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Revue de presse de santé tropicale

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Coronavirus : « Les particules virales provenant du patient peuvent rester en suspension pendant 3 heures », Dr Silvère Zaongo

Sidwaya | Burkina Faso | 24/03/2020 | Lire l'article original

Dr Silvère Zaongo a été l'un des premiers spécialistes de la santé à nous parler du coronavirus dès son apparition en Chine. Spécialisé en santé publique, plus précisément en maladies infectieuses et immunité, il a poursuivi des recherches postdoctorales en Chine. Depuis plus d'un an, il travaille sur les maladies infectieuses telles que le VIH et les hépatites dans un hôpital à Tianjin, une ville voisine de Pékin, la capitale chinoise. Dans cette interview, réalisée en ligne, Dr Zaongo revient sur les méthodes de prévention contre le coronavirus.

Le Burkina Faso a enregistré ses premiers cas de coronavirus le 9 mars 2020. Depuis lors, les chiffres ne font qu'augmenter. Qu'est-ce qui peut expliquer la propagation rapide de la maladie ?

Dr Silvère Zaongo (S. Z. : La rapide propagation de la maladie s'explique principalement par nos habitudes sociales. L'un des premiers patients officiellement détectés est très connu et représente une des figures religieuses du pays. Et qui dit cela, peut aisément imaginer les fidèles qui entrent en contact avec lui. De plus, les églises, les mosquées ou autres lieux de culte sont plus ou moins des espaces restreints avec une forte densité de personnes. Ces fortes interactions permettent au virus de se diffuser très rapidement dans l'assemblée. Et chaque personne après la prière interagira avec les voisins, les collègues, les amis à l'école, au marché, etc. Très vite, le virus passe d'une petite assemblée à une échelle plus large touchant des quartiers, des villes ou des pays. La vie sociale est au cœur de notre quotidien. Et c'est pourquoi il est facile de se contaminer. En Europe ou en Asie, c'est surtout à travers les transports en commun que la contagion s'est faite. Chez nous, cela peut aussi s'appliquer même si c'est à une moindre échelle. Ensuite, l'absence de contrôle adéquat (quarantaine, observation) concernant les vols en provenance de l'actuel épicentre de la maladie qu'est l'Europe a été une erreur majeure. Déjà, dans ma première interview, j'avais préconisé l'implémentation de mesures adaptées au suivi des personnes venant des zones à risque. Pour des maladies comme le COVID-19, l'absence de moyens de prévention adaptés (isolement, quarantaine ou fermeture immédiate des frontières) est aussi une mesure assurant la rapide propagation du virus.

Le port du masque fait partie de la prévention contre le coronavirus. Mais il y a une polémique quant à son utilisation. Est-ce que vous pouvez nous éclairer davantage ?

S. Z. : Le port du masque est la toute première mesure à adopter dans ce cas de figure. Cela s'explique par le mécanisme d'infection du virus qui a besoin d'entrer en contact avec les muqueuses buccales ou nasales. De là, il commence son incubation en se proliférant dans les voies respiratoires hautes du sujet. Pendant ce temps, le patient peut tout à fait transmettre le virus qui sera présent dans les gouttelettes de salive émises en parlant, en éternuant ou en toussant. En milieux confinés, ou en étant proche de l'interlocuteur, les particules virales provenant du patient peuvent rester en suspension (aérosol) pendant 3 heures (selon une étude effectuée par les chercheurs américains et publiée le 17 mars dernier ; DOI : 10.1056/NEJMc2004973). De là, une personne saine ne portant pas de masque pourrait inspirer les particules virales et se contaminer. Evidemment, lorsque les symptômes sont présents, cela interpelle rapidement, mais dans ce cas aussi, il faut porter un masque pour créer une barrière physique empêchant le virus de pénétrer les voies respiratoires de la personne saine.

Si tous portent des masques, les risques de contamination deviennent ainsi largement réduits. Certains pays ont décidé de ne pas vulgariser le port des masques à l'échelle de la population pour des raisons qui leur sont propres. Ils estiment que seul le personnel soignant devrait en avoir. Mais force est de constater que ces pays ne devraient en aucun cas être copiés ou considérés comme des modèles à suivre. La Chine qui a réussi à contrôler l'épidémie a, dès les premiers instants, préconisé le port des masques (protection individuelle). Elle a compris après avoir combattu le SRAS en 2003 qu'il faut miser sur la protection à l'échelle individuelle d'abord. Suivons donc les exemples qui marchent. Je comprends que dans notre contexte, de nombreux défis sont à relever et offrir des masques à tous devient difficile. De ce fait, il est toujours bon et même recommandé d'encourager le port du masque et de faciliter, dans la mesure du possible, sa disponibilité selon les moyens dont les autorités disposent.

En dépit de la présence du virus au Burkina Faso, certains continuent d'être sceptiques. Ils prétendent que le virus ne résiste pas à la chaleur ? Qu'en est-il ?

