|
Pallavi Purmah, âgée de 5 ans,
est morte de la malaria le 9 avril. Son décès remet en question
le mode de contrôle sanitaire. Avec la hausse du nombre des voyages,
les moyens semblent dérisoires.
Maurice n'est pas à l'abri de la malaria. La mort
d'une fillette de 5 ans, Pallavi Purmah, nous le rappelle. Elle
est décédée après avoir contracté le Plasmodium falciparum, la forme
la plus mortelle de la malaria, appelée aussi paludisme. Le ministère
de la Santé attribue la source de l'infection à un bébé comorien
de douze mois.
Si la maladie a été "importée", on peut se demander
si les contrôles sanitaires sont efficaces. Difficile quand on manque
de personnel. Douze officiers sont affectés aux comptoirs sanitaires
du port et de l'aéroport. Ils doivent noter les noms des voyageurs
venant des pays à risques et donner ces renseignements aux 161 Health
Surveillance Officers (HSO) appelés à contrôler l'état de santé
de ces voyageurs. Et pour tout le territoire, il n'y a que 57 Insecticide
Sprayermen depuis 1999.
Abandon du numérotage des maisons
Des moyens dérisoires quand on considère le nombre
de Mauriciens qui voyagent dans des pays où sévit la malaria. En
2003, 3 499 Mauriciens se sont envolés pour Madagascar, une hausse
de 69,5 % par rapport à 2002. "Nous manquons vraiment de personnel.
Maurice est très exposée à cause du nombre accru de gens qui voyagent
d'année en année", affirme un responsable de l'inspectorat sanitaire.
Le Dr Chinien Ragavoodoo, consultant au ministère de la Santé et
spécialiste des maladies transmissibles, ne partage pas cet avis.
"Non, je ne pense pas qu'il faille augmenter le nombre de HSO. Nous
en avons suffisamment actuellement", dit-il.
L'inspecteur sanitaire pense que le ministère devrait
recréer les postes de laboureurs. Autrefois, ils étaient vingt à
surveiller en permanence les lieux où les moustiques prolifèrent.
Il déplore aussi l'abandon du numérotage systématique des maisons
dans chaque région. "Cela nous permettait de faire un travail précis
lorsqu'une menace d'épidémie se profilait."
Le manque de contrôle du travail effectué par les
Field Workers, les HSO et les Insecticide Sprayermen posent également
un gros problème. Un avis que partage Philippe Mootoosamy, un ancien
Chief Health Inspector. "Le système peut ne pas être hermétique
à cause d'une poignée de fonctionnaires qui ne font pas correctement
leur boulot." Durant sa carrière, notre interlocuteur dit en avoir
vu de toutes les couleurs. Par exemple, il confie que certains HSO
faussaient les données. "Dans les, années 60, il y a eu le cas de
deux autres inspecteurs qui, au lieu de prendre les échantillons
de sang sur les malades, prélevaient leur propre sang et affirmaient
que c'était celui des malades." Le secrétaire colonial avait à l'époque
pris des sanctions sévères à leur encontre, se souvient-il.
Les failles peuvent également survenir au comptoir
sanitaire. En juin 2003, trois journalistes, qui revenaient de Madagascar,
ont quitté l'aéroport sans avoir remis la fiche indiquant de quel
pays ils revenaient et où ils logeaient. Motif : le comptoir occupé
par un fonctionnaire du ministère de la Santé était vide. "À chaque
fois que je rentre de voyage, je me fais un devoir d'effectuer un
test sanguin dans un centre de santé, car la plupart du temps je
ne suis pas à la maison", explique un cadre d'une compagnie d'assurances.
Les touristes en provenance des foyers de paludisme
comme Madagascar, la Tanzanie ou les Comores sont systématiquement
contrôlés. Mais la tâche du HSO se complique lorsque le touriste
ne loge pas à l'adresse indiquée.
Depuis le décès de Pallavi, le ministère de la
Santé ne veut prendre aucun risque. C'est le branle-bas de combat
pour réduire au maximum les risques d'infection. "Tous les passagers,
quel que soit le pays où ils ont pris l'avion, sont contrôlés. La
désinsectisation des avions est systématique", déclare le Dr Ragavoodoo.
À Tranquebar, des désinfections sont entreprises
et 1 516 personnes ont subi des tests sanguins. Les endroits susceptibles
de favoriser le pullulement des moustiques sont détectés à titre
préventif.
Lire l'article original : http://www.lexpress.mu/display_search_result.php?news_id=16780
|