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Organisée par l'Action Congolaise pour une Maternité
sans Risque (ACMR) que préside le professeur Hervé Iloki, la première
journée scientifique sur la "Maternité sans risque" s'est tenue
hier à Brazzaville dans l'amphithéâtre le Phénotype. Gynécologues,
obstétriciens, médecins, chercheurs, sages-femmes, infirmiers, brancardiers,
épidémiologistes se sont réunis ensemble pour relever un défi commun
: réduire la mortalité maternelle et périnatale dans notre pays.
Cette première session s'est déroulée en présence du ministre de
la Santé et de la population, Alain Moka, du recteur de l'Université
Marien Ngouabi, du représentant de l'Unicef au Congo, le docteur
Latifo Salami, et du directeur général du CHU de Brazzaville.
Neufs thèmes, suivis de débats, ont été débattus
au cours de cette journée scientifique qui visait à cerner la problématique
de la mortalité maternelle et périnatale et à en chercher les solutions.
Un fléau propre aux pays pauvres, selon l'OMS, qui estime à près
de 600 000 chaque année les décès maternels dans le monde, dont
99% dans les pays en voie de développement. Au Congo, le taux de
mortalité maternelle, évalué à 600 pour 100 000 naissances vivantes
dans les années 1980-1990, est passé à 900 pour 100 000 naissances.
Aujourd'hui, dans notre pays, une femme sur cent meurt des suites
d'une grossesse ou d'un accouchement.
C'est donc pour témoigner de leurs préoccupations en la matière
que les spécialistes en matière de gynécologie obstétrique exerçant
dans les diverses structures étatiques et privées du pays, se sont
réunis autour du professeur Hervé Iloki.
Ce dernier a attiré l'attention de son auditoire
sur le rôle de la prévention : "La prévention, c'est faire qu'une
situation difficile n'arrive pas, a-t-il rappelé. Lorsqu'une grossesse
est bien suivie, cela permet de dépister et de diagnostiquer un
certain nombre d'anomalie avant le jour de l'accouchement. Si l'on
est informé à temps, on prendra des dispositions nécessaires au
cours d'un accouchement pour éviter que les complications n'arrivent.
La prévention veut dire aussi prendre en charge les grossesses éventuelles
avant qu'elles n'arrivent ; qu'elles n'arrivent pas chez des sujets
trop jeunes ; que les grossesses ne soient pas rapprochées. La prévention,
c'est aussi éviter les avortements clandestins dans des conditions
souvent déplorables".
Le docteur Mbongo du CHU de Brazzaville a pour
sa part insisté sur la nécessité de promouvoir les soins obstétricaux
d'urgence qui sont, selon lui, les soins les plus adaptés pour lutter
contre la mortalité maternelle. "Avant, pour lutter contre cette
mortalité maternelle on privilégiait la prophylaxie, a-t-il relevé.
La stratégie basée sur la prévention a fait la preuve de sa limite
parce que la complication prénatale n'intervient que dans 6 à 15
% des cas. Il faut promouvoir les soins obstétricaux d'urgence qui
sont plus adaptés. Une femme ne doit pas mourir pour une grossesse
et pour un accouchement. C'est une injustice sociale qui doit être
réparée."
Par ailleurs, la mortalité maternelle au-delà d'une
tragédie personnelle constitue également une perte au plan familial,
communautaire et national qui exige une action concertée de toutes
les forces vives de la nation. Dans ce sens, le professeur Hervé
Iloki a demandé aux partenaires du développement ainsi qu'au gouvernement
d'appuyer l'action de l'ACMR pour la réalisation de ses objectifs.
On précisera que l'ACMR s'est fixée pour mission
de sensibiliser l'opinion nationale et internationale sur l'ampleur
de la mortalité maternelle et périnatale, de promouvoir toute action
de prévention et de réduction de la mortalité maternelle et périnatale,
de promouvoir la recherche dans le domaine de la santé de reproduction
et d'organiser des manifestations scientifiques et culturelles en
rapport avec les objectifs de l'association.
Cette journée scientifique, qui coïncide avec le
3e anniversaire de l'ACMR, a été organisée en hommage au professeur
Claude-Mathieu Locko Mafouta décédé en 1989, premier agrégé de gynécologie
obstétrique du Congo et pionnier national de l'initiative de la
maternité sans risque.
Lire l'article original : http://www.brazzaville-adiac.com/html/ba_article.php?DEP_CODE=5653
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