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La maladie des "greniers vides" touche des populations pauvres
n'ayant pas accès à l'eau potable et à un service de santé de qualité.
La dracunculose, plus connue sous le nom de "maladie du ver de Guinée"
est une parasitose invalidante qui se manifeste par l'émergence
cutanée de la femelle adulte d'un ver filiforme appelé dracunculus
medinensis pouvant atteindre 60 à 100 centimètre de long. Le sujet
sain attrape la maladie en buvant de l'eau contenant des cyclopes
(crustacés d'eau douce) infestés par les larves de dracunculus medinensis.
Une maladie en africaine
La dracunculose est connue depuis l'antiquité à cause de ses conséquences
socio-économique graves. Elle se transmet exclusivement par voie
orale (l'eau de boisson) et sévit en général, en zones rurales où
l'on boit des eaux stagnantes de surface (mares, marigots, ou puits
traditionnels non protégés). C'est aussi une maladie liée à la pauvreté
et à l'ignorance contre laquelle il existe cependant des moyens
simples et efficaces de préventions à la portée de tous.
En présidant hier matin au palais des Congrès, la cérémonie d'ouverture
de la 9è réunion des coordinateurs des programmes nationaux d'éradication
et la dracunculose, le chef de l'Etat Amadou Toumani Touré confirmait
combien cette cause lui tenait à coeur et combien restaient présentes
en lui les dix années consacrées à lutter contre cette maladie invalidante.
Si aujourd'hui l'espoir est permis d'éradiquer totalement la maladie
dans notre pays, le bout du tunnel est encore loin aussi bien pour
d'autres pays du monde que pour l'Afrique qui abrite le gros des
victimes.
Lors de la décennie internationale de l'eau potable 1981-1990 l'Assemblée
mondiale de santé a adopté une résolution invitant les États membres
à éradiquer la dracunculose. Elle avait estimé entre 3 et 5 millions
le nombre de malades dans le monde. 22 pays dont 19 en Afrique avaient
été déclarés endémiques.
La 1ère Conférence régionale africaine de lutte contre la dracunculose
s'est tenue dans la capitale nigérienne en 1986, pour déterminer
le niveau réel d'endémicité dans le monde. En 1989, 892 000 cas
étaient recensés dans le monde. Notre pays comptait à cette date
16 024 cas pour 4 régions, selon une enquête nationale.
C'est depuis cette date que les pays confrontés à une situation
épidémiologique endémique ont élaboré et entrepris de mettre en
œuvre des programmes nationaux d'éradication de la maladie.
Résultats hétérogènes
Aujourd'hui la lutte contre la maladie connaît des résultats techniques
positifs, a indiqué le représentant de l'OMS au Mali Lamine Cissé
Sarr. Mais ces résultats sont très hétérogènes, variant d'un pays
à un autre et d'une région à l'autre dans le même pays a-t-il ajouté.
Le Mali, a relevé le ministre de Développement social, de la Solidarité
et des Personnes âgées, Mme N'Diaye Fatoumata Coulibaly, fait partie
des 12 pays du monde où cette maladie reste endémique. Toutefois
des mesures visant à son éradication ont été prises en 1990 à travers
un projet pilote dans le cercle de Douentza. Avec l'implication
personnelle de Amadou Toumani Touré, le programme s'est étendu en
1993 sur tout le pays et a permis, en 2000, de réduire de 99,98
% le nombre de malades du ver de Guinée dans notre pays.
Au cours de cette rencontre qui regroupe les responsables nationaux
des programmes d'éradication du ver de Guinée du Bénin, du Burkina
Faso, de Côte d'Ivoire, d'Éthiopie, du Ghana, du Mali, de Mauritanie,
du Nigeria, de République Centrafricaine, du Togo, d'Ouganda et
du Soudan, les participants apprécieront, pays par pays, le niveau
de mise en œuvre des activités d'éradication en 2003, ainsi que
celui des recommandations de la 8è réunion tenue à Kampala en avril
2003. Ils vont aussi déterminer les progrès réalisés en matière
d'éradication de la maladie en 2003, discuter avec les partenaires
les plans d'action 2004 et des ressources nécessaires pour leur
exécution et enfin formuler des recommandations pour améliorer la
performance des programmes nationaux.
C'est donc à juste raison que le président Amadou Toumani Touré
montrera un grand intérêt pour la rencontre. Au-delà des moyens
conséquents dont nous disposons, la lutte contre la maladie passe
aujourd'hui par la mobilisation de toutes les populations, constatera-t-il.
Cette mobilisation doit être soutenue a-t-il ajouté, car la dracunculose
connue chez nous sous le nom de maladie des "greniers vides", demeure
une maladie du sous-développement qui touche des personnes déjà
pauvres n'ayant pas accès à l'eau potable et à des services de santé
de qualité. Touchant du doigt les conséquences de la maladie, il
rappellera que celle-ci immobilise les bras valides pendant une
période et à des moments où la force de production est la plus nécessaire.
C'est à dire la période d'activités agricoles.
La réunion des coordinateurs est soutenue par le centre Carter Global
2000, l'OMS et l'UNICEF.
Be COULIBALY
Lire l'article original : http://www.essor.gov.ml/jour/cgi-bin/view_article.pl?id=6489
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