Kaolack, 17 mai (APS) - La mortalité liée aux maladies non transmissibles (MNT) au Sénégal est estimée à 42% a révélé, mardi, à Kaolack (centre), la responsable du bureau de lutte contre les maladies cardio-vasculaires et métaboliques du ministère de la santé, Dr Seynadou Mbow, citant la dernière évaluation de l'organisation mondiale de la santé (OMS).

"Dans notre Pays, la mortalité liée aux MNT, selon la dernière évaluation de l'OMS en 2020, est estimée à 42%", a révélé Dr Mbow, s'exprimant en marge de la cérémonie de la journée mondiale de l'hypertension artérielle édition 2022 à Kaolack.

La cérémonie s'est déroulée en présence de l'adjoint au gouverneur chargé du développement, Daouda Séne. La directrice régionale de l'hôpital de Kaolack, Khadidiatou Sarr Kebe, le chef de service de la cardiologie de l'hôpital de Kaolack, Souleymane Thiam et le secrétaire général de la société sénégalaise de cardiologie, Mounirou Dia, ont également pris part à la cérémonie.

"Les pays africains, notre pays en particulier est dans la phase de transition épidémiologique. En effet les Maladies non Transmissibles (MNT) gagnent du terrain dans le monde, elles sont responsables de 71% de la mortalité et les pays en développement supportent plus de 80% du fardeau", a indiqué Dr Seynadou Mbow.

La manifestation a été organisée par la société sénégalaise de cardiologie en collaboration avec les laboratoires AJANTA PHARMA sur le thème : "mesurer la tension artérielle avec précision, la contrôler, vivre plus longtemps". "Les MNT majeures dont l'hypertension artérielle sont responsables de 80% de la mortalité prématurée, c'est-à-dire des décès qui surviennent entre 40 et 70 ans. Il s'agit de maladies fortement handicapantes, qui entraînent une baisse considérable de notre productivité et pourrait constituer un frein à l'émergence, au développement", a expliqué Dr Mbow.
Elle a rappelé que l'hypertension artérielle est "le facteur de risque cardio-vasculaire le plus répandu dans le monde". "Elle augmente considérablement le risque d'accidents cardiovasculaires via l'atteinte des organes bien définis (cœur, rein, cerveau), a-t-elle fait comprendre. Selon Dr Mbow, "l'hypertension artérielle est responsable de 7 à 8 millions de décès annuels dans le monde". "Près d'un milliard de personnes sont hypertendues à travers le monde. Et, environ les 640 millions de ces personnes vivent dans les pays en développement", a-t-elle informé. En Afrique, a précisé Dr Mbow, "cette prévalence est de 15 à 35% selon les enquêtes STEPS réalisées dans différents pays".

Dr Seynadou Mbow a ajouté qu'au Sénégal, la prévalence de l'hypertension artérielle est estimée à 29% chez les personnes de 18 à 69 ans, selon les enquêtes STEPS réalisées en 2015. "Parmi tous ces patients hypertendus dans notre pays, seuls 28,4% se savent hypertendus et 17% sont sous traitement. Et seulement 8% des hypertendus sont bien contrôlés", a-t-elle déploré. Pour elle, "cette prise en charge insuffisante est en partie due à un défaut de connaissance de cette affection par les populations". Selon elle, la prévention primaire de l'hypertension artérielle est possible et passe par la lutte contre les facteurs de risques que sont la mauvaise alimentation, la sédentarité, l'usage nocif de l'alcool, le tabagisme. Elle a également appelé la population à limiter la consommation de sel et à pratiquer une activité physique régulière, afin de prévenir l'hypertension artérielle. Selon elle, "malgré la gravité de l'hypertension artérielle, un bon contrôle des chiffres tensionnels permet de réduire de façon significative le risque de complications cardiovasculaires". Elle a rappelé qu'au Sénégal, l'hypertension artérielle est la première cause d'insuffisance rénale. "Avec la pandémie de la Covid-19 elle a été la première comorbidité responsable des cas graves ayant alourdi la mortalité liée au covid 19", a déploré Dr Mbow.

"L'hypertension artérielle constitue un véritable fléau au Sénégal car plus de 2 milliards d'individus sont hypertendus dans le monde avec une mortalité avoisinant 19%", a pour sa part déploré le chef de service de la cardiologie à l'hôpital régional de Kaolack, Dr Souleymane Thiam. Il a dit qu'"à l'hôpital régional de Kaolack, au niveau du service de la cardiologie, nous avons un taux de 67,71% d'hypertendus en consultation". Dr Thiam a par ailleurs plaidé pour une salle d'angiographie à hôpital régional de Kaolack. "Il nous faut une salle d'angiographie pour permettre de mieux étayer le diagnostic et éviter le déplacement de certains patients pour aller à Dakar", a insisté le chef de service de la cardiologie de l'hôpital régional de Kaolack.

MNF/SG/MD

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