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Cameroon tribune | Cameroun | 12/04/2006 | Lire l'article original
Cela est d’autant plus grave que, d’après le Pr. Tetanye Ekoe, vice-président de la corporation, le ratio d’un médecin pour 10.000 habitants officiellement connu pour le Cameroun ne reflète pas vraiment la réalité, pour dire le moins. En fait, les 4200 médecins inscrits à l’Ordre connaissent des trajectoires diverses, qui n’ont souvent pas grand-chose à voir avec le contact des malades. Environ un millier au ministère de la Santé. Dans ce groupe, seulement la moitié est affectée aux tâches cliniques dans les hôpitaux du pays. Le reste devant assurer des tâches administratives. Les autres utilisateurs sont le ministère de l’Enseignement supérieur à travers la Faculté de médecine, le secteur privé, les ONG…
Tout ce développement pour illustrer l’ampleur de la carence en médecins traitants au Cameroun. Et légitimer le cri d’alarme poussé vendredi dernier par l’ensemble des acteurs du secteur. L’insuffisance de médecins, que n’importe qui peut déjà observer de manière empirique est estimée par l’Ordre à un ratio réel d’un médecin pour 40.000 habitants. Avec des régions comme l’Extrême Nord ou l’Est où l’on est proche d’un médecin pour 50.000 habitants.
Le décor ainsi planté, chacun peut aisément se faire une idée du mal que cause l’exode des médecins camerounais. Dans un contexte où le nombre de médecins est déjà loin d’être suffisant, la fuite des cerveaux vient pratiquement remuer le couteau dans la plaie. En plus, ces départs massifs (25 à 30% des professionnels formés au Cameroun ont quitté le pays à ce jour) se greffent à la situation des milliers de Camerounais formés dans les universités étrangères (Etats-Unis, Grande Bretagne, France, Italie, Afrique du sud…) 70 à 80% de ces compatriotes restent dans le pays qui les a formés. Parce qu’ils y trouvent rapidement un emploi bien rémunéré et plein d’autres avantages. Et comme les nouvelles du pays ne sont pas aussi encourageantes (gel des recrutements), le choix est vite fait. Le ministre de la Santé publique ne croyait pas si bien dire quand il déclarait il y a deux jours dans les colonnes de CT que " nous sommes en compétition avec les pays riches. "
Ce qui fait partir nos docteurs est évident : la quête d’un mieux-être. Dans un monde où les compétences se vendent au plus offrant, les pays riches happent ces ressources humaines si porteuses d’espoir. La fameuse compétition semble donc perdue d’avance. Et comme le Minsanté évoquait un plan de développement des ressources humaines en cours d’élaboration dans ses services, c’est un programme qui gagnerait à être concret. Un médecin qui se préoccupe d’abord de sa propre survie, ça peut mener très loin. Aux Etats-Unis par exemple.
Yves ATANGA
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