← retour Santé tropicale
Accès aux sites pays BENIN BURKINA FASO CAMEROUN CENTRAFRIQUE CONGO COTE D'IVOIRE GABON
GUINEE MADAGASCAR MALI R.D. CONGO SENEGAL TOGO
Le soleil | Sénégal | 19/11/2020 | Lire l'article original
Une irritation cutanée a entrainé l'hospitalisation de 305 pêcheurs originaires de plusieurs localités du Sénégal. Tous les malades ont été en activité à quelque 15 km du rivage. Les causes de ces irritations restent pour le moment indéterminées.
Des enfants jouent devant le district sanitaire de Thiaroye Sur Mer, malgré la forte canicule de l'après-midi, du 18 novembre 2020. L'ambiance est bon enfant à l'extérieur. À l'intérieur, l'atmosphère est lourde. Les regards sont braqués sur des groupes au visage et aux mains perlés de furoncles. Les rares femmes qui faisaient la queue dégageaient de la compassion. Les cas les moins graves sont dans un coin de la structure de santé. Ils échangent entre eux. D'autres passent des coups de fil. Les enflures et rougeurs sur leur peau donnent des frissons. Dans les couloirs, on découvre des patients qui ne tiennent presque pas.
Devant les toilettes, un autre jeune, les pieds et les mains piquetés de gros boutons se met à l'abri des regards. Son visage est fixé sur le sol. Il secoue, par moment, son corps et bat timidement les paupières. Ces signes sont révélateurs de son état d'éveil. « Je suis en train de guérir suite à une injection que j'ai reçue avant-hier. Depuis ce matin, je me sens mieux après trois durs jours d'intenses douleurs », confesse Modou Paye. Se dirigeant vers les toilettes, Samba (nom d'emprunt) titube. Il écarte les jambes et avance en titubant. Les cuisses s'éloignent l'une de l'autre. « Tous ceux qui sont en Djellaba et qui marchent doucement souffrent du même problème », souffle un autre pêcheur. Tous ont enfilé des boubous amples pour réduire les contacts avec les irritations.
À côté de lui, son collègue originaire de Saint-Louis peine à ouvrir la bouche, le coin des lèvres couvert de sortes de brûlures. « J'ai l'habitude de me débarbouiller le visage avec l'eau de mer lorsque je suis en mer », marmonne-t-il. Selon les témoignages, les parties du corps souvent en contact avec la mer sont les plus touchées. « Étant capitaine de la pirogue, mes six autres collègues sont tous infectés à l'exception de celui qui se maintenait devant et qui n'était pas en contact avec l'eau de mer », révèle Tapha Ndir.
Depuis une semaine, lui et d'autres personnes ne sont pas retournés en mer. Leur désarroi s'exprime par des larmes de douleur sortant des yeux gonflés. Ils n'ont plus la force de se gratter, les doigts font mal. En effet, l'infection donne des sensations de brûlures aux bouts des doigts.
La majeure partie de ces pêcheurs ne sont pas originaires de Thiaroye sur Mer. Ils ont débarqué sur les lieux et pour certains quatre jours après, les premiers boutons sont apparus accompagnés de fièvre.
« Lorsque les démangeaisons ont commencé, j'ai pensé au « Ndoxum Sitti ». À force de les gratter, j'ai eu des abcès, puis à chaque réveil, une nouvelle manifestation. J'ai alors décidé d'aller à l'hôpital. J'ai été surpris de constater que non seulement tous les membres de mon équipage étaient infectés, mais d'autres pêcheurs également sont touchés », raconte un pêcheur sous le sceau de l'anonymat, un pêcheur venu de Loumpoul. Ils ont tous été en mer. De retour sur la terre ferme pour débarquer, les manifestations ont commencé. L'origine de la maladie n'est pas encore déterminée. Mais certains pointent du doigt la pollution marine. «
Les pêcheurs viennent de Loumpoul, Saint-Louis et Fass Boye. Durant notre visite, mardi, plus de 50 cas ont été dénombrés et pris en charge. Des prélèvements sont faits. En attendant les résultats, nous ne pouvons encore déterminer la cause », révèle, au téléphone, une source qui aimerait taire son identité au sein du ministère de la Pêche et de l'Économie maritime.
Moustapha Diop est le président de l'Union nationale des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Unapas). Il est le premier à avoir lancé l'alerte. Suite à la récurrence des cas présentant les mêmes symptômes, il a saisi les autorités concernées, notamment les ministères de la Pêche et celui de la Santé. Il a dressé l'inventaire des cas entre mardi et mercredi avant de le remettre aux autorités. « Au total, 305 cas, avec plus de 150 cas ont été décomptés en 24h. Le rythme est effréné », dit-il.
Par ailleurs, suite à la visite du gouverneur de la région de Dakar à Thiaroye sur Mer, il est interdit aux pêcheurs d'aller en mer durant les trois prochains jours.
Diéry DIAGNE
Restez informés : recevez, chaque mercredi, la lettre d'informations de Santé tropicale. Inscriptions
Ce contenu gratuit vous est destiné :
Adresse
Téléphone
Contactez-nous
Actualités
Articles médicaux