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Plus
de 200 spécialistes civils et militaires de plusieurs pays d’Afrique
et d’Occident se réunissent depuis ce matin à Dakar. Ils se penchent
sur les problèmes de santé et de sécurité qui assaillent les pays
et les populations d’Afrique. Le but recherché est de partager les
expériences et les idées afin de parvenir à l’éradication ou, du
moins, à la limitation de nombreuses affections qui touchent les
pays d’Afrique.
Le
séminaire sur la santé et la sécurité en Afrique est organisé par
un organisme américain, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique
(Cesa). Celui-ci reçoit un soutien et un financement du gouvernement
des Etats-Unis. Il est dirigé par Mme Nancy J. Walker, qui a été,
durant des années, fonctionnaire aux départements d’Etat et de la
Défense de son pays. Dans son message introductif, elle a donné
une des motivations de sa structure : “Les maladies et la pauvreté
transcendent les frontières physiques et professionnelles. Il est
donc illusoire pour n’importe quel pays de vouloir cantonner le
combat dans les limites de son territoire”.
C’est
le président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui a présidé
la cérémonie d’ouverture. Il a rappelé, à cette occasion que la
sécurité et la bonne gouvernance constituent deux volets importants
du Nepad. “On ne peut pas développer un pays quand on passe son
temps à soigner des malades ou à enterrer des morts. Or, l’Afrique
n’est pas très loin de ce cas, avec les ravages occasionnés par
des maladies comme le sida ou le paludisme”. Les spécialistes vont
tenter d’offrir des solutions aux problèmes que les pays africains
partagent tous.
Les
répercussions de la situation économique et politique sur la santé
ne vont pas être occultées. Au cours de la session d’hier, le Dr
Rufaro Chatora, de l’Oms a montré la corrélation profonde entre
l’insécurité médicale et la pauvreté. Il a relevé que dans la moitié
des pays africains au moins, la moitié de la population n’a pas
accès aux soins de santé primaire. Par ailleurs, dans plus de 20
pays, les montants consacrés aux dépenses de soins n’excèdent pas
20 dollars par habitant et par an. De manière symptomatique, ces
carences ne sont pas prioritaires pour de nombreuses institutions
gouvernementales. Le Dr Chatora explique que “nombreuses sont les
populations d’Afrique qui ne songent qu’à assurer le prochain repas.
Les problèmes de santé ne leur semblent pas préoccupants. Il est
inimaginable que l’on puisse compter sur elles pour élaborer des
programmes de développement”. Il en ressort que “les habitants de
l’Afrique subsaharienne risquent plus de tomber malades ou de mourir
d’une maladie infectieuse qui peut être évitée ou traitée que tout
autre groupe de population”.
La directrice du Cesa et ses partenaires vont chercher à faire ressortir
les liens qui existent entre les problèmes de sécurité et la santé.
Ils soulignent d’ailleurs le fait que les pays en conflit ou en
faible niveau de sécurité sont ceux qui ont les chiffres les plus
élevés, en terme de détérioration des soins de santé. Néanmoins,
Mme Walker insiste sur le fait que : “la sécurité va au-delà de
la stabilité politique ou de la protection des frontières contre
une agression extérieure. Elle concerne également le bien-être des
individus”. De ce fait, sans un certain degré de bien-être économique
et social, une société ne peut pas se considérer comme étant en
sécurité. De même, des services de santé inadaptés ou une mauvaise
situation sanitaire doivent être matière à inquiétude pour des responsables
de la sécurité nationale.
Les
personnes en mauvaise santé ne peuvent mettre la totalité de leur
potentiel humain au service de la société. Il en découle des problèmes
d’exode de cerveaux ou tout simplement de déplacement de populations.
Ce qui, avec le risque de déstabilisation créé dans la région, provoquerait
des problèmes plus vastes d’insécurité transfrontalière.
Tous
ces aspects et bien d’autres encore, seront approfondis au cours
des débats. Le séminaire va prendre fin vendredi prochain. Le président
Wade dit en attendre des pistes d’action, dont il fera part à ses
partenaires dans le cadre du Nepad. Mohamed GUEYE
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9518&unelocale__edition=3053
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