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Les propriétaires des pharmacies ne savent plus
à quel saint se vouer. Le manque de pharmaciens, qui s'accentue,
est devenu un véritable casse-tête, comme une épée de Damoclès suspendue
au-dessus de leur tête.
C'est le cas de la pharmacie Careplus, de Quatre-Bornes. L'officine
n'arrive pas à trouver un pharmacien pour prendre la relève d'une
employée qui a décidé de partir début mars. De fait, Nagarajan Naidoo,
le propriétaire, a adressé une lettre au Pharmacy Board pour expliquer
son problème.
"Nous continuons les recherches mais, jusqu'ici,
cela n'a rien donné. Nous avons fait le tour de l'île pour trouver
un autre pharmacien. Au moins une quinzaine ont été contactés mais,
comme les avis de recrutement passés dans les journaux, cela n'a
rien donné", dit Nagarajan Naidoo.
Le nombre de permis accordés pour les pharmacies, actuellement dénombrée
à 206, n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Une tendance
que n'a pas suivi le nombre de pharmaciens. Pourtant, de l'avis
de l'Association des pharmaciens, il y a suffisamment de spécialistes
sur le marché local.
Le manque de pharmaciens entraîne souvent la fermeture temporaire
des officines, et ce jusqu'à ce qu'elles trouvent du personnel.
La loi exige en effet que chaque pharmacie doit avoir au moins un
pharmacien pour pourvoir opérer.
Ce problème cornélien est en partie attribuée au fait que nombre
d'étudiants partant à l'étranger compléter leurs études en pharmacie
ne rentrent pas au pays. Mais les nouvelles pharmacies, qui offrent
en général des salaires plus attrayants, réussissent néanmoins à
en attirer quelques-uns.
Salaires intéressants
Malgré le fait que cette situation provoque une
hausse constante des salaires, le pharmacien reste un oiseau rare.
Son salaire, pourtant, se situe entre Rs 25 000 et Rs 40 000 par
mois, contre Rs 15 000 seulement il y a à peine cinq ans. A noter
que les "locum" - c'est-à-dire les pharmaciens fonctionnant sur
une base temporaire lorsque, par exemple les titulaires sont en
vacances - perçoivent même jusqu'à de Rs 1 000 à Rs 1 500 par jour.
"L'interruption de nos activités fait évidemment grossir nos dettes
et nos découverts bancaires. Nous avons des engagements envers nos
employés. En début de semaine dernière, nous avons été obligés de
fermer temporairement. Et nous ne sommes pas les seuls dans cette
situation. Le problème est très grave. On semble oublier que nous
rendons service à la population", explique Arvind Mayaram, directeur
de la Luxmi Pharmacy, à Vacoas.
Comme les propriétaires de la pharmacie Careplus et la pharmacie
Simonet, il pense que les officines devraient être autorisées à
employer des pharmaciens étrangers, venant d'Inde par exemple. Les
contrats de ceux-ci peuvent être en effet de courte durée, allant
de trois à cinq ans. D'autant plus, estiment les propriétaires,
que le pays a recours aux services d'étrangers quand il s'agit de
pallier un manque cruel de main-d'œuvre, comme dans les secteurs
de la construction et du textile. "La situation est grave", dit
Sir Pierre Simonet, directeur de la plus vieille pharmacie du pays,
avec plus de 80 années d'existence. Si des pharmaciens étrangers
étaient employés dans les hôpitaux, cela pourrait libérer les Mauriciens
qui, dès lors, pourraient se tourner vers le privé, croit Nagarjan
Naidoo.
Amendement sollicité
De même, dit-il, on pourrait aussi amender la loi
pour que les compagnies qui emploient un pharmacien pour des opérations
"wholesale" et un autre pour le "retail", n'utilisent les services
que d'un seul. Cela nous permettrait de recouvrer les investissements
importants consentis dans la construction de bâtiments, la constitution
de stocks et l'amélioration de l'environnement au travail. "Nous
avons aussi proposé qu'il y ait un pharmacien pour deux pharmacies.
Mais il faudrait alors que la Pharmacy Act soit amendée", dit Arvind
Mayaram.
Tous ces problèmes ont été portés à la connaissance du ministère
de la Santé, affirment les propriétaires de pharmacie. Mais, à ce
jour, aucune réponse n'a été rendue sur les propositions faites.
Pour défendre leur cause, les directeurs d'officines comptent se
regrouper en une association.
L'objectif, dit Arvind Mayaram, sera d'essayer de vendre les produits
pharmaceutiques à un prix compétitif. La possibilité d'importer
directement leurs médicaments, plutôt que de passer par des grossistes,
est même envisagée.
Alain BARBÉ
Lire l'article original : http://www.lexpress.mu/display_search_result.php?news_id=13807
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