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Selon le Syndicat national des médecins (Synamed),
ces derniers vont observer un arrêt de travail du 5 au 7 avril,
dans la Ville de Kinshasa, afin de manifester leur mécontentement
sur leur situation sociale médiocre. Le salaire insignifiant alloué
aux médecins pousse ces derniers à s'expatrier, faisant ainsi profiter
leurs connaissances et savoir-faire à d'autres pays du monde qui
n'ont pourtant pas investi dans leur formation.
Le Syndicat national des médecins (Synamed) vient
de décider de lancer une manifestation de grande envergure dans
la ville de Kinshasa, pour exprimer un sentiment général de mécontentement.
Le problème pose porte sur l'obtention d'un Statut spécifique des
médecins des services publics de l'Etat, au regard de la situation
précaire dans laquelle évolue le médecin congolais. Ainsi, en exécution
des décisions prises lors des assemblées générales tenues respectivement
les 17, 18, 19 mars 2004, le Synamed organise, du lundi 5 au mercredi
7 avril prochain, trois journées dites " Hôpitaux sans médecins
" dans toutes les formations médicales publiques de Kinshasa.
Revendications
Dans sa lettre n° 004/BEP/ Kin/2004 du 23 mars
adressée au gouverneur de la ville de Kinshasa et dont copie pour
information a été pratiquement réservée à toutes les autorités du
pays, le bureau exécutif provincial du Synamed que coordonnent les
docteurs Mankoy et Boleilanga, respectivement secrétaire provincial
et premier secrétaire provincial adjoint, déplore le silence glacial
qui entoure le dossier des médecins bien que leur cahier des charges
ait été remis officiellement à l'autorité de tutelle en date du
19 novembre 2003.
Les revendications des médecins, qui s'interdisent de parler de
"grève" s'agissant de leur manifestation, se circonscrivent en quatre
réflexions. Celles-ci tournent, de prime abord, autour du salaire
mensuel d'un médecin, à hauteur de 4.477 Fc soit "moins que le prix
d'un sac de riz", se plaignent-ils.
Ensuite, le Synamed constate que les hôpitaux de la République démocratique
du Congo se vident de leurs médecins, au profit d'autres pays du
monde "qui n'ont pas investi dans leur formation", à cause de cela.
S'agissant des honoraires des médecins, le Synamed fait remarquer
que sur les 5.000 Fc payés par un malade reçu en urgence, "médecin
ne touchera que 13%, c'est-à-dire 650 Fc lesquels seront versés
dans la caisse du département". D'où, cette interrogation du syndicat
des médecins : "En faudrait-il combien pour que la cagnotte du médecin
soit consistante ?".
La quatrième réflexion semble plus dramatique, présentée également
sous la forme d'une question que pose le Synamed à la population.
"Que dire de la bailleresse du médecin qui ne peut accepter un jour
de retard de paiement du loyer et qui, à minuit, peut réveiller
le médecin parce que son enfant à de la fièvre ? Et pour une consultation
et un traitement gratuits !".
C'est donc avec la ferme conviction que les autorités politiques
et législatives vont se montrer attentives à leurs réclamations
que les médecins vont se rassembler lundi à 9H30 au terrain de football
de l'Hôpital général de Kinshasa d'où ils vont entamer une "marche
pacifique, silencieuse, en blouse blanche". La marche va les conduire
au cabinet du ministre de la Santé à qui ils vont remettre officiellement
un projet du Statut spécifique des médecins des services publics
de l'Etat. Le même document sera remis, mardi, aux présidents respectifs
de l'Assemblée nationale et du Sénat.
La journée de mercredi sera consacrée à une réunion mixte d'évaluation,
par les médecins de Kinshasa, des retombées des trois journées "Hôpitaux
sans médecins", selon les indications contenues dans le programme
des manifestations.
