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La cécité persiste au Cameroun. On estime aujourd'hui
à 1% le taux de prévalence de la maladie, soit prêt de 500.000 aveugles
recensés dans le pays. Voilà qui explique en partie le choix de
Yaoundé comme terre d'accueil du séminaire de formation des jeunes
leaders des associations des aveugles d'Afrique francophone. Dès
mercredi prochain en effet, pendant une semaine, l'occasion sera
donnée aux différents participants à cette rencontre, de présenter
le bilan des activités de leurs structures respectives et d'échanger
des expériences visant à faciliter l'intégration de cette tranche
de la population dans la société. Car la perte de la vue est un
problème de santé publique et socio-économique au Cameroun, elle
occasionne d'énormes souffrances pour les personnes touchées et
leurs familles.
Afin de limiter l'avancée de la maladie, et en
dépit de certains manquements, de nombreuses actions sont menées
sur le terrain. Dans le cadre de la lutte contre la cécité au Cameroun,
le gouvernement a mis sur pied des projets pour l'année en cours.
C'est ainsi que dans le cadre de l'utilisation des ressources PPTE,
200 millions vont être alloués à la lutte contre la cécité causée
par la cataracte. La cataracte dont souffre 50% d'aveugles au Cameroun,
est due à une opacification du cristallin (qui est la lentille de
l'oeil) caractérisée par une tâche blanche dans l'oeil. "La cataracte
provoque des opacifications successives que l'on remarque à peine,
mais qui déforment lentement la vision. Les couleurs se ternissent
et le malade est ébloui par la lumière des jours de plein soleil
(c'est même l'un des premiers signes de cette détérioration). Il
a alors des difficultés à lire sans une forte lumière", explique
Gilles Ebanda, ophtalmologue. Elle survient généralement chez les
personnes âgées. Mais on la trouve aussi chez des personnes plus
jeunes, voire chez des enfants. Elle peut aussi résulter d'un traumatisme.
Actuellement, pour cette maladie, le rétablissement
de la vision, passe uniquement par un traitement chirurgical disponible
dans plusieurs structures hospitalières. La technologie la plus
moderne consiste à utiliser une sonde à ultrasons, qui émulsifie
le cristallin.
Celui-ci est ainsi liquéfié et on peut alors l'aspirer. Ce procédé
n'exige qu'une très petite incision et permet un rétablissement
plus rapide. Ce traitement qui n'est cependant pas pratiqué au Cameroun
est fait dans les centres chirurgicaux les plus avancés. Suivant
le type de cataracte, d'autres techniques opératoires peuvent également
être mises en oeuvre.
Dans le but d'entreprendre une action mondiale
concertée, le Cameroun adhère aussi à d'autres combats internationaux
comme l'initiative "Vision 2020-le droit à la vue", un programme
conjointement préparé par l'Organisation mondiale de la santé (Oms)
et un groupe spécial d'Organisations non gouvernementales (Ong).
A la fin du mois dernier, il a abrité la réunion des partenaires
de l'initiative, dont l'objectif est d'éliminer d'ici à l'an 2020
toutes les formes de cécité évitable.
Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=10&id=1083233394
Dr C. Noche-Domngang : Les
populations ne consultent pas. Le responsable du Cabinet médical
Innel tire la sonnette d'alarme - Mutations
- Cameroun - 29/04/2004
Mutations : Qu'est ce qui peut
provoquer une cataracte ?
Dr C. Noche-Domngang :
Les causes de la cataracte sont nombreuses. Chez certaines
personnes, elle est présente dès la naissance et chez d'autres,
elle se forme à la suite d'un traumatisme. Toutefois, elle est souvent
associée au processus naturel de vieillissement. On parle alors
de cataracte sénile et on en est plus exposé à partir de 55 ans.
La première forme qui attaque les bébés, peut résulter d'une anomalie
ou alors de l'infection de la mère. Par contre, l'exposition à la
lumière du soleil augmente considérablement le risque de souffrir
de cataracte sénile. Les rayons émis par le soleil, en particulier
les rayons ultraviolets, endommagent les protéines qui se dégradent
et opacifient le cristallin. Les maladies comme le diabète sont
aussi indexés.
Mutations : A partir de quel
stade doit-on opérer cette affection ?
Dr C. Noche-Domngang :
Il n'existe pas de traitement médical curatif des cataractes
qui ne peuvent être traitées que chirurgicalement. Ainsi, l'intervention
chirurgicale dont décide le spécialiste à la suite d'un diagnostic,
a pour but de rétablir la vision du patient. Mais la pratique est
indiquée lorsque l'opacification du cristallin est devenue telle
que le patient ne voit plus suffisamment bien. L'opération se fait
sous une simple anesthésie locale et vise à rétablir la vue. Le
taux de succès actuel de cette intervention dans certaines structures
médicales, notamment celle que je dirige, est élevée.
Mutations : Quel est le comportement
des patients par rapport à l'ophtalmologue que vous êtes ?
Dr C. Noche-Domngang :
Je dois préciser que les Camerounais consultent très peu.
Ils ne viennent vers nous que lorsque la cataracte est à un stade
bien avancé, et dans certains cas, nous ne pouvons pas faire grand
chose. Pourtant pour éviter de tels désagréments, on doit prendre
des mesures préventives sévères. A 5 ans déjà, l'enfant doit faire
un contrôle de routine. A partir de 35 ans, tous les ans, il est
conseillé de consulter un ophtalmologue.
D'autres attitudes sont aussi conseillées. Il s'agit, entre autres,
de vacciner les enfants et les femmes enceintes contre la rougeole
et la rubéole. L'apport de la vitamine A dans l'organisme de ces
derniers n'est pas à négliger; tout comme le port des lunettes de
soleil, qui protègent l'oeil contre les ultraviolets. Au finish,
il faut éviter l'automédication et certaines pratiques indigènes.
Mutations : Ne pensez-vous pas
que le coût du traitement de cette affection soit une des causes
du problème que vous soulevez ci-dessus ?
Dr C. Noche-Domngang :
Je pense que le véritable problème est d'abord celui de l'ignorance
et des préjugés des gens vis-à-vis de l'opération. Par ailleurs,
les spécialistes, que nous sommes, gagneraient à sensibiliser les
populations. Pour les prix, c'est par rapport aux prestations et
au niveau de gravité de l'affection et selon que la structure est
privée ou publique. Mais avec un minimum de 22 500 F cfa , il est
possible d'entamer les soins.
Mutations : Encore faut-il que
les ophtalmologues soient accessibles ...
Dr C. Noche-Domngang :
C'est un réel problème, car la Société camerounaise d'ophtalmologie,
dont je suis la secrétaire générale, a recensé une cinquantaine
d'ophtalmologues. Les 2/3 sont établis à Yaoundé et à Douala. Ça
pose quand même un réel problème, pour une population de plus de
15 millions habitants.
Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=10&id=1083233394
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