Résumé

Problématique : Le paludisme grave demeure une cause majeure de décès des enfants en Afrique au sud du Sahara. Les déterminants de la gravité du paludisme sont complexes et multifactoriels.
Matériel et méthode : Une étude rétrospective et descriptive des caractéristiques épidémiologiques, cliniques, biologiques, thérapeutiques et évolutives du paludisme a été conduite dans les services de pédiatrie de l’hôpital national de Niamey. L’objectif était d’analyser les facteurs associés à la gravité et son pronostic par le calcul du risque relatif au décès.
Résultats : Le paludisme représente 35% des causes de consultations pédiatriques. Il est endémique avec un pic aux mois d’août et septembre. Les principaux antécédents des patients sont la drépanocytose (12,11%) et la malnutrition (8,21%). Les signes cliniques prédominants étaient la fièvre (42,61%), des troubles neurologiques (33,13%), des troubles digestifs (28,66%) et de l’anémie (25,15%). Quatre-vingt-trois virgule zéro six pour cent de ces cas de paludisme sont compliqués. Quatre-vingt-quatre virgule quatre-vingt-douze pour cent (456) des enfants de 6 à 59 mois ont un paludisme grave. L’hypoglycémie (28.9%), la convulsion (28.6%) et l’anémie sévère (21.3%) étaient les manifestations cliniques les plus fréquentes. Les sels de quinine, l’artéméther injectable et l’artésunate étaient utilisés respectivement à 52,55%, 45,1% et 1.5%. L’évolution a été favorable dans 96,4% des cas. Zéro virgule cinq pour cent avaient des séquelles neurologiques. La létalité était de 3.59%. La cause du décès était multifactorielle. Cependant, les manifestations cliniques les plus associées au décès étaient le coma (RR = 3.7, p = 0,0001), les troubles de consciences (RR = 3.6, p = 0,0001), la détresse respiratoire (RR = 5.4, p = 0,0028), l’insuffisance rénale (RR = 0.3, p = 0.017) et les convulsions (RR = 1.8, p = 0,0477).
Conclusion : Le paludisme grave est la première cause d’hospitalisation et de décès dans les services pédiatriques. L’hypoglycémie, la convulsion et l’anémie sévère sont les manifestations cliniques les plus fréquentes. Le décès est surtout associé au coma, aux troubles de la conscience, la détresse respiratoire, l’insuffisance rénale et les convulsions. L’artésunate doit remplacer les sels de quinine à cause de ses avantages comparatifs.

Summary
Factors associated with childhood severe malaria and its prognosis at the National Hospital of Niamey in Niger

Background: Severe malaria remains a major cause of child death in sub-Saharan Africa. The determinants of malaria severity are complex and multifactorial.
Material and method: A retrospective and descriptive study of the epidemiological, clinical, biological, therapeutic and evolutionary characteristics of malaria was conducted in the pediatric departments of the Niamey National Hospital. The objective was to analyze the factors associated with the severity and its prognosis by calculating the risk relative to death.
Results: Malaria accounts for 35% of the causes of pediatric consultations. It is endemic with a peak in August and September. The main antecedents of patients are sickle cell disease (12.11%) and malnutrition (8.21%). The predominant clinical signs were fever (42.61%), neurological disorders (33.13%), digestive disorders (28.66%) and anemia (25.15%). Eighty-three point zero six percent of these cases of malaria are complicated. Eighty-for point ninety two percent (456) of children aged 6 to 59 months had severe malaria. Hypoglycemia (28.9%), convulsion (28.6%) and severe anemia (21.3%) were the most common clinical manifestations. Quinine salts, artemether injection and artesunate were used respectively at 52.55%, 45.1% and 1.5%. The evolution was favorable in 96.4% of the cases. Zero point five percent had neurological sequelae. The lethality was 3.59%. The cause of death was multifactorial. However, the clinical manifestations most associated with death were coma (RR = 3.7, p = 0.0001), consciousness disorders (RR = 3.6, p = 0.0001), respiratory distress (RR = 5.4, p = 0.0028), renal failure (RR = 0.3, p = 0.017) and seizures (RR = 1.8, p = 0.0477).
Conclusion: Severe malaria is the leading cause of hospitalization and death in pediatric services. Hypoglycemia, convulsion and severe anemia are the most common clinical manifestations. Death is mostly associated with coma, disturbances of consciousness, respiratory distress, kidney failure and convulsions. Artesunate must replace quinine salts because of its comparative advantages.