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L'Ordre national
des pharmaciens du Burkina a tenu une conférence de presse
le 25 octobre 2004 à l'hôtel Sofitel de Ouagadougou.
L'objectif était d'impliquer les médias dans la campagne
de sensibilisation qui durera une semaine. Il a été
question de la circulation illicite des médicaments de rue,
de leurs conséquences socio-sanitaire.
L'Ordre national des pharmaciens du Burkina organise
une semaine de sensibilisation sur les dangers des médicaments
de rue, du 25 octobre au 1er novembre 2004.
Troisième du genre, cette édition est consacrée
aux élèves. "Nous avons choisi la frange scolaire
pour que les enfants adoptent un comportement sain et pour qu'ils
soient notre porte-parole auprès de leur famille respective'',
a expliqué la présidente de l'Ordre national des pharmaciens
du Burkina (ONPB), Dr Victoire Benao.
Dr Benao a, par ailleurs, précisé que le comité
mis en place pour cette édition ne se limitera pas les activités
à cette semaine de sensibilisation mais que celles-ci se
prolongeront toute l'année. Le comité se donne ainsi
le temps d'œuvrer au changement des mentalités en ayant
comme public-cible, les enfants.
La circulation illicite des
médicaments
La conférence a été un moment
pour Dr Benao de confier à la presse que le Burkina Faso
est le pays qui reçoit le plus de dons, si bien que les médicaments
entrent par tous les moyens. "Nous avons des dépôts
de médicaments reconnus comme étant des dons''. Et
le directeur général de la pharmacie et du médicament,
Dr Amadou Koumaré de révéler que 90 % des dons
de médicaments sont fait parce que les donateurs ne peuvent
pas détruire ces produits en Europe, à cause du prix
à payer (pollution de l'air, destruction de l'environnement,
etc).
Dr Kouamé juge qu'il n'y a pas de raison de continuer d'acheter
les médicaments de rue dans la mesure où la Centrale
d'achat des médicaments essentiels génériques
(CAMEG) offre des produits à moindre coût, parfois
moins chers que les médicaments de rue, a-t-il dit.
L'impact socio-sanitaire des
médicaments de rue
Le Dr Camille Kaboré, secrétaire
général du Syndicat des pharmaciens, a, au cours de
la conférence, rappelé qu'une enquête de ménages
menée en 1998 mentionne que la facture de médicaments
s'élève à 27 145 f par ménage. Et que
20 % de la population a recours aux médicaments de rue. Il
en résulte des maladies chroniques, beaucoup de résistance
et de toxicité dans l'organisme, une répercussion
sur la santé des jeunes, le développement de la délinquance,
de la criminalité, de la démence etc. Le président
du Comité de lutte contre la vente illicite de médicaments,
Dr Saga Paul Ouédraogo a affirmé qu'un jeune a poignardé
son père