|
RICHARD-TOLL - Malgré une timide synergie, constat
du ministre sénégalais de la Santé et de la Prévention, le Dr Issa
Mbaye Samb, "le Sénégal et la Mauritanie sont plus que jamais condamnés
à mettre les efforts ensemble dans la lutte contre les bilharzioses".
A Richard-Toll, avant-hier (mercredi), les autorités sanitaires
des deux pays riverains, présentes au lancement des premières journées
nationales de mobilisation pour la lutte contre cette endémie, ont
évoqué l'urgente nécessité de redoubler les efforts pour réduire
l'impact de la bilharziose sur leurs populations.
Le Dr Issa Mbaye Samb, ministre de la Santé et
de la Prévention du Sénégal et le Dr Nassy, représentant son collègue
de Mauritanie, M. Isselmou Ould Abdoul Kader empêché, ont donc révélé
à Richard-Toll leur engagement conjoint. "Je pense qu'il nous faut
nous ceindre encore davantage les reins pour développer une synergie
à l'image de celle que nos deux pays avaient développée pour éradiquer
le Ver de Guinée", a laissé entendre le Dr Issa Mbaye Samb. Les
deux parties ont convenu que leurs techniciens devraient se rencontrer
pour élaborer une convention-cadre qui définira de nouvelles stratégies
de lutte contre la bilharziose. Car, comme ont tenu à le souligner
les différents leaders communautaires qui se sont succédé, "le parasite
ne reconnaît pas les frontières. Il ne reconnaît également ni de
rive gauche, ni de rive droite du fleuve que les populations des
deux pays partagent quotidiennement". De ce point de vue donc, "nous
sommes condamnés à mettre les efforts ensembles pour éradiquer ce
mal", a estimé le Dr Issa Mbaye Samb.
"Nos deux programmes ont déjà identifié des axes
de collaboration, suite au voyage d'étude au Sénégal d'une équipe
du programme national de lutte contre les bilharzioses de Mauritanie
dans le cadre d'un partenariat scientifique", a ajouté le Dr Issa
Mbaye Samb.
A Richard-Toll où l'on note une prévalence de près
de 90 %, la bilharziose constitue la deuxième cause de mortalité
après le paludisme. Et c'est dans toute cette zone de la région
naturelle du Fleuve que cette maladie est devenue endémique. La
cote d'alerte a été dépassée et tous les moyens sont mis en œuvre
dans cette lutte pour renforcer la prévention à travers l'approche
communautaire, stratégie la mieux développée. Plusieurs groupes
ou organisations se sont engagés devant le ministre à œuvrer dans
ce sens. Il y a aussi le dépistage qui a permis de toucher plus
de 40.000 enfants des écoles et "daaras" (écoles coraniques) de
la zone dont les 70 % ont été traités gratuitement. Le programme
national de lutte continue encore ce traitement de masse.
Les autorités sanitaires comptent donc mettre à
profit les journées nationales pour toucher le maximum de cibles,
en procédant à une mise à jour des connaissances scientifiques sur
les bilharzioses et à une large diffusion des stratégies de lutte
retenues par le Programme national. Il s'agit également, en ce qui
concerne les axes des interventions du programme, de sensibiliser
les décideurs, les collectivités locales et les partenaires au développement
pour obtenir leur implication dans la lutte contre les bilharzioses.
De leur côté, la Mairie de Richard-Toll et le Conseil régional ont
manifesté leur intention de renforcer l'ensemble des structures
sanitaires des localités. Le Conseil régional, avec son programme
"Espoirs" de lutte contre les bilharzioses, grâce au partenariat
avec Nord-Pas-de-Calais, a promis de s'investir davantage.
Les autorités sanitaires ont vu aussi que la sensibilisation
des populations des zones endémiques, en particulier les enfants,
les jeunes, les femmes et les "Leaders" d'opinion est nécessaire
pour susciter la création de comités de lutte contre les bilharzioses
dans les régions et les districts des zones endémiques. C'est là
le gage d'une appropriation certaine de la cause. Et cette question
a été mise en exergue pendant ces journées. En plus de l'organisation
de manifestations populaires, il est prévu des séances de distribution
gratuite de Praziquantel, le médicament contre la bilharziose, au
niveau de toutes les zones endémiques du pays.
MOHAMADOU SAGNE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=35232&index__edition=10122
|