S. Z. : Il faut d'ores et déjà réveiller beaucoup de nos compatriotes et cela passe également par les médias qui ont la responsabilité de fournir les informations justes. Ce virus est potentiellement une arme biologique, car il peut tuer un nombre important de personnes en un temps relativement court. Ce qui se passe en Italie peut facilement nous arriver. L'Europe a de meilleures capacités de réponses comparée à nous, mais elle est à terre. Je n'ose pas imaginer ce qui nous attend si nous ne réalisons pas vite le danger que représente cette maladie. Penser que la chaleur peut neutraliser le virus (SARS-CoV-2) est une erreur fatale que nous pourrions payer amèrement. Même s'il est vrai qu'il a une structure ARN donc moins solide que les particules ADN, il a été démontré qu'il pouvait résister à une température allant jusqu'à 56°C ; or nous savons bien que même durant nos saisons les plus chaudes, nous n'atteignons jamais les 50°C de température. De ce fait, il serait plus judicieux de balayer ces idées reçues et adopter les mesures de prévention préconisées par l'Etat tout en y associant fortement le port systématique des masques.

S. : Comment se comporter à domicile face à la maladie ?

S.Z. : Comme je l'ai mentionné auparavant, il faudrait que le port du masque devienne une habitude au quotidien. Surtout pour ceux qui sont obligés de sortir. Si un patient est positif, il faudrait automatiquement que sa famille soit gardée en observation (14 jours au plus) et la traiter au besoin. De plus, ce patient devrait s'isoler par rapport aux autres membres de sa famille durant la période requise pour le traitement. Nous n'avons malheureusement pas assez de capacités hospitalières satisfaisantes et l'hospitalisation à domicile pourrait être initiée si des unités de soins mobiles sont mises en place. Un autre point important qui devrait aussi être considéré est celui de la décontamination systématique des lieux où des patients se sont rendus. Dans le cas d'espèce, le domicile des patients devrait être décontaminé après rétablissement. L'expertise chinoise peut nous apprendre beaucoup à ce sujet. Ce sont les seuls à ce jour à avoir pu contrôler efficacement l'épidémie.

S. : Combien de temps le virus peut-il vivre sur les objets ?

S. Z. : Il y a une récente étude dans laquelle il a été prouvé que le virus (SARS-CoV-2) responsable du COVID-19 est plus stable sur le plastique et l'acier inoxydable que sur le cuivre et le carton. En effet, le virus peut survivre jusqu'à 72 heures après application sur ces surfaces. A contrario, Il ne peut pas rester viable plus de 4 heures sur le cuivre et sur le carton. Sa viabilité ne peut dépasser 24 heures. Il a également été démontré que le virus peut rester viable dans les aérosols (en suspension dans l'air) pendant 3 heures d'où la nécessité de porter des masques.

S. : L'efficacité de la chloroquine dans le traitement du coronavirus est-elle avérée ?

S. Z. : L'efficacité de la chloroquine a d'abord été prouvée par les Chinois, puis répliquée par les Français. En science, la réplication des travaux est fondamentale pour l'adoubement d'un protocole. Mieux encore, il y a des grilles de traitement fournies par les experts chinois avec lesquels nous devrions très vite prendre attache. J'invite les décideurs et les soignants à consulter ce lien (Point X. Treatment). Tout y est avec les dosages.

https://www.chinalawtranslate.com/en/coronavirus-treatment-plan-7/. A partir du lien, il y a un plan thérapeutique de la pneumonie au nouveau coronavirus disponible en chinois et traduit en anglais que j'ai aussi fait parvenir à la rédaction de votre journal. Je tiens à rappeler que l'automédication est un acte dangereux et n'est recommandée en aucun cas.

S. : Le Burkina Faso a pris des mesures comme la fermeture des frontières terrestres et aériennes et le couvre-feu. Quelle lecture faites-vous de ces mesures ?

S. Z. : Je salue les mesures courageuses et fortes du président du Faso. En effet, cela permettra de ralentir considérablement la propagation du virus et octroiera aux décideurs en charge de la question du temps pour mieux adapter la réponse anti-COVID-19. Néanmoins, ces mesures en elles seules ne sauraient être suffisantes si certains points essentiels ne sont pas associés. Ce sont entre autres :

  • le port des masques comme impératif à la prévention à l'échelle individuelle ;
  • demander à la population d'adhérer aux décisions prises par les autorités et les adopter. De plus, chacun doit être le relais pour les couches les moins informées donc sensibles ;
  • le renforcement des capacités hospitalières ;
  • le diagnostic des cas réellement en circulation. Avec le COVID-19, fausser sciemment ou inconsciemment les chiffres réels en circulation conduira à une saturation brusque du système de santé. Imaginez les conséquences désastreuses qui en découleraient. Il faudrait donc, sensibiliser les uns et les autres à se rendre très vite dans les centres adaptés au diagnostic étant munis de masques ;
  • l'implémentation d'une grille de traitement et sans attendre. Cela sous-entend lancer les commandes de produits pharmaceutiques nécessaires à cela en cas de manque. Les informations fournies dans la question précédente pourraient aider ;
  • la décontamination des lieux d'habitation des patients.

En général, les mesures envisagées doivent être du domaine du réalisable à l'échelle du pays. Aucun copier-coller ne marchera si nous ne l'adaptons pas à notre contexte. Le monde est en train de changer et il est impératif qu'on s'adapte en agissant plutôt qu'en le subissant.

Par Karim Badolo

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