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Mutations | Cameroun | 28/01/2009 | Lire l'article original
Après avoir été suivi par le Dr Njiengwe, psychologue et membre du regroupement des médecins en charge des questions gynécologiques et endoscopiques à Douala, baptisé "Diagnostic anténatal de Douala" (Dad), pendant deux mois, Marcelle Bang se dit prête aujourd'hui à avoir un autre enfant. C'est depuis octobre 2006 qu'un groupe de dix médecins spécialistes a décidé de mettre en place à Douala, une plateforme d'échanges pour travailler à la diminution de la naissance dans les hôpitaux camerounais des enfants drépanocytaires et ceux atteints des anomalies chromosomiques.
On y retrouve quatre spécialités, des gynécologues obstétriciens notamment les Drs Brule, Tchuenté, Sandjon, Onomo, Bollo, Kolesnikov et Tsingaing, un radiologue, le Dr Epopa, le Dr Wonkam qui est généticien et enfin le suivi psychologique est assuré par le Dr Njiengwe. Plusieurs constats ont décidé le groupe baptisé le "Dad" à proposer la solution de l'amniocentèse aux patientes dont les grossesses présentent de graves difficultés. Au premier rang de ces constats, il y'a la naissance chaque année au Cameroun de 4300 enfants drépanocytaires, dont 50% décèdent avant l'âge de 5 ans.
Il y a la pression morale et financière des parents : "Il y a des familles, à Douala et dans d'autres villes du Cameroun, qui ont jusqu'à quatre enfants drépanocytaires, dont il faut s'occuper au quotidien", ajoute le Dr Njiengwe. Le Dad qui se réunit une fois par mois, "permet aux médecins du groupe de partager les cas difficiles de grossesses que nous avons dans nos dossiers. Nous discutons ensemble sur la base des examens et des radios avant de décider de la procédure à suivre en collaboration avec la patiente et sonépoux. C'est en ultime recours que nous proposons l'amniocentèse pour déterminer si le fœtus est drépanocytaire ou s'il a une anomalie chromosomique", explique le Dr Brulet.
Pression morale
L'amniocentèse est un prélèvement de liquide amniotique dans lequel baigne le fœtus, que l'on effectue à partir de deux mois et demi de grossesse. Le liquide amniotique contient des cellules fœtales que l'on va isoler puis mettre en culture afin d'analyser les chromosomes du bébé, ce que l'on appelle établir un caryotype. Grâce à l'amniocentèse pratiquée par le Diagnostique anténatal de Douala, les parents savent avec certitude le sexe de l'enfant, si le fœtus est porteur de maladies héréditaires liées au sexe ou de certaines anomalies chromosomiques, dont la plus fréquente est la trisomie 21. Et pour la première fois les parents ont le choix parce qu'ils savent avant si le fœtus évolue normalement ou s'il est porteur des gènes drépanocytaires ou de mongolisme.
Au Cameroun, il y'a deux initiatives privées à Douala et à Yaoundé qui proposent l'amniocentèse. Le Dad a déjà travaillé sur 31 dossiers qui ont été récemment présentés par ses médecins. Seulement 16 d'entre eux ont nécessité une amniocentèse. Onze ont été faites pour les anomalies chromosomiques et cinq pour la drépanocytose. "Ce qui est encore insignifiant quand on connaît le nombre d'enfant qui naissent malformés ou drépanocytaires au Cameroun", commentent des médecins du groupe. Il faut relever que même dans la capitale économique, cette initiative n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière. C'est d'abord une initiative privée qui aboutit, si l'amniocentèse démontre que le fœtus est malformé ou drépanocytaire, à une interruption volontaire de grossesse (Ivg). Et jusqu'à présent la loi camerounaise interdit la pratique de l'Ivg. Pourtant on recense plus d'une centaine de décès d'enfants par an au Cameroun dus aux malformations chromosomiques et à la drépanocytose.
D'un autre côté, il y'a le coût de l'opération. Pratiquer une amniocentèse au Cameroun coûte entre 250.000 et 300.000Fcfa, puisque les prélèvements se font dans un milieu stérile au bloc opératoire et sont envoyés au centre Louis Pasteur de Yaoundé pour les examens. Les résultats sont disponibles deux à trois semaines après. Ce coût fait certes reculer beaucoup des parents, mais il y'a encore comme l'a révélé l'étude du staff du Diagnostique anténatal de Douala, "beaucoup de résistances dues aux croyances religieuses et traditionnelles".
Marion Obam
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