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L'essor | Mali | 01/07/2019 | Lire l'article original
Les populations utilisent souvent les récipients des pesticides pour les activités de la vie courante. Il s’agit de bidons utilisés pour conserver l’eau de boisson, le lait, l’huile pour la cuisine, de sacs d’engrais utilisés pour conserver les céréales. L’exposition orale à un cocktail de pesticides provoquerait des perturbations métaboliques et conduirait à l’obésité et au diabète, entre autres.
Une étude publiée l’année dernière par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) en France, en partenariat avec l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) dans le même pays, confirme une causalité entre consommation de pesticides par voie alimentaire et développement du diabète de type 2 ou encore survenue de surpoids. D’autres rapports scientifiques publiés dans le monde prouveraient la même chose.
Un constat empirique du médecin chef du Centre de santé de référence de Dioïla, Dr Moussa Bagayogo, étaie un peu la même thèse. Selon le médecin, c’est une réalité à explorer mais surtout à prendre en compte en milieu rural dans notre pays. Le praticien invite les chercheurs maliens à engager la réflexion sur la question. Il révèle aussi que dans la localité susmentionnée, les contrôles de routine des taux de glycémie chez des patients reçus en consultations médicales, révèlent de plus en plus le diabète, notamment celui de type II, chez des agriculteurs, singulièrement les éleveurs et les cotonculteurs. Les données recueillies par le Centre de santé de référence de Dioïla sont assez intéressantes. Même si elles ne permettent pas d’exclure l’effet des autres polluants, on constate des liens apparents entre certaines pratiques (utilisation de pesticides, rôle de pulvérisateur des champs de coton) et taux de glycémie supérieurs à la norme.
A en croire Dr Moussa Bagayogo, depuis 2014 son centre constate que le diabète est de plus en plus un fréquent motif de consultation. Les agriculteurs et surtout les bergers viennent au Centre de santé de référence pour le dépistage de cette pathologie chronique.
En 2018, le Centre de santé de réfrence de Dioïla s’est intéressé au mode de vie de certains patients chez qui, on retrouvait le même dénominateur commun (diabète). Des enquêtes et interrogatoires attestent que tous avaient eu recours aux pesticides en faisant fi des recommandations des services techniques. D’autres avaient utilisé des anciens recipients de pesticides pour certains besoins familiaux. Or, ces pratiques sont déconseillées par les spécialistes, y compris les médecins.
Il faut noter aussi que les pesticides sont vendus à ciel ouvert dans les foires sous le soleil. A ce propos, le médecin chef du Csref a souligné que ces pesticides sont pour une bonne partie, importés frauduleusement et vendus à vil prix. Ce qui doit conduire à s’interroger sur la qualité et la nocivité de ces produits.
Pour notre interlocuteur, une maladie métabolique est un trouble médical qui affecte le fonctionnement du corps, en particulier la production de l’énergie nécessaire. La plupart des maladies métaboliques sont congénitales, bien qu’un nombre de plus en plus important d’entre elles soient acquises du fait d’un régime alimentaire inadéquat, de la consommation de toxines (comme celles contenues dans les pesticides), ou d’infections.
Le toubib déclare que l’utilisation des pesticides n’est pas sans danger pour la santé humaine. Il souligne que des efforts ont été consentis pour la disponibilité et l’utilisation des intrants agricoles modernes, y compris les pesticides, mais les acteurs ont peu pris en compte les risques encourus. En témoigne les nombreux cas d’intoxications aiguës enregistrés ainsi que les facteurs associés. En plus de la mauvaise utilisation des intrants (surexposition aux produits, l’utilisation de doses supérieures aux normes admises), les populations utilisent largement les récipients des pesticides pour les activités de la vie courante. Il s’agit de bidons utilisés pour conserver l’eau de boisson, le lait, l’huile pour la cuisine, de sacs d’engrais utilisés pour conserver les céréales. Ces pratiques néfastes sont ressorties dans plusieurs études scientifiques qui ont pu établir des liens entre les maladies métaboliques (obésité, diabète de type II, maladies cardio-vasculaires), et l’utilisation des pesticides à une certaine dose. Dr Moussa Bagayogo estime que des études plus poussées sont nécessaires pour établir des liens de causalité irréfutables avec nos constats et conclusions des études dans des environnements plus respectueux des normes établies.
Il recommande également, aux autorités sanitaires, un renforcement de la sensibilisation des populations et des décideurs pour une plus grande prudence quant à l’utilisation des pesticides car des effets, à long terme, nocifs pour la santé sont probables, l’utilisation adéquate des pesticides en ciblant la réduction des pratiques inadéquates qui amplifient la contamination tant de l’environnement que des humains. Il conseille aussi une réduction de l’exposition par l’adoption des mesures sécuritaires lors de la manipulation des pesticides afin de réduire la contamination de l’environnement et des humains, le respect rigoureux de la règlementation en vigueur et l’application de sanction pour les contrevenants aux interdictions et le contrôle rigoureux de l’importation des pesticides dans notre pays.
Selon lui, il faut « l’exploration par les décideurs d’alternatives sécuritaires de prévention des maladies vectorielles et de protection des cultures tout en visant à la fois l’optimisation des rendements et la protection des humains et leur environnement des effets néfastes des produits chimiques ».
Il explique aussi que la réduction des apports énergétiques visant la réduction du poids ainsi que l’augmentation de la dépense énergétique par l’activité physique constituent les principales stratégies reconnues pour leur efficacité dans la prévention du diabète.
En outre, souligne le médecin, une alimentation équilibrée ainsi que l’activité physique contribuent à améliorer le métabolisme et prévenir le diabète.
Fatoumata Napho
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