|
La Triomune, traitement curatif anti-Sida, fera
l'objet d'une surveillance particulière. Le docteur Sinita Koulla-Shiro,
de l'hôpital central, a affirmé que si le suivi révélait quelconque
disfonctionnement, le problème serait automatiquement signalé. Voilà
qui vient rassurer sur la fiabilité de cette combinaison générique
de trois antirétroviraux (Arv) à dose fixe, la névirapine, la stavudine
et la lamivudine. Ce produit est plutôt salvateur dans un pays où
le taux de séroprévalence (malades du Sida et séropositifs) s'élève
à 11,9 %. L'accès aux soins reste difficile malgré les aides internationales
et celle de l'État. De même, selon l'Organisation mondiale de la
santé (Oms), 60 % des Camerounais n'ont pas accès à de bonnes conditions
sanitaires.
L'étude menée conjointement par le docteur Koulla-Shiro
et le colonel Eitel Mpoudi-Ngole, de l'hôpital militaire, sur l'efficacité
de ce produit pourrait permettre de réduire le coût du traitement
à 5.000 Fcfa par mois et par personne. Cette réduction dépend de
l'aboutissement des négociations avec Global Front, organisation
internationale de collecte de fonds pour la lutte contre le Sida.
Cette étude a porté sur 60 patients, malades et séropositifs. Les
résultats des six premiers mois d'étude leur permettent d'assurer
la tolérance et la validité de la Triomune, avec 80 % des personnes
étudiées ayant une charge virale indétectable.
Le premier avantage de ce traitement est donc son
probable faible coût. Il est facile à la consommation, ne nécessite
que deux prises par jour, matin et soir, en une seule gélule. Enfin,
au stade actuel de l'analyse, sa qualité curative est à la hauteur
des traitements originaux.
OMS
Cette étude est certifiée par l'Agence nationale
de recherche sur le Sida (Anrs), l'Institut de recherche pour le
développement (Ird) et Médecins sans frontières. La Triomune a été
récemment préqualifiée, c'est-à-dire certifié valide, par l'Organisation
mondiale de la santé. Certains délégués médicaux camerounais de
grands laboratoires étrangers essayent, depuis l'annonce de la validité
de la Triomune, de mettre en cause l'efficacité et la tolérance
du produit, pour des intérêts purement mercantiles. Ils s'appuient
sur des textes et arguments déjà connus de l'Oms, et des institutions
soutenant le projet. Interrogée sur le sujet, le docteur Rose Ngono
Mballa, pharmacienne biochimiste à l'Oms de Yaoundé, explique :
"Les Arv sont globalement des médicaments très toxiques. Il existe
toujours des effets secondaires liés à la façon de les prendre,
étant donné que ce sont des médicaments très forts. Ce produit est
connu pour avoir des effets sévères, il faut juste prendre des mesures
de suivi importantes pour les traitements personnels.
L'Oms est une organisation à la réglementation mondiale, nous veillons
aux méthodes de fabrication, mais aussi aux caractéristiques du
produit." La Triomune est fabriquée en Inde au laboratoire génériqueur
Cipla. Sur la qualité du produit, le docteur avance que l'Inde est
au deuxième rang mondial de production de matière première dans
le domaine de la santé, derrière la Chine. Le Cameroun a signé en
2001 un contrat le liant à Cipla pour l'importation de la Triomune,
ce partenariat pourront s'intensifier dans les prochaines années
avec le coût de ce traitement à la baisse. Pour le docteur Ngono
Mballa, la simplicité, deux gélules par jour, et le coût de ce traitement
peuvent amener plus de Camerounais à se soigner correctement et
régulièrement. "Ici, l'observance aux traitements est un peu faible.
Cela nécessite un travail de sensibilisation." Dans ce sens, le
ministre a signalé voici deux jours lors de la conférence de presse
qu'il souhaitait décentraliser la prise en charge des Arv, pour
que les patients soient plus proches de leurs lieus de soin.
Cathy Yogo et Benoît Léty (Stagiaire)
Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=2&id=1089325033
|