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Après l’Ouest,
la tournée d’information organisée par la CAMEG
sur le marché et le circuit de distribution du médicament
au Burkina, s’est poursuivie à l’Est et au Centre-est
du 18 au 20 octobre 2004. Les hommes de plusieurs médias
ont ainsi pu toucher du doigt les réalités du dépôt
régional de la CAMEG de Fada N’Gourma et des régions
sanitaires de l’Est et du Centre-est. La mission s’est
effectivement rendue à Fada N’Gourma, Diapaga, Namounou,
Tansarga, Tenkodogo et Sassema. Sidwaya s’est entretenu avec
le médecin chef du district sanitaire de Tenkodogo, le Dr
Djénéba Sanou. Elle nous parle de sa propre expérience
en matière de médicaments essentiels génériques
(MEG) et de la réalité de ces médicaments dans
son district.
Sidwaya : qu’est-ce qui
motive votre choix pour les médicaments essentiels génériques
ou les spécialités quand vous prescrivez une ordonnance
?
Dr Djénéba
Sanou : Quand je prescris une ordonnance, ce qui motive surtout
mon choix pour les médicaments essentiels génériques,
c’est leur disponibilité, leur accessibilité
financière à la plus grande majorité de nos
populations. Je les prescris aussi à cause de leur efficacité.
Sidwaya : Donc vous prescrivez
plus de MEG que de spécialités ?
Dr Djénéba
Sanou : Oui. Je prescris effectivement plus de MEG.
Sidwaya : Etes-vous informé de l’éventail
des MEG disponibles à la CAMEG ?
Dr Djénéba
Sanou : Nous connaissons l’éventail des MEG
disponibles à la CAMEG. Chaque année la CAMEG nous
envoie un document où est répertorié l’ensemble
des médicaments qui existent au niveau de la centrale. Au
niveau de notre district sanitaire, nous faisons le point de nos
besoins dans les formations sanitaires. Nous commandons alors ce
qui nous intéresse en toute connaissance de cause.
Sidwaya : Que peut ou doit faire
la CAMEG pour amener les prestataires à avoir le réflexe
de prescrire des MEG quand un patient se présente ?
Dr Djénéba
Sanou : C’est de rendre disponible à tout moment
les MEG et surtout des MEG de qualité. Ce n’est qu’à
ces seules conditions que les prestataires feront de la prescription
des MEG une chose de tous les jours.
Sidwaya : Le dynamisme des délégués
médicaux des firmes pharmaceutiques auprès des prescripteurs
n’est-il pas à la base des ordonnances de spécialités
même quand les équivalents existent en génériques
?
Dr Djénéba
Sanou : Je ne saurai affirmer cela. C’est une possibilité
mais je me dis qu’il y a d’abord une question de conviction
personnelle. J’ai eu affaire à des délégués
médicaux mais c’est ma conviction personnelle par rapport
à l’objectif que je vise qui prend toujours le dessus.
Si mon objectif est de pouvoir traiter la personne que j’ai
devant moi de façon efficiente et à faible coût,
je pense que je vais choisir les MEG.
Sidwaya : Pensez-vous que la
qualité des MEG soit pour quelque chose dans le réflexe
de certains médecins à ne pas les prescrire ?
Dr Djénéba
Sanou : Je pense que c’est plutôt un problème
d’information. En fait les MEG n’ont pas un problème
de qualité. C’est parce que les gens n’ont pas
l’information juste en ce qui concerne ces médicaments.
Certaines personnes restent encore convaincues que comme les MEG
sont des médicaments tombés dans le domaine public,
ils ne sont plus de qualité. Ce sont souvent des conclusions
qui sont tirées sans qu’il n’y ait des informations
fondées à la base. Il y a donc un problème
d’information de certains prescripteurs qui pensent que les
MEG ne sont pas de qualité.
Sidwaya : Que répondez-vous
à ceux qui disent que ce sont les médecins qui prescrivent
les spécialités et les infirmiers les génériques
?
Dr Djénéba
Sanou : Là je ne suis pas d’accord. Comme je
l’ai déjà dit, cela est une question d’information
sur les MEG et de leur disponibilité. J’ai fait deux
ans dans un centre médical mais j’ai toujours prescris
les génériques sauf pour les médicaments qui
n’existent pas sous la forme générique.
Sidwaya : Rencontrez-vous encore
aujourd’hui des gens qui pensent que les MEG sont des médicaments
au rabais ?
Dr Djénéba
Sanou : Oui. Il y a toujours des gens qui ont une telle conception.
Ces personnes se recrutent dans les milieux intellectuels et chez
certains prescripteurs. Il faut cependant dire que dans la population
en général, les gens ont compris que les MEG sont
de bonne qualité.
Sidwaya : Parlez-nous de votre
expérience en matière de MEG.
Dr Djénéba
Sanou : Depuis l’avènement des MEG en 1994,
nous avons commencé à rendre ces médicaments
disponibles dans toutes les formations sanitaires. Depuis, la consommation
des MEG a augmenté progressivement avec l’accroissement
de la population, avec la sensibilisation sur les génériques
et surtout avec l’effort fait pour rapprocher le médicament
des populations.
Pour le cas précis du district sanitaire de Tenkodogo, il
faut savoir que les fonds générés par la vente
des MEG nous ont permis de construire le siège du district,
le dépôt répartiteur du district, le bureau
et le dépôt du programme élargi de vaccination
(PEV). Si nous sommes arrivés à cette capacité
financière pour faire des réalisations d’environ
40 millions de francs, cela prouve que les populations consomment
réellement les MEG. Nos commandes mensuelles de médicaments
essentiels génériques sont d’environ 10 millions.
Propos recueillis par Hamado NANA
Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidwaya_quotidiens/sid2004_29_10/sidwaya.htm
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