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La prospérité | Congo-Kinshasa | 09/12/2019 | Lire l'article original
Il s'est tenu à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 2 décembre 2019, un colloque destiné à maximiser des fonds pour appuyer la recherche et prévenir d'autres épidémies dévastatrices sur le continent africain. Le thème retenu était «Afrique contre Ebola : Forum du secteur Privé et des Partenaires».
Présent à ces assises, le virologue congolais Jean-Jacques Muyembe Tamfum est intervenu sur la tribune pour présenter les avancées de la lutte contre Ebola et soutenir ce plaidoyer. A cette occasion, il a annoncé que la maladie à virus Ebola est désormais guérissable par un traitement spécifique et sera bientôt une maladie évitable par la vaccination spécifique. Pour cela, il a sollicité des fonds pour appuyer cette lutte.
C'est, en effet, une bonne nouvelle. Désormais, Ebola est guérissable grâce à un traitement spécifique et sera bientôt une maladie évitable par la vaccination spécifique. "Si nos pays se préparent et renforcent leurs systèmes de santé, les épidémies de MVE seront détectées à temps, la riposte sera vite mise en place et l'épidémie sera étouffée dans l'œuf, comme c'était le cas à Goma et à Mwenga", a laissé entendre Jean-Jacques Muyembe.
Le virologue congolais a souligné que l'épidémie de la MVE au Nord Kivu et Ituri n'est pas encore terminée et les menaces d'expansion dans les pays voisins sont encore là. "Nous sommes à deux doigts de la fin. Mais, il y a encore beaucoup d'embuches sur notre chemin dont l'insécurité et l'insuffisance de financement".
Comme pistes de solution, Jean-Jacques Muyembe propose pour cela l'installation des laboratoires mobiles dans les chefs-lieux des provinces de la RDC, la création d'un centre d'excellence Ebola en RDC dans les nouvelles installations de l'INRB, qui aura comme objectifs la formation, le recyclage, le diagnostic, le séquençage et la recherche, qui contribuera de façon significative à la préparation des pays de la région à la riposte efficace contre la MVE et d'autres maladies meurtrières qui sévissent à l'état endémo-épidémique dans les pays des bassins du Congo et du Nil.
Des mesures fortes
Au cours de ce colloque, Jean-Jacques Muyembe, président de la commission Multisectoriel de la Riposte à la Maladie à virus Ebola, a salué l'initiative de la commission de l'Union Africaine, qui a décidé de lever des fonds pour la lutte et la recherche sur Ebola en RDC. Il a relevé que la RDC est aujourd'hui à sa 10ème épidémie, déclarée depuis le mois d'août 2018.
Les neufs premières épidémies, explique-t-il, survenues à l'Ouest du pays, ont été maîtrisées en moins de quatre mois, en appliquant de simples mesures de santé publique. "Ces épidémies ont toutes été contenues à leur épicentre sans propagation, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur du pays", ajoute-t-il.
Parmi les mesures prises par la santé publique pour maîtriser ces épidémies, Jean-Jacques Muyembe cite, entre autres, l'isolement des patients, la protection du personnel soignant, le suivi des contacts identifiés, la sensibilisation des populations et l'inhumation sécurisée des cadavres.
En outre, le virologue congolais a souligné que la dixième épidémie en cours, qui a déjà fait plus de 3000 cas, sévit pour la première fois à l'Est du pays, dans deux régions de conflits armés et de forte densité de population constamment en mouvement. L'insécurité persistante et le faible engagement des communautés des deux provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri non préparées à affronter ce virus sont, à en croire le professeur, parmi les deux goulots d'étranglement majeurs qui expliquent pourquoi le virus Ebola persiste toujours.
Jean-Jacques Muyembe a rappelé la récente déclaration de l'OMS qui faisait de cette épidémie une urgence de santé Publique de portée internationale. A cet effet, la riposte à la MVE a été ramenée à la présidence de la République au sein d'un comité Multisectoriel de la riposte à la MVE dont il est secrétaire technique, et qui comprennent différents ministères en charge de la santé, de la sécurité, de la défense, du budget, du social, et tant d'autres.
Depuis lors, affirme le virologue, le nombre des cas dans les anciens foyers de Béni, Mangina et Butembo au Nord-Kivu a fortement régressé, les hotspots persistant seulement dans l'Ituri, notamment à Lwemba. Par ailleurs, de nouveaux foyers apparus à Goma, au Nord-Kivu, et à Mwenga, au Sud-Kivu, avec le risque de propagation à Bukavu, chef-lieu de la province, ont été placés définitivement sous contrôle.
Bonne régression du virus
Ensemble avec l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et le Sud-Soudan, le comité multisectoriel développe des activités de préparation et de sécurisation des points d'entrée. D'autres indicateurs sont au vert, indique Jean-Jacques Muyembe. "La proportion de décès Ebola à domicile a chuté de 50 à 20% en septembre. Le pourcentage de cas Ebola sans contacts connus est également en forte baisse, tout comme la proportion d'infections acquises dans les structures de soins dans les communautés. De 90 cas par semaine et de 15 cas par jour en mi-juillet, nous sommes passés à moins de 10 cas par semaine et 0 à 3 cas par jour. Le nombre de provinces actives est passé de 3 [Nord Kivu, Ituri et Sud Kivu], à 1 province [Ituri]. Les zones de santé touchées sont passées de 29 à 6 zones actives".
L'épidémie se concentre actuellement dans l'aire de santé de Lwemba où il y a encore de la résistance et de l'insécurité.
En février prochain, le virologue projette d'organiser, lors de l'inauguration des laboratoires de sécurité P3, le premier atelier international de formation sur Ebola, en partenariat avec Africa CDC. Il compte, pour cela, sur le soutien de l'Union Africaine.
Par Dorcas Nzumea
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