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Revue de presse de Santé tropicale

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Hépatites virales : le dépistage ou la mort

Sidwaya | Burkina Faso | 28/08/2018 | Lire l'article original

Les hépatites virales constituent de nos jours un problème de santé publique dans les pays en développement. Au Burkina Faso, les hépatites B et C font régulièrement des victimes. Les chiffres hospitaliers affichent plus de 2 400 000 personnes infectées. Pendant qu’un plan stratégique de lutte tarde à voir le jour, les malades sont laissés à eux-mêmes.

Tégawendé Ouédraogo (nom d’emprunt) est en classe de Terminale. Des problèmes de santé l’ont éloigné des salles de classe, quatre années durant (2013-2016). Agé de 26 ans, il décide de se réinscrire en cours du soir après avoir recouvré la santé. En fin décembre 2017, lors d’une causerie dans son « grin » (endroit où les jeunes se retrouvent autour du thé), son ami l’informe qu’un test de dépistage des hépatites a lieu dans l’enceinte de l’Ecole nationale de santé publique (ENSP) à Ouagadougou. Son compagnon ayant été dépisté négatif, Tégawendé voit une opportunité de connaître sa sérologie, surtout que le coût de l’opération est abordable (2000 francs CFA). Confiant, il se rend immédiatement sur les lieux, la veille de la fête de Noël. Une fois le prélèvement sanguin réalisé, son assurance va voler en éclat, une trentaine de minutes plus tard. « On m’a fait savoir que mon résultat est positif et que j’ai le virus de l’hépatite B », susurre-t-il, l’air triste. Sur-le-champ, il dit avoir eu des vertiges, car n’imaginant pas une telle nouvelle à ce stade de sa vie.

Il venait certes, de sortir d’une longue maladie qualifiée de « mystique », puisque les diagnostics faits au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Ghana n’ont rien révélé d’anormal. « J’avais le sentiment amer que le sort s’acharnait contre moi. Ne connaissant pas grand-chose de l’hépatite B, j’étais à présent convaincu d’en mourir », se souvient le jeune homme. Tégawendé tombe malade pendant deux mois, puisqu’ il ne dormait presque plus. « Je me suis demandé pourquoi c’est moi? Pourquoi Dieu peut-il me faire ça ? », relate-t-il, l’air songeur. Il regrette s’être prêté au dépistage. Car, estime-t-il, il aurait mieux fallu ne rien savoir. Pour ce jeune sans emploi, il ne peut compter que sur quelques bonnes volontés pour honorer ses onéreuses ordonnances. « Je n’ai même pas pu faire la moitié des examens dont le coût total s’élevait à près de 100 000 francs CFA », admet Tégawendé. Mais, après ces quelques examens, il est rassuré par les agents de santé. Son foie est intact et n’a aucun autre souci de santé. Il doit « juste » faire des contrôles chaque semestre ou chaque année.

Un déficit d’informations

Autre histoire, même réalité. Claire Hortense Sanon est technicienne supérieure de sport et maître de motricité dans une école maternelle de la capitale. En 1998, elle se porte volontiers pour donner son sang à la banque de sang de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo. C’est là qu’elle sera informée qu’elle est infectée par le virus de l’hépatite B. Agée d’une trentaine d’années à l’époque, elle tente de comprendre en vain ce dont elle souffrait, puisqu’elle ne connaissait pas la maladie. Les agents de santé ayant peu d’informations sur cette pathologie lui font savoir seulement qu’elle souffre d’une maladie incurable dont la prise en charge ne peut se faire à l’hôpital. Affligée et abandonnée à elle-même, un agent de santé lui propose un traitement traditionnel. La boîte des décoctions coûtait 7000 francs CFA. Pour sa guérison complète, il l’informe que plusieurs boîtes sont nécessaires. Etant au chômage, elle ne pouvait se procurer la moindre boîte. Elle est alors contrainte d’abandonner cette thérapie. « J’étais choquée. Que faire quand la médecine moderne se dit impuissante à vous débarrasser d’un virus dangereux ? », s’interroge Mme Sanon. Elle restera sans aucun soin de 1998 à 2011, année à laquelle elle intègre l’Association SOS Hépatite Burkina, comme chargée de communication. Son salut viendra du fait qu’elle est déclarée « porteuse inactive », c’est-à-dire que le virus présent dans son organisme n’est pas agressif. Travaillant au sein de l’association, elle décide de faire dépister tous les membres de sa famille. Cet exercice a permis de détecter le virus chez l’un des siens, avec également un cas qualifié d’« inactif ». Aujourd’hui, Dame Claire dit vivre heureuse comme tout le monde.

