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Notre envoyé spécial à Yamoussoukro pour le lancement du2 e passage
de la 7e édition des JNV s'est entretenu avec le ministre de la
Santé.
Fraternité Matin : M. le ministre, vous
venez de procéder au lancement du deuxième passage des J.N.V. Quel
bilan faites-vous des premières journées ?
Dr Albert Mabri Toikeusse : Il
y a environ cinq semaines que nous avons lancé le premier passage.
Il s'est très bien déroulé sur l'ensemble du territoire national.
Nous avons atteint de bons taux de couverture. Les taux les plus
faibles (48%) ont été enregistrés à Bangolo et à Tabou. Mais, nous
sommes allés jusqu'à 124% dans le district d'Abidjan nord.
Au plan national, le taux de couverture est de l'ordre de 92%. C'est
satisfaisant, surtout après deux ans sans campagne de vaccination
contre la polio. Mais, nous devons croire que nous avons le devoir
de pousser un peu plus loin pour améliorer ce taux. Et nous assurer
que toutes les cibles ont été atteintes. C'est la raison de tout
ce que nous avons mis en jeu pour que le deuxième passage soit une
réussite.
Fraternité Matin : Pour ce deuxième passage
vous étiez personnellement sur le terrain. Peut-on en avoir une
idée ?
Dr Albert Mabri Toikeusse : Ce
deuxième passage couvrira également l'ensemble du territoire national,
c'est-à-dire nos districts de santé : au sud, au nord, au centre,
à l'est et à l'ouest. Pour la circonstance, des équipes ont été
mobilisées avec le soutien de l'OMS, du ROTARY, de l'UNICEF et de
tous nos partenaires de coopération bilatérale. Notamment la coopération
belge.
Nous sommes sur le terrain et nous ferons en sorte que tous ces
enfants soient effectivement vaccinés. Ce que nous demandons, c'est
l'adhésion des forces de défense et de sécurité de tous les bords.
C'est également celle des populations quelles que soient leurs croyances
religieuses, traditionnelles ou de tout autre ordre.
Nous pensons, après la tournée de mobilisation sociale qui nous
a conduits dans plusieurs départements, que nous aurons l'adhésion
des uns et des autres. La seule crainte que nous avons actuellement
est vis-à-vis d'Abidjan. Néanmoins nous pensons pouvoir mettre en
place une stratégie qui permettra assez rapidement de rattraper
ce qui est en voie d'être perdu à Abidjan.
Fraternité Matin : Par négligence, certains
parents peuvent ne pas faire vacciner leurs enfants, malgré les
deux passages. Est-ce à dire, M. le ministre, que ces enfants sont
sacrifiés ?
Dr Albert Mabri Toikeusse : Les
journées nationales de vaccination viennent en renfort à la vaccination
de routine qui se fait dans tous nos centres de santé. Et où celle
pour lutter contre la polio tient une place de choix. Par conséquent,
les parents n'ont même pas besoin d'attendre l'organisation des
journées nationales de vaccination contre la polio pour faire vacciner
leurs enfants. Ils peuvent aller dans n'importe quel centre de santé
pour que l'enfant reçoive sa dose de vaccin orale.
Ces centres seront toujours ouverts. Nous sommes en train d'améliorer
la vaccination de routine. Notamment dans les régions du centre,
du nord et de l'ouest où ces services n'étaient pratiquement plus
existants.
Nous allons également faire le ratissage partout où cela s'impose.
Donc aucun enfant ne sera sacrifié. C'est un devoir pour nous. Tout
ce que nous demandons, c'est l'adhésion de tous. Que des portes
s'ouvrent afin que chaque enfant soit vacciné. Dans le cas contraire,
conduire les enfants partout où ils doivent recevoir leur dose de
vaccin.
Fraternité Matin : Après polio plus,
quel sera votre champ de bataille médical ?
Dr Albert Mabri Toikeusse : Nous
n'avons malheureusement pas la possibilité d'hiérarchiser les actions
et de les planifier dans le temps. Parce que les urgences sont si
nombreuses et nous sommes si assaillis que nous n'avons pas le temps
de dire : " La prochaine fois, ce sera tel ou tel secteur ".
Nous faisons pratiquement tout en même temps. Nous sommes sur le
front de la polio, de la lutte contre le sida. Nous sommes face
à la tuberculose qui est en train de remonter en force avec la crise.
Nous devons faire face au paludisme, aux maladies infantiles, à
la mortalité maternelle. Nous avons trop d'urgences. Mais nous essayons
de faire en sorte, avec le soutien des partenaires appuyé par l'engagement
du Chef de l'Etat, du Premier ministre et du gouvernement de réconciliation
nationale, de nous doter de quelques ressources qui nous permettent
d'aller rapidement.
Le combat contre le sida est en cours. Il va s'intensifier dans
les semaines à venir, tout comme celui contre la tuberculose. Mais
nous attendons de faire un peu plus contre le paludisme et contre
bien d'autres problèmes que nous avons. Toutefois, nous ne pouvons
réussir tout cela que dans la paix. Pour cela, nous souhaitons que
la paix revienne rapidement, que notre territoire s'unifie et que
tous, nous nous réconcilions.
Cela nous donnera des forces et libérera les partenaires et toutes
les énergies. Et nous pourrons alors donner à la Côte d'Ivoire,
la santé dont elle a besoin pour se développer.
Ernest Simon AKA
Lire l'article original : http://www.fratmat.co.ci/content/detail.php?cid=710n2zdq5le
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