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La délégation dirigée par Arthur Z'Ahidi Ngoma
comprend notamment le ministre des Affaires sociales, Ingele Ifoto,
le vice-ministre de la Santé, Aziz Kumbi, ainsi qu'une équipe d'experts
de la IIIème direction du ministère de la Santé publique. Contrairement
à ce que nous annoncions dans ces mêmes colonnes en début de semaine
dernière, la délégation congolaise qui devait se rendre en Inde
n'avait pas effectué le déplacement en raison des événements qui
avaient secoué la capitale de la RDC dans la nuit du samedi 27 au
dimanche 28 mars.
Un communiqué rendu public au lendemain de ces
incidents avait même précise que le Vice-président de la République
en charge de la Commission sociale et culturelle, Arthur Z'Ahidi
Ngoma, chef de la délégation, était en bonne santé. C'était pour
couper court à la rumeur selon laquelle ce dernier avait été victime
de l'opération du 28 mars. On peut donc penser que cette fois sera
la bonne pour la délégation congolaise aussi bien que pour les malades
du sida dans la mesure où la délégation congolaise a repris l'avion
dimanche en direction de New Delhi. Objectif trouver une solution
pour les nombreux séropositifs congolais qui ont jusqu'ici difficile
à faire face aux questions de prise en charge de leur état de santé.
L'agenda de la mission prévoit des discussions
avec deux firmes indiennes, dont la plus connue est Zenufa, afin
de faciliter l'accès des Congolais aux anti-rétroviraux. Raison
pour laquelle on fait état d'une forte présence des techniciens
de la Santé au sein de cette mission. Mais il y a aussi et surtout
l'importante question de la prise en charge des personnes vivant
avec le vih, qui doit constituer une dimension essentielle dans
l'appréciation de l'offre indienne en rapport avec la précarité
dans laquelle évoluent la plupart des Congolais malades du sida.
D'où la présence tout aussi remarquable du ministre des Affaires
sociales en personne au sein de la délégation conduite par Arthur
Z'Ahidi Ngoma.
L'enjeu, selon Ingele Ifoto, est de taille. Non
seulement parce qu'il va falloir négocier l'accès des malades aux
anti-rétroviraux à des prix compétitifs, mais aussi et surtout parce
que les Congolais devront saisir cette occasion, si l'offre indienne
répond aux normes, pour évaluer leurs termes de référence en matière
de prise en charge des malades du sida. Jusqu'à preuve du contraire,
reconnaît le ministre Ingele Ifoto, les malades se prennent eux-mêmes
en charge dans des structures et organisations privées. C'est le
cas par exemple de "Femmes Plus" et de bien d'autres. Cela doit
cesser et le gouvernement doit être en mesure de faire face à ses
obligations, martèle Ifoto, plus que jamais conscient des responsabilités
qui sont les siennes dans la définition des éléments de la politique
congolaise de prise en charge des personnes vivant avec le vih.
"Nous allons négocier très fort", poursuit le ministre des Affaires
sociales.
Pour lui, "l'idéal n'est pas seulement de faciliter
l'accès aux produits. Mais aussi de faire en sorte qu'il y ait,
à terme, possibilité pour la RDC de produire localement les antirétroviraux.
Nous devrions donc être ambitieux dans nos discussions avec les
partenaires indiens en envisageant sérieusement un transfert conséquent
de technologies. C'est aussi cela la prise en charge. C'est-à-dire,
en somme, une question de développement". Prévue pour une dizaine
de jours, la mission de la délégation gouvernementale dans le sous-continent
indien ne devrait pas excéder, selon certaines prévisions, une semaine.
Le temps pour les Congolais de rencontrer les autorités indiennes,
de discuter avec elles des questions de coopération et de solliciter
leur appui dans la question délicate mais très sensible de l'accès
au antirétroviraux. Le gouvernement qui avait promis de mettre ces
produits à la disposition des malades congolais au prix d'un dollar
par mois à l'occasion de la journée mondiale sida 2003 à plus que
jamais l'obligation du résultat. Une obligation d'autant plus ardente
que les récentes discussions dans le même domaine avec des partenaires
sud-africains ont échoué, désespérant les malades qui avaient déjà
commencé à entrevoir une lueur d'espoir. Mais ce n'est pas le seul
élément volatil dans la partie de billard qui s'annonce.
Les Indiens, apprend-on de source digne de foi,
n'ont toujours pas avalé l'échec subi dans leur tentative d'implanter
en RDC une firme de production de la quinine. Le puissant lobby
pro-Pharmakina avait joué et gagné, rendant au passage certaines
relations difficiles entre quelques membres du gouvernement. Il
va falloir à Z'Ahidi d'utiliser tous ses talents de négociateur
pour faire avaler l'amère pilule - c'est le cas de le dire - aux
maharadjahs indiens.
KGM | Le Phare
Lire l'article original : http://www.digitalcongo.net/fullstory.php?id=35997
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