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90 % des Malgaches n'ont pas accès aux soins dentaires,
alors que plus de 300 dentistes sont au chômage. Dr Hygin Randrianary,
président de l'ordre national des odonto-stomatologistes, dresse
un sombre tableau de la situation à l'issue de la semaine dentaire
2004 qui vient d'être close. Premier coupable, le coût de l'installation.
Il faut au minimum 65 millions Fmg pour monter un cabinet dentaire.
Deuxième coupable, les honoraires qui mettent les services d'un
dentiste hors de portée des couches défavorisées, livrées alors
aux dentistes pirates, les "prothésistes" qui hantent le moindre
village. L'ordre national des dentistes prône l'exemple de l'Amérique
du sud et estime qu'il est possible pour Madagascar de ramener à
un dollar ces coûts prohibitifs.
Entre 65 et 100 millions Fmg, tel est le coût d'installation
d'un cabinet dentaire de norme internationale. Sur les 870 chirurgiens
dentistes recensés dans l'Ordre national des odonto-stomatologistes,
seuls 500 sont en activité sur tout le territoire. Les 300 chirurgiens-dentistes
chômeurs tournent leurs pouces ou changent complètement de vocation.
Comble des malheurs, seuls 9 % des Malgaches ont accès aux soins
bucco-dentaires. Cela est dû à la cherté du coût d'extraction car
l'extraction d'une dent équivaut au moins à 25 000 Fmg dans les
grandes villes contre au moins 10 000 Fmg en milieu rural. Côté
soins bucco-dentaires, le coût d'un soin est au minimum 35 000 Fmg.
Selon le président de l'ordre des odonto-stomatologistes, Docteur
Hygin Randrianary " en ville les chirurgiens dentistes doivent payer
beaucoup de charges, à savoir le loyer, les différentes taxes, l'eau
et l'électricité" Actuellement, ces maux gangrènent la mise en orbite
du métier de chirurgien dentiste. Auparavant, l'Ordre a espéré une
détaxation sur les médicaments de soins bucco-dentaires mais le
gouvernement a préféré la détaxation d'autres produits.
Les antidotes de l'Ordre des
chirurgiens dentistes
Des études approfondies ont amené à constater que
l'ordre peut égaler les modèles argentin et brésilien. Chez ces
Sud- américains, le coût de soins bucco-dentaires ne dépasse pas
le dollar américain. "9000 fmg pour soigner une dent est à la portée
de tout le monde. Il suffit pour nous, chirurgiens dentistes, d'avoir
la volonté de copier ce modèle sud-américain puisque les moyens
pour y parvenir sont tous réunis." Fin stratège, le président Hygin
Randrianary n'a pas dévoilé les détails. Pour faire face à l'accroissement
incontrôlé des dentistes- prothésistes pirates dans les fins fonds
de brousse, l'ordre a changé les objectifs de la semaine dentaire
qui s'est terminé le 28 mars dans tout Madagascar. Auparavant, il
n'a opté que pour l'intensification de l'Ie, Information, éducation
sur l'utilité de l'entretien bucco-dentaire, mais cette fois-ci,
10 dentistes sur chaque site, ont traité et enlevé 2205 patients
au cours de la semaine dentaire en ont éduqué 3092, consulté 1936
et traité 509 par obturation. Seul le rapport de la semaine dentaire
de Fianarantsoa n'est pas inclus dans cette statistique. En moyenne,
200 dents ont été extraites dans les zones les plus reculées de
Madagascar, à noter Matiakoho d'Ambilobe, Antongombato d'Antsiranana
I, Cap Diego d'Antsiranana II, Amboangibe de Sambava, deux communes
de Marovoay, deux de Toliara II, Toamasina II, Mananara, Ihosy,
Manakara, Ikongo, Ambohidratrimo, Ankazobe et Anjozorobe.
Le coup d'éponge qui clarifie
à moitié le tableau
La réunion de l'ordre avec le ministre de la Santé
Rasamindrakotroka Andry, qui va l'appuyer dans toutes les démarches
sur l'importation des produits à moindre coût pour les soins bucco-dentaires,
à l'application du modèle sud-américain a suscité un grand espoir
quant à l'avenir du métier. En outre, des associations des chirurgiens
dentistes envisagent de soigner les coins les plus reculés de Madagascar.
"Les Malgaches sont conscients que l'entretien
bucco-dentaire est indispensable. A titre d'exemple, durant la semaine
dentaire 2004, les gens de Fihaonana dans la commune d'Ankazobe,
ont fait la queue jusqu'à 16 heures. Malheureusement, on a dû cesser
nos soins parce qu'il n'y a pas d'électricité. Hélas! Ils vont encore
attendre la prochaine semaine dentaire pour soigner leurs dents.",
a révélé d'un ton amer le président de l'ordre.
Compte tenu de ces efforts, l'ordre met en garde
les dentistes pirates parce que les soins bucco-dentaires exigent
des appareils aseptisés parce que le Vih/sida se transmet par le
sang. Une stratégie pour les réprimer est en cours de préparation.
Tsiry Rakotosolofo
Lire l'article original : http://www.lexpressmada.com/article.php?id=21138&r=4&d=2004-05-11
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