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Lutte contre le coronavirus : Que sont les essais cliniques devenus ?

L'Observateur | Burkina Faso | 12/06/2020 | Lire l'article original

Le coordonnateur des essais cliniques sur la chloroquine, le Pr Halidou Tinto affirmait, dans une interview parue le 1er avril dernier dans L'Observateur Paalga, que : « Dans trois semaines nous ferons de bonnes recommandations ». Plus de deux mois après, les résultats se font attendre. Nous sommes donc repartis au Centre national de la recherche scientifique et technologique pour savoir ce que sont ces essais devenus. Dans cet entretien qu'il nous a accordé le 9 juin 2020, il explique qu'il y a eu un retard à l'allumage dû à la lenteur administrative. Toutefois, il précise que les essais cliniques sur la chloroquine se poursuivent même si le protocole initial a subi une modification.

Dans une interview que vous nous avez accordée début avril, vous disiez que dans trois semaines vous feriez de bonnes recommandations. Deux mois après on les attend. Qu'est-ce qui se passe, Pr ?
L'essai clinique CHLORAZ a débuté il y a précisément un mois. Les premiers patients ont été inclus à Bobo-Dioulasso, et trois semaines plus tard ce fut ceux de Ouagadougou. L'objectif initial de cette étude était de comparer les patients qui seront traités avec la chloroquine à ceux qui n'allaient pas être traités avec. Cependant le fait que le gouvernement a adopté l'utilisation de la chloroquine pour tous les patients en généralisant l'usage de ce médicament ne nous a pas permis de conduire le protocole comme il était initialement prévu.

Le protocole initial a donc subi une modification ?
Oui. Sur recommandations du comité d'éthique, nous avons modifié le protocole pour en faire une étude observationnelle qui consiste à suivre tous les patients de la covid 19 qui seront traités par la chloroquine pour voir quel peut en être l'impact sur la sécurité de ces patients. Vous savez, les doses utilisées pour traiter la pandémie sont plus fortes que celles utilisées dans le cadre du traitement du paludisme : dans le cas du paludisme, on utilisait 15 comprimés de 100 mg pendant trois jours ; là on va passer à 60 comprimés de 100 mg pendant 10 jours. Donc on augmente les doses, ce qui peut avoir une répercussion notamment au niveau cardiaque. L'objectif de l'étude observationnelle est d'observer le comportement du cœur mais également d'observer les paramètres comme les fonctions hépatiques et celles rénales avant la prise du médicament. Une fois l'administration commencée, on suit au fur et à mesure les personnes durant les 10 jours de leur traitement pour voir s'il va y avoir des changements au niveau de ces paramètres ou s'il y a des risques de toxicité.

Ensuite on va repartir en arrière pour regarder dans la base de données s'il y a des patients qui ont été pris en charge sans avoir été traités avec la chloroquine avant l'introduction de ce médicament par le gouvernement. S'il en existe, nous allons voir comment ces patients se sont comportés. Il s'agira de faire une comparaison avec ceux qui ont reçu la chloroquine et que nous suivons actuellement. Voilà un peu les changements que nous avons introduits dans le protocole initial pour en faire une étude observationnelle.

A ce stade de l'étude, quels sont les résultats auxquels vous avez abouti s'il y en a déjà ?
On ne peut pas encore parler de résultats. Mais il faut reconnaitre qu'on a pu quand même recruter environ 90 patients après un mois de mise en œuvre de l'étude. Ce faible taux de recrutement est un peu lié à la baisse du nombre de cas de covid constaté ces dernières semaines. On était parti pour comparer l'hydroxy-chloroquine à la chloroquine phosphate parce que les deux figurent dans le protocole de prise en charge du Burkina Faso. Finalement dans la pratique on s'est rendu compte que la chloroquine phosphate n'était pas utilisée au niveau des formations sanitaires de prise en charge du coronavirus. C'est donc uniquement l'hydroxy-chloroquine qui est utilisé. On avait envisagé de recruter 75 patients pour ce qui est de l'hydroxy-chloroquine, et autant pour la chloroquine phosphate. Pour l'hydroxy-chloroquine, nous avons atteint le nombre, mais comme on ne peut pas avoir des patients traités avec la chloroquine phosphate, on a décidé de poursuivre l'inclusion des patients traités avec l'hydroxy-chloroquine pour avoir un nombre suffisant pour faire une analyse des données. On a prévu d'aller jusqu'à la fin de ce mois de juin pour les recrutements. On fera alors le bilan pour voir combien de patients nous avons pu recruter et, sur cette base, nous allons nous arrêter pour faire l'analyse et présenter les résultats.

Donc le protocole de traitement arrêté est à base de l'hydroxy- chloroquine ?
Oui. Cependant il y a d'autres éléments qu'on a introduits dans notre protocole. Il faut signaler que ces éléments ne sont pas directement liés aux patients : il s'agit, par exemple, de décrypter la carte d'identité du virus, ce que nous appelons le décryptage du génome qui permet de voir l'origine des souches de virus circulant dans notre pays ; autrement dit, on cherche à connaître les types de souche qui ont contaminé nos malades. Est-ce d'origine asiatique, européenne, etc. ? Il est également question de voir la susceptibilité des individus par rapport au virus, et notamment comment ces personnes réagissent vis-à-vis du virus. Qu'est-ce qui fait, par exemple, qu'une personne A qui est dans un milieu où il y a un patient covid ne va pas être contaminer alors qu'une personne B va l'être? Il s'agit de voir si, en fonction des personnes, il y a une susceptibilité différente : on va essayer de voir, par exemple, la quantité de virus dans le sang de chaque patient pour voir, s'il existe des gens qui ont de faibles quantités de virus, ce qui explique le fait que le virus n'arrive pas à se multiplier chez ces personnes. Si des patients qui ont de fortes quantités de virus, qu'est-ce qui fait leur particularité ? On va profiter de cette étude CHLORAZ pour explorer ces éléments.

