Introduction : Le paludisme demeure l'une des plus importantes causes de mortalité dans les pays en développement en général et en Afrique sub-saharienne en particulier. La nécessaire mobilisation mondiale pour enrayer cette maladie, doit prendre en compte le diagnostic médical, par la conception d'outils de diagnostic rapide, fiable et spécifique, capable de donner des résultats en temps réel, à faible coût pour les populations concernées, pour une prise en charge rapide des malades. La goutte épaisse et le frottis sanguin qui constituent les techniques de références dans la plupart des centres hospitaliers en Afrique sont tributaires de la technicité et de l'application du technicien qui les pratique.
Le but de ce travail vise à réduire, voire affranchir ces techniques de diagnostic de la contribution de l'homme en supprimant l'étape de la coloration, puis automatisant à la fois le comptage des cellules, la mesure de la parasitémie et l'identification des espèces.

Matériel et méthodes : Le dispositif conçu est à l'origine un microscope optique classique, en transmission et en réflexion, pour lequel les sources blanches traditionnelles ont été substituées par des diodes électroluminescentes, allant de l'UV au proche infrarouge. Les objectifs plans ont été remplacés par un objectif Cassegrain pour supprimer les aberrations chromatiques. Un mode de diffusion a été ajouté aux deux modes précédents, ainsi qu'une caméra monochromatique CMOS de 12 bits en remplacement de l'oculaire. Les images multidimensionnelles obtenues sont traitées numériquement et analysées par les techniques de statistiques multi-variées adaptées à ce type de données.

Résultats : Les spectres de l'hémoglobine, des parasites et de l'hémozoïne ont été identifiés. Les globules rouges sains et parasités sont donc désormais différentiés par leurs signatures optiques en trois modes distincts pour disposer de deux moyens de contrôle supplémentaires. L'analyse par K-means a permis de régler les problèmes de cellules adjacentes qui complexifiaient le comptage dans les situations de milieu dense.

Sur un ensemble de 50 échantillons testés, cette technique a été capable de détecter jusqu'à 96,57 % de globules rouges parasités, comparativement au comptage manuel et a donné lieu à une précision de 93,25% sur les mesures de parasitémies.

Nous avons également testé cette technique sur l'analyse des interactions entre les molécules actives et le parasite et nous avons pu confirmer les études antérieures sur les modes d'action de l'amodiaquine.

Conclusion : Les résultats de cette étude préliminaire de l'apport de la biophotonique dans le diagnostic du paludisme sont très intéressants. Le mode opératoire de cette technique mérite d'être testé par les biologistes et les biotechnologistes en vue d'une évaluation sa facilité d'utilisation.

Mots clés : paludisme, diagnostic optique, imagerie spectrale, analyses multi-variées.