Des causes lointaines
Le 1er mars 1968, le président de la République
promulguait l'ordonnance-loi n° 68/071 portant réquisition des médecins
congolais. Le document stipulait, en son article 4, "la durée de
la réquisition sera de 3 ans à compter du jour où les intéressés
auront reçu une affectation". Et aux termes de l'article 6, "un
arrêté du ministre de la Santé publique déterminera le traitement
et les avantages accessoires dont les médecins requis bénéficieront
pendant la durée de la réquisition". D'où, l'arrêté d'exécution
n° MS/1250/CAB/2/68 du 1er mars 1968.
Le 30 mai 1969, le président de la République publiait la deuxième
ordonnance loi n° 69/020 du 30 mai 1969 modifiant et complétant
celle portant réquisition des médecins congolais. Cette fois-ci,
il renforçait les mesures de répression contre les médecins récalcitrants
en ajoutant l'article 8 bis. Cette disposition stipule que "le ministre
de la Santé publique pourra interdire temporairement ou définitivement
l'exercice de la médecine à tout médecin requis qui aura refusé
ou abandonné le service qui lui aura été assigné. La durée de l'interdiction
temporaire ne sera pas inférieure à 1 an ni supérieure à 3 ans.
Elle ne sera pas prise en compte pour le calcul de la durée de la
réquisition". Des ministres de la Santé se sont succédés sans qu'un
arrêté n'ait été pris, soit pour continuer à réquisitionner, soit
pour sanctionner la fin de la réquisition conformément à ladite
ordonnance-loi. Ce faisant, cette réquisition a été transformée
en une opération à la fois automatique et élastique à jamais, déplore
le Synamed.
Par ailleurs, l'ordonnance-loi n°82/013 du 24 mars 1982 modifiant
et complétant celle du 1er mars 1968 vint renforcer le "malheur"
des médecins congolais. Les alinéas 1er, 2ème et 4ème de l'article
4 prolongent, en effet, la durée de la réquisition à sept ans. L'article
6 dispose même que, "pendant toute la période de la réquisition,
les médecins requis sont régis, mutatis mutandis, par le statut
du personnel de carrière des services publics de l'Etat".
Selon le Synamed, article constitue la source des malheurs des médecins
requis parce qu'il supprime tous les avantages et accessoires acquis:
primes de diplôme, de fonctions spéciales, de risque. Alors, la
profession médicale est entrée dans la Fonction publique pour faire
perdre aux médecins tous leurs privilèges.
Par bonheur, la fin du calvaire des médecins interviendra avec la
signature d'une quatrième ordonnance-loi, celle portant le n°87/009
du 21 mars 1987, en les sortant de la Fonction publique. Malheureusement,
cette ordonnance-loi n'a jamais été exécutée jusqu'à ce jour, indique-t-on
au Synamed qui stigmatise que "cela fait exactement 17 ans de travail
sans statut et d'attente pour les médecins".
Urgence a une solution appropriée
Avec les 19 ans sous le régime de réquisition,
ajoutés aux 17 ans d'attente du nouveau statut depuis l'abrogation
de ladite réquisition, on en arrive à 36 ans dont parlent les médecins.
Quand bien même le Syndicat national des médecins ait pris la précaution
de placer des équipes de service minimum dans toutes les formations
hospitalières publiques durant les trois journées dite : "Hôpitaux
sans médecins", il importe que les autorités politiques prennent
cette situation très au sérieux.
Autant des dispositions sont envisagées pour satisfaire aux revendications
des agents et fonctionnaires de l'Etat, de la même manière le gouvernement
est appelé à se pencher d'urgence sur les réclamations des médecins
qui figurent parmi les principales victimes de la récession continue.
Leur salaire mensuel ayant dégringolé de 3.600 Usd il y à une vingtaine
d'années à moins de 15 Usd aujourd'hui !
LP | Le Potentiel
Lire l'article original : http://www.digitalcongo.net/fullstory.php?id=35929
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