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Le ministre de la Santé, Alain Yoda a procédé le
6 mai 2004 à Ouahigouya, au lancement officiel du programme national
de lutte contre la schistosomiase communément appelée bilharziose.
Au cours de l'année 2004, l'objectif fixé par les autorités sanitaires
est de guérir cinq cent mille (500 000) enfants souffrant de la
bilharziose.
La bilharziose ou schistosomiase constitue selon
les responsables sanitaires, la deuxième maladie liée à l'eau en
termes de fréquence après le paludisme.
Dans les régions sanitaires du Nord et du Sahel, les taux de prévalence
en milieu scolaire vont de 34,8% à Titao à 90% à Gorom-Gorom en
milieu scolaire. C'est pourquoi, le premier responsable du département
de la Santé au Burkina, Alain Yoda, ses partenaires ainsi que ses
frères du Mali, du Niger et de la Côte d'Ivoire ont officiellement
déclaré la guerre à la bilharziose sur toutes ses formes le 6 mai
dernier dans région Nord du Burkina Faso.
La bilharziose existe sous deux formes : la forme urinaire et la
forme intestinale. Cependant, des données statistiques montrent
que la prévalence de la bilharziose urinaire est plus importante
que celle intestinale.
Dans le cadre de ce programme national, trois objectifs ont été
fixés. Il s'agit de réaliser une cartographie nationale de la bilharziose
urinaire et intestinale, d'améliorer les capacités de dépistage
et de traitement des deux formes de schistosomiase dans les structures
sanitaires de base. Le dernier objectif est d'augmenter les taux
de traitement de la bilharziose urinaire et intestinale d'au moins
75% en cinq (5) ans au niveau des aires de santé.
Les facteurs favorables à la
propagation
Considérée comme une maladie liée à l'eau, il est
aujourd'hui établi que la propagation de la bilharziose est due
à la multiplication des aménagements hydroagricoles et à l'existence
de nombreuses mares naturelles et de marigots temporaires. Ces aménagements
hydroagricoles, les mares et les marigots sont certes utiles selon
le ministre Alain Yoda, mais constituent également des préoccupations
de santé publique. Car ces sites favorisent la prolifération des
mollusques d'eau douce qui sont les hôtes intermédiaires des bilharzioses.
Et en se baignant dans les eaux douces, l'individu contracte le
parasite. Les conséquences sont entre autres, la diminution de la
productivité chez les adultes, les perturbations dans la scolarité
chez les enfants.
Les schistosomiases provoquent des lésions souvent irréversibles
sur les appareils urinaires, digestif et même génital ou de cancer
de la vessie.
Inscrite dans le Plan national de développement sanitaire 2001-2010,
la lutte contre la schistosomiase bénéficie du soutien technique
de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'appui financier
de la Schistosomiasis contrôle initiative (SCI) et de l'Impérial
collège de Londres. La SCI représentée à la cérémonie par le Pr
Alan Fenwick et sa suite, a décidé d'apporter un soutien financier
de quatre (4) ans à hauteur de 80% du budget du Programme national
de lutte contre la bilharziose. Désormais, le traitement qui coûtait
1500 FCFA ne demande que cent cinquante (150) francs CFA. Le Burkina
Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Niger ont alors décidé de
vulgariser ce traitement qui se fait à base de praziquantel et d'albendazole
en une prise annuelle. Il se fera plus en masse en milieu scolaire
afin de toucher au-delà des bilharzioses, la plupart des parasitoses
digestives. Le Pr Alan Fenwick a rassuré les autorités sanitaires
de la détermination de la SCI bien que basée à Londres (Grande Bretagne)
à aider le Burkina à vaincre la maladie. Pour ce faire, il a appelé
à une distribution massive des médicaments.
Le représentant de l'OMS, le Dr Mohamed Hacen s'est réjoui du lancement
du programme national qui vise à combattre cette maladie, dit-il,
chronique, invalidante et parfois mortelle en cas de complication.
Il a affirmé la disponibilité de l'OMS à contribuer activement à
la lutte contre les schistozomiases.
Régaillardi par la grande mobilisation de la population du Yatenga
ce jour avec à sa tête, sa Majesté Naaba Kiiba, le haut-commissaire
de la province, Christophe Compaoré a remercié le ministère de la
Santé et ses partenaires pour cette initiative de vaincre une maladie
qui touche 43,5% des moins de 15 ans de sa province. Pour atteindre
l'objectif, Christophe Compaoré en appelle à un renforcement de
la collaboration intersectorielle. Toute chose qui contribuera non
seulement à la prévention mais aussi à un traitement efficace des
malades.
Les stratégies de lutte du ministère
de la Santé
Le ministre Alain Yoda a identifié pour cette lutte,
trois grandes stratégies. Comme stratégies prioritaires, on note
le dépistage, le traitement des cas, l'information, l'éducation
et la communication. L'assainissement du milieu, la promotion de
l'utilisation de latrines et l'effort dans l'approvisionnement en
eau potable constituent les stratégies secondaires. La troisième
stratégie préconisée consiste en un renforcement du système de santé
par l'équipement des formations sanitaires, un approvisionnement
en médicaments appropriés dans toutes les structures sanitaires,
le renforcement de la surveillance épidémiologique etc.
Pour rendre toutes ces stratégies plus efficaces, le ministre Alain
Yoda espère rallier les populations surtout celles des zones d'aménagements
hydroagricoles par la sensibilisation. Le but est de les amener
à utiliser des bottes contre les larves bilharziennes et à entretenir
les canaux d'irrigation. Aussi, entend-il solliciter l'appui des
départements de l'Agriculture et de l'Enseignement.
La cérémonie de lancement officiel du Programme national de lutte
contre la schistosomiase a été une occasion pour les autorités d'administrer
des médicaments à des écoliers. Cela marque officiellement l'engagement
d'un combat contre une maladie dangereuse mais apparemment négligée
en zones rurales.
Enok KINDO
Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidwaya_quotidiens/sid2004_10_05/societe_4.htm
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