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Le soleil | Sénégal | 09/10/2020 | Lire l'article original
Militante des droits des femmes, Safiétou Diop, présidente du Réseau « Siggil Jiggèn », souligne la nécessité de « mettre fin à l'impunité en appliquant la loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie », afin d'éviter aux femmes victimes de recourir à l'avortement clandestin. Elle plaide pour l'accès aux services de santé de la reproduction à travers la signature des décrets d'application.
« L'avortement n'est pas une méthode contraceptive. Il nous faut améliorer l'accès aux services de santé maternelle et infantile et promouvoir la planification familiale pour éviter le recours à l'avortement clandestin qui n'est que source de mortalité et de morbidité chez les femmes », déclare Safiétou Diop, présidente du Réseau « Siggil Jiggèn », une organisation de la société civile sénégalaise qui soutient, depuis plusieurs années, un plaidoyer, à côté de l'Association des juristes sénégalaises (Ajs), pour la révision de la loi sur la santé de la reproduction pour un meilleur accès des femmes aux services de santé. Votée en 2005, cette loi ne dispose pas, jusqu'à présent, de décrets d'application. D'où l'intensification des activités de plaidoyer dans ce sens. Et les résultats d'un récent sondage d'opinion réalisé par le cabinet Continuum et la société internationale de marketing d'opinion Ipsos font état de 75% de personnes interrogées qui sont « favorables à l'avortement médicalisé si la santé de la mère est en danger ».
Interpellée sur la publication de ce sondage, Mme Safiétou Diop confie ne l'avoir pas encore vu. Mais elle estime qu'il n'est pas question, dans leur démarche, de « défendre l'avortement » dans sa globalité. Car, explique-t-elle, se basant sur notre rapport avec la foi (qu'on soit musulman ou chrétien), « aucune religion n'est pour l'avortement ».
Mieux, elle rappelle que l'article 15 de la loi sur la santé de la reproduction stipule que « l'interruption volontaire de grossesse est interdite sauf lorsqu'elle est autorisée par la loi ». « En aucun cas, elle ne saurait être considérée comme une méthode contraceptive. Il faut plutôt sensibiliser la communauté sur la nécessité de protéger les femmes et les filles contre les violences et abus sexuels, particulièrement le viol et l'inceste qui peuvent déboucher sur des grossesses non désirées », dit-elle.
Pour éviter le recours à l'avortement clandestin, il faut, souligne la présidente du Réseau Siggil Jiggèn, « mettre fin à l'impunité en appliquant la loi sur la criminalisation du viol et la pédophilie, favoriser l'accès aux services de santé de la reproduction à travers la signature de son décret d'application qui doit permettre la démédicalisation, la décentralisation et la démocratisation des services de santé ».
Cependant, elle rappelle que « toute grossesse sans consentement est une violation des droits des femmes ». Selon elle donc, il est important « de convaincre la communauté » de sorte qu'elle comprenne que la femme violée ou celle qui a fait objet d'inceste est une « victime ». C'est pourquoi, le Réseau Siggil Jiggèn soutient le plaidoyer sur l'avortement médicalisé en cas de viol et d'inceste si la victime le souhaite pour éviter le recours à l'avortement clandestin qui est souvent source de mortalité ou de morbidité chez la femme.
Pour Safiétou Diop, des recherches effectuées sur la base d'un argumentaire religieux ayant réuni la quasi-totalité des familles religieuses du pays, ont démontré qu'avant 120 jours, il n'y a pas d'âme, donc pas de vie. Dans ce cas, on ne peut pas parler d'être humain. Par conséquent, si une femme est victime de viol ou d'inceste, et que sa vie est menacée, elle peut valablement, si la loi l'y autorise, recourir à l'assistance médicale. « Le corps médical peut prendre en charge cette question pour éviter de compromettre la vie de la femme et celle de son enfant », déclare la présidente du Réseau Siggil Jiggèn, selon qui ce « droit doit être encadré par la loi » pour éviter qu'elle soit érigée en méthode de contraception. Elle rappelle également qu'il est important de « préserver notre dignité et nos valeurs ».
Maïmouna GUEYE
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