« La vie est trop courte… »

Si certains malades sont des porteurs inactifs, ce n’est pas le cas de I.S., cadre de banque, âgé d’une cinquante d’années et atteint d’un cancer du foie dû à l’hépatite B. Il dit avoir connu sa situation en 2004, lors d’une hospitalisation. « J’ai passé plusieurs examens sanguins qui n’ont rien révélé. Mon docteur traitant m’a alors proposé de faire un test VHB. C’est là qu’il m’a informé que j’avais le virus de l’hépatite B », confesse le cinquantenaire. Compte tenu de l’ignorance, ses parents, ses amis et certaines connaissances ont tout de suite fait le lien entre sa maladie dite « incurable » et le VIH-SIDA.
Victime de stigmatisation, il révèle : « Je jouais aux dames chaque weekend avec mes amis. Quand ils ont su que je suis malade, ils ont déserté les lieux. J’ai même entendu que j’avais le SIDA. Ce sont des choses qui choquent quand vous vivez en communauté et êtes malade », se rappelle cet ancien fumeur. Même si aujourd’hui, il souffre du cancer du foie, il parvient grâce à sa situation financière à faire face à plusieurs examens. « Il faut que les jeunes sachent que la vie est trop courte. S’adonner à l’alcool et au sexe ne fait pas avancer. Tu peux aussi bien te comporter dans ta jeunesse, mais te faire infecter par une maladie pareille. J’ai la chance d’être toujours en vie, même si je sais ce qui m’attend et je les conseille d’adopter une hygiène de vie saine et stable », conseille-t-il.

Définies comme étant une inflammation du foie due à des virus, à l’alcool ou aux médicaments, les hépatites constituent un problème majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Selon les données statistiques de l’Organisation mondiale de la santé, en fin 2015, il y avait environ 325 millions de personnes vivant avec une hépatite chronique, c’est-à-dire porteuses du virus dans leur organisme au-delà de six mois. Au cours de la même année, l’on estimait dans le monde à 257 millions, le nombre de personnes qui vivaient avec le virus de l’hépatite B (VHB) et 71 millions, celles vivant avec celui de l’hépatite C (VHC). Dans ce lot, 1,34 million de malades sont décédés.

Une prévalence de 8 à 15% au Burkina

Au Burkina Faso, le chef du département hépato gastro-entérologie du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), Pr Alain Bougouma, par ailleurs Pr titulaire d’hépato-gastro-entérologie à l’UFR SDS de l’Université Ouaga 1 Pr Joseph-Ki-Zerbo et président de la Société burkinabè d’hépato gastroentérologie et d’endoscopie digestive (SO.BU.H.GE.E.D), renseigne que l’hépatite C est plus prédominante dans la région du Sud-Ouest où la prévalence est à un peu plus de 13%, suivi de celle des Cascades avec un peu plus de 6%. « Les études disponibles sont des statistiques hospitalières ou des données parcellaires, ciblées, par exemple chez les femmes enceintes, les donneurs de sang, les dialysés, les prisonniers, les travailleuses du sexe, les élèves et étudiants… », précise Pr Bougouma. Toutefois, le spécialiste affirme que l’hépatite B est endémique au « pays des Hommes intègres ». Pour preuve, il confie que la prévalence est estimée entre 8 à 15% au Burkina. Le pays se situe donc dans la zone de haute endémicité de l’infection sur le plan mondial en compagnie des pays d’Afrique de l’Ouest, d’Asie du Sud-Est, et d’Amérique latine.

