, Dr Alioune Doumbia, fait partie des invités de marque. Une cohorte de travailleurs qu’on peut estimer à une vingtaine voire plus, s’empresse de le saluer comme pour le remercier des multiples efforts de modernisation accomplis sous sa direction et le management de qualité dont il a fait montre. Par ailleurs, vigiles et policiers veillent au grain. Ils dissuadent motocyclistes et autres usagers indisciplinés qui tentent de forcer le passage. Sur ces entrefaites, l’hôpital qui se dresse fièrement à l’entrée de Kati et qui ouvre sur l’infirmerie de garnison militaire continue d’accueillir les hôtes. Le Pr Ali Nouhoun Diallo, compagnon de Bocar Sidy Sall, arrive en toge et s’installe aux premières loges puis suit un ballet d’invités de marque (anciens ministres, conseiller spécial à la présidence, anciens diplomates et élus, entre autres).

Des têtes couronnées de la médecine, dans notre pays, notamment les professeurs Sambou Soumaré, un as du bistouri, Abdou Touré, traumatologue qui fait autorité dans sa discipline, Boubacar Sidiki Cissé, ancien recteur de l’université, Saïbou Maiga, pharmacien à l’expertisé avérée, Sadio Yena, chirurgien thoracique précurseur de cette discipline dans notre pays, Ousmane Faye, vice-doyen de la Faculté de Médecine et d’Odonto-Stomatologie (FMOS), Idy Cissé rhumatologue et directeurs des autres établissements hospitaliers (Dr Mamadou Adama Kané de l’hôpital du Mali, Mamadou Sory Dembélé de l’IOTA et la directrice générale adjointe de l’hôpital de Kati Mme Cissé Salimata Samaké), sont aussi de la fête. La fanfare également est au rendez-vous. Elle entonne ses premières notes pour accueillir le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Mme Togo Marie Madeleine Togo, élégamment mise. C’est dans cette ambiance de kermesse que se déroulera la cérémonie solennelle de baptême de l’hôpital de Kati. Que la fête comme ! Les intervenants se succèdent au pupitre. Les uns magnifient les qualités d’homme de science du Pr Bocar Sidy Sall qui a parfois repoussé les limites de sa discipline quand il s’est agi de sauver des vies. Les autres ont simplement évoqué les vertus morales que l’illustre disparu a partagées avec des générations de médecins qu’il a eus comme étudiants ou pris sous son aile. Le maire de Kati, Hamalla Haïdara, rappelle le prestige de l’établissement hospitalier. Il souligne que Kati qui abrite l’hôpital Bocar Sidy Sall, émane de la contraction de « katigelen », prosaïquement hommes têtus. Pour le directeur général de l’établissement, Dr Mamadou Sogoba, la cérémonie de baptême marquera une phase décisive dans la vie de l’hôpital situé à 15 km de la capitale. Il soulignera que son établissement hospitalier bâti sur 2 hectares, dispose de 12 services et emploie 229 agents.

L’hôpital est devenu un CHU en décembre 2006 avant de noter que le Pr Sall avait su imposer la traumatologie dans cet établissement de 3è référence. Les témoignages se poursuivent. Ousmane Sall, frère cadet de Bocar, se présente la voix étreinte par l’émotion. « S’il est vrai que le Pr Sall aimait son métier pour lequel il s’est donné, s’il est vrai qu’il a consacré des années au service des malades, le chef de l’Etat lui en a su gré », dira-t-il. Pour lui, son aîné fut le pionnier dans la pratique de la chirurgie traumatologique et orthopédique. « Homme affable, il était plein d’humilité et s’attachait à la prise en charge des plus démunis, jusqu’à leur retour au village », relève-t-il. Le Pr Abdou Touré partage aussi brièvement son point de vue sur l’homme puis Mamadou Tiéoulé Konaté, porte-parole des enfants, neveux et petits fils de Bocar Sidy Sall. Ce dernier témoigne de sa reconnaissance aux autorités qui ont décidé d’honorer la mémoire du Pr Sall. « Plus qu’un père, il restera pour nous un modèle, une référence et un pilier. Du haut de sa grande taille, le professeur a pourtant su se mettre à la hauteur des plus petits et des plus fragiles de notre société ». Le conseiller spécial du président indiquera que derrière un caractère bien trempé, Bocar Sall a été un excellent chirurgien, non seulement par ses aptitudes mais aussi par ses qualités humaines, caractérisées par une grande humilité et le respect de l’autre a expliqué. « Cher tonton, là où était la haine, tu a mis l’amour et la tolérance. Là où était l’offense tu as mis le pardon. Là où était la distance, tu as rassemblé. Là où était l’erreur tu as su dire la vérité. Là où était le doute, tu as pris la décision. Là où était le désespoir tu as dis ça gaze, selon ton expression favorite », a rappelé Mamadou Tiéoulé Konaté. Enfin, c’est le tour de Mme le ministre de s’adresse au public. Elle rend hommage au chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita dont le sens élevé de la reconnaissance du mérite a permis que ce jour soit. Selon elle, le président de la République l’a fait pour que cela soit une source d’inspiration pour toute la famille médicale. Elle rappelle aussi la symbolique de l’évènement. « Le baptême d’un établissement est un moment important car il s’agit de le distinguer des lieux. Mais au-delà, cette identification affirme des valeurs par le prisme du nom qu’on lui attache et qui renvoie à une personnalité au parcours singulier, exceptionnel et aux engagements exemplaires ». Fin des interventions. L’écriteau est dévoilé par le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique après la coupure symbolique du ruban. Une courte visite des lieux s’en suit. Les hôtes se rendent aux services de chirurgie, cardiologie et médecine qui porteront le nom de feu Abdoulaye Sissoko, (lui aussi ancien directeur de l’hôpital) et le pavillon postopératoire B, baptisé Albatour Haïdara, une technicienne de santé qui a consacré plus de trente ans (1978-2009) de sa carrière au service de l’établissement.

B. DOUMBIA

Lire l'article original