Visiblement il y a eu du retard à l'allumage. Quels genres de difficultés avez-vous rencontrées ?
Les difficultés ont été surtout liées à une lenteur administrative au niveau des autorités de régulation, notamment le comité d'éthique qui a mis beaucoup de temps à examiner notre protocole avant de nous donner une réponse. Je pense que cela est lié au fait que, dans les textes, le comité d'éthique n'a pas anticipé et prévu des sessions en cas de situations d'urgence comme la covid 19. Il fallait réadapter les pratiques parce que le comité d'éthique a une seule session par mois, tous les premiers mercredis du mois. Si vous déposez votre protocole le vendredi alors que la session a eu lieu le mercredi, cela veut dire qu'il faut attendre un mois. Comme ce n'était pas prévu à l'avance, cela a fait que le comité a mis beaucoup de temps à nous répondre, et cela a beaucoup retardé la machine à l'allumage.

Aujourd'hui, où est-ce que vous en êtes concrètement avec l'essai clinique ?
Les dernières données que j'ai, à la date du 8 juin, indiquent que nous sommes à 95 patients traités à l'hydroxy-chloroquine qui sont actuellement suivis. Cependant le recrutement se poursuit même si pour certains d'entre eux le suivi est terminé. On suit les patients jusqu'à ce qu'ils deviennent négatifs. Toutefois il y a des patients qui, pour une raison ou une autre, ne négativent pas rapidement, et cette catégorie de patients est toujours en cours de suivi.

L'urgence n'est-elle pas levée au regard du nombre de cas qui semble diminuer ?
Il faut faire attention. C'est connu, dans l'histoire des épidémies qu'il peut toujours y avoir une deuxième vague après la première. Pendant qu'au Burkina Faso nous contrôlons la maladie, il y a des pays voisins où elle n'est pas contrôlée : des pays comme le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Mali continuent d'enregistrer beaucoup de cas de contamination par jour. On dit que les frontières sont fermées, mais il y a l'inter-perméabilité entre les populations, et les gens continuent de circuler de part et d'autre des frontières. Si on baisse la garde, si les mesures barrières en vigueur ne sont pas respectées, très facilement avec un ou deux cas introduits dans la communauté, on peut voir rebondir le nombre de contaminations d'ici quelques semaines. Il faut donc faire attention et ne pas baisser la garde. Tant qu'autour du Burkina la pandémie persiste, il faut que nous restions sur le pied de guerre et continuions à mettre en pratique les mesures barrières édictées par le ministère de la Santé.

La recherche doit donc se poursuivre…
Même si les cas de contamination semblent diminuer, il faut poursuivre la recherche. Nous venons même d'avoir un financement avec l'Union européenne pour essayer de conduire une étude afin de valider un test de diagnostic rapide mis au point par une firme belge. Jusqu'à présent, la seule méthode pour savoir si vous avez la covid 19 ou pas est de procéder par une technique assez complexe appelée biologie moléculaire qui n'est pas accessible à tout le monde. Si aujourd'hui il y a des cas de covid (je touche du bois) dans le Burkina profond, il faut se donner les moyens de poser le diagnostic sans déplacer les échantillons jusqu'à Ouagadougou. Nous allons valider ce test pour voir s'il peut être utile dans le contexte burkinabè où nous n'avons pas les moyens de mettre partout dans le pays le diagnostic par amplification des acides nucléiques ou PCR.

C'est une mesure de prudence…
Il faut être prudent parce qu'il peut y avoir une deuxième vague comme je le disais tantôt. C'est ce que des chercheurs ont prédit, se basant sur le fait qu'avec l'arrivée des pluies, la température va baisser, et cela pourrait provoquer une résurgence. Dans cette dynamique, nous voulons également aller dans la communauté et mener des enquêtes pour savoir la proportion des personnes qui ont été réellement en contact avec le virus. Cela nous permettra de voir peut-être qu'il y a eu des gens qui ont été en contact avec le virus, mais qui n'ont pas développé la maladie. Ça va nous permettre de voir l'ampleur de la contamination parce qu'il y a des gens qui la manifestent de façon mineure et ne pensent pas qu'il est nécessaire d'aller à l'hôpital ou dans une formation sanitaire parce que c'est juste une petite toux ou un rhume. Voilà des questions auxquelles il faut continuer à répondre parce que l'épidémie n'est pas encore achevée. En cas de résurgence, on doit pouvoir anticiper en ayant à l'esprit certaines pratiques.

Y a-t-il un temps donné pour guérir de la pandémie ?
Certains patients peuvent mettre sept jours à guérir ; par contre d'autres peuvent mettre jusqu'à trois semaines, vingt-huit jours, voire un mois. A travers notre étude, on veut chercher à comprendre les raisons de ces différences de délai.

Entretien réalisé par Hadepté Da et Félicité Zongo

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