« En 2000, on estimait la prévalence à 10,7%, 11,7% en 2002, 9,6% en 2006, 11,4% en 2009 et 14,4% en 2014 », étaye-t-il. C’est pourquoi, il appelle à une réaction rapide face à ce virus qui évolue à bas bruit. « Nous voyons et côtoyons les patients dans leur misère morale, financière et psychologique. Ce n’est pas tenable. Si vous êtes dans le service et voyez les patients hospitalisés, dans les 2/3 des cas, c’est pour le cancer du foie ou la cirrhose. C’est un drame », regrette le médecin spécialiste.

Il souligne que les malades meurent dans le silence total. Puisqu’à l’écouter, la majorité d’entre eux arrive quand le pronostic vital est engagé ou au stade terminal. « Le malade au stade terminal vous arrive complètement décharné, fatigué, avec un gros ventre, un ventre déformé par le foie qui a tellement grossi et des jambes grêles. Quand nous expliquons la situation aux parents, beaucoup préfèrent repartir avec leur malade une fois qu’on le stabilise, que de rester à l’hôpital, dépenser beaucoup d’argent pour quelqu’un qui va mourir certainement », déplore l’hépato gastroentérologue. Pour lui, ces situations s’expliquent par le fait que les gens découvrent tard leur sérologie. D’où l’intérêt du dépistage. Il admet qu’informer une personne de sa sérologie n’est d’ailleurs pas chose aisée pour l’agent de santé et pour l’intéressé.

Il faut trouver les mots idoines, donner l’information vraie avec un langage adapté à la cible, contredire les fausses informations reçues de l’entourage et donner l’espoir au patient tout en étant véridique. « Récemment, deux personnes ont été admises au service de psychiatrie, parce qu’elles venaient d’apprendre leur sérologie positive au VHB », atteste le professeur titulaire. De ses dires, il faut agir urgemment à cause des modes de transmission qui sont verticaux et horizontaux. Le mode vertical est la transmission de la mère à l’enfant et l’horizontal, la transmission entre individus, à travers, entre autres, les rapports sexuels non protégés, l’excision, la circoncision de façon traditionnelle, les tatouages, les manucures-pédicures, l’usage de drogues intraveineuses, l’utilisation de matériel médical souillé, la transfusion insuffisamment testée, et les scarifications rituelles ou à but thérapeutique traditionnelle. « Vous imaginez qu’une maman infectée peut transmettre le virus à ses enfants ou au cours de la grossesse ou de l’accouchement, et qui feront dans ce cas un cancer du foie entre 25 et 30 ans. Si nous devons faire des plans de développement de nos pays avec des gens qui vont mourir à la fleur de l’âge, quel développement peut-on planifier ? », s’interroge le Pr, d’un ton de désespoir.

Réduire le coût du traitement

Une autre situation difficile à laquelle font face les malades de l’hépatite est la prise en charge. Tégawendé Ouédraogo et Claire Hortense Sanon, comme la plupart des malades d’ailleurs, peinent à réaliser tous les examens demandés, à cause de leur cherté. Pour l’hépatite C, le traitement de trois mois avoisine les 1000 000 francs CFA, foi du Pr Alain Bougouma. Dans le cas de l’hépatite B, poursuit-il, le malade doit débourser mensuellement environ 2 400 francs CFA pour se procurer la boîte de 32 comprimés. A cela, s’ajoutent d’autres examens comme la charge virale qui coûte entre 25 000 et 50 000 F CFA par semestre, les transaminases (enzymes présentes à l’intérieur des cellules, en particulier au niveau du foie et des muscles) tous les six mois, l’échographie, et le fibroscan (un examen qui consiste à quantifier la fibrose du foie en déterminant la dureté du tissu hépatique, de même que la stéatose). « Il est très difficile pour le malade d’assurer tout seul ces frais. Par manque de moyens aussi, les associations ne peuvent pas », soutient la présidente de l’Association SOS Hépatite-Burkina, Justine Yara. Aussi, les campagnes de dépistage massif ou de sensibilisation, poursuit-elle, nécessitent des ressources financières importantes. « Le gouvernement doit prendre l’hépatite B et C au sérieux, parce que la situation est grave. A chaque campagne que nous organisons, ce sont des dizaines de cas que nous détectons. Le mal est donc profond », ajoute-t-elle. Mme Yara révèle que les différentes campagnes de dépistages organisées par son association ont permis de déceler plus de 300 personnes positives. Elle souligne aussi, que beaucoup de personnes refusent de faire le test de dépistage et d’autres de s’afficher lors des causeries de groupe, au risque de croiser une connaissance. « Cela veut dire que les gens ont toujours peur à cause de la stigmatisation. Certains disent que l’hépatite est le grand frère du SIDA », argue-t-elle. Pourtant, elle estime que le vrai problème est de vivre sans savoir que l’on a l’hépatite. « Mieux vaut savoir et prendre ses précautions », conseille-t-elle.

