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Agence Presse Sénégalaise | Sénégal | 07/01/2020 | Lire l'article original
Thiès - Un projet conjoint de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar et du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) envisage d'utiliser pour la première fois la génomique pour surveiller et prendre en charge le paludisme, grâce à une cartographie des gènes des parasites responsables de cette maladie à travers le pays, a annoncé le professeur Daouda Ndiaye, chef du département de parasitologie de l'UCAD.
Le projet financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, avec l'accord de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a démarré le 1-er janvier et devrait durer trois ans, a précisé le professeur Ndiaye, mardi, en marge d'un atelier d'information au centre de santé de Thiès, à l'intention d'une quarantaine d'acteurs de la santé, venus de 11 régions du Sénégal.
Il sera mis en œuvre dans une dizaine de régions du pays et une cinquantaine de structures de santé, y compris au niveau communautaire, de manière bilatérale avec les programmes de recherche et de lutte de la Gambie.Selon le chercheur sénégalais, ce projet sera lancé officiellement "entre le 17 et le 18 février" prochains à Dakar, en présence de représentants du bailleur, de l'OMS, entre autres partenaires."La génomique est un outil qui permettra de typer le parasite (... )", en vue de "dire que le parasite que nous avons vu à Dakar (sur une personne) est un parasite du Sénégal, de Kolda ou de Ziguinchor", note le chercheur.
Il y voit un instrument venu compléter l'architecture des indicateurs d'élimination du paludisme que le pays se fixe pour 2030.Cet outil jugé innovant permettra de vérifier l'élimination supposée du paludisme dans une zone donnée, en déterminant si les parasites impliqués dans les cas dits importés dans une région viennent d'ailleurs ou existaient déjà dans la zone en question, pour y avoir été détectés auparavant, selon le chercheur.Le profil génétique d'un parasite peut varier d'une région à une autre, d'un département à un autre, d'une commune à une autre, d'un quartier à un autre, explique-t-il.Il précise que ce projet étendra à l'ensemble du Sénégal la cartographie des gènes de parasites, déjà réalisée dans certaines régions, dans le cadre d'un projet-pilote, afin de reconnaître les parasites locaux et étrangers.
Le diagnostic qui était jusque-là utilisé par le système de santé ne permettait pas d'avoir ce niveau de précision, indique le chercheur, précisant que la génomique sera utilisée aussi bien dans la prévention, la prise en charge que dans la stratégie d'élimination.Les acteurs pourront y recourir par le moyen de tests de dépistage rapide (TDR), mais aussi pour jauger l'efficacité des médicaments utilisés, en anticipant sur la résistance des gènes aux molécules administrées.Elle interviendra dans le suivi de l'évolution du nombre de cas dans une région.Le chercheur a signalé que des sites sentinelles ont été choisis pour aider à "traquer le parasite en temps réel", grâce à une collaboration entre la recherche et le niveau opérationnel, à savoir les postes de santé, les hôpitaux, etc.Des enquêtes seront de même menées dans les écoles et "daaras", auprès de femmes enceintes pour suivre la maladie.
Grâce à la génomique, des études menées lors d'une phase pilote dans la zone nord du pays, qui est au stade de pré-élimination du paludisme, avaient renseigné que des cas présentés comme étant importés par les transhumants, résultaient en réalité d'une transmission locale, a-t-il fait savoir.L'intégration de la génomique dans les indicateurs de l'élimination du paludisme, testée pour la première fois au Sénégal, pourrait être généralisée à travers le monde, si les résultats s'avèrent concluants. L'OMS a pour ce faire besoin d'un indicateur montrant que des parasites ne circulent plus dans le pays, pour certifier que le Sénégal est indemne du paludisme.
La génomique est d'une "importance capitale", en ce sens qu'elle permettra d'avoir "une lisibilité" par rapport à la stratégie de lutte contre le paludisme, a dit le Docteur Doudou Sène, coordonnateur du PNLP.Elle permettra, par exemple, de dire si les 300.000 cas par an répertoriés au Sénégal, viennent effectivement du pays ou de l'étranger, a-t-il expliqué. Ce qui devrait aider à développer des stratégies pour éviter la réintroduction du paludisme au Sénégal, après son élimination.
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