Du côté du ministère de la Santé, les lignes bougent, assure le chargé de la lutte contre les hépatites, Dr Paulin Somda. Il annonce qu’une convention a été signée, le 20 juillet 2018, avec un laboratoire (Mylan) pour ramener les coûts du traitement de l’hépatite C autour de 200 000 francs CFA. Cela prendra en compte deux charges virales, détaille Dr Somda. Il précise que ce projet démarrera dans le Sud-Ouest avant de s’étendre à l’ensemble des autres régions du Burkina. Quant au Plan stratégique national de lutte contre les hépatites, Dr Paulin Somda indique qu’il a été adopté, le 4 juillet 2017, pour une durée de cinq ans. D’un coût d’environ 5,6 milliards de francs CFA, il avoue qu’il n’y a pas de fonds mobilisés pour cela spécifiquement. « Il n’y a pas encore une ligne budgétaire au ministère pour les hépatites. Puisque le ministère de l’Economie, des Finances et du Développement doit donner son quitus avant la mise en œuvre du plan stratégique. Il nous a été demandé de faire un rapport des activités menées en 2017 et en 2018. Nous préparons ce rapport pour le soumettre en Conseil des ministres », explique le chargé de la lutte contre les hépatites. Par ailleurs, en raison de la transmission mère-enfant, Dr Somda annonce que des réflexions sont en cours pour ramener la vaccination à la naissance au lieu d’attendre la 8e semaine comme prévu dans le Programme élargi de vaccination.
En attendant, tous les professionnels de santé, les associations qui mènent les sensibilisations recommandent à tout le monde, le dépistage précoce.

Pr Alain Bougouma, hépato gastroentérologue : « Dans 90% des cas, l’hépatite B n’a aucun signe »

« Il y a cinq types d’hépatites virales : A, B, C, D et E. Pour l’hépatite A, on guérit seul sans traitement et sans séquelle. On estime qu’en Afrique, à 20 ans, tous les enfants et les adolescents ont eu l’hépatite A, puisque la transmission est féco-orale à travers les aliments souillés par les malades, les eaux et les légumes. Dans certains cas, l’on a la jaunisse, dans d’autres, c’est comme le paludisme. Les hépatites B et C nous causent beaucoup de problèmes. Normalement, pour un individu dont le matériel immunitaire est consistant, il peut en guérir. L’organisme élimine seul son virus au bout de 8 à 12 semaines. Il peut ne pas savoir. Il pensera à un paludisme simple. Parce que dans 90% des cas, l’hépatite B n’a aucun signe. La personne infectée ne ressentira que des douleurs articulaires, des maux de tête, et des démangeaisons parfois. Et du coup, quand on n’a plus de signe, l’on pense à une guérison sans savoir que l’on est en train de développer une hépatite chronique. Si le virus n’est pas détruit après 6 mois, il évolue vers la phase chronique active ou inactive. Il arrive des fois que le malade de l’hépatite B fasse une séroconversion. C’est-à-dire qu’il peut garder le virus dans son organisme jusqu’à un certain temps et l’éliminer. Il faut préciser que l’hépatite B a un vaccin disponible partout à un coût variant entre 6500 et 8000 francs CFA. Pour l’hépatite C, on peut en guérir normalement si l’organisme fonctionne bien. Dans d’autres cas, vous évoluez vers une chronicité qui nécessitera un traitement. Après un traitement en moyenne de trois mois, vous pouvez en guérir. Pour l’hépatite D, il n’existe qu’avec le B. Donc si vous n’avez pas l’hépatite B, il n’y a pas de D. L’hépatite E est comme le A ».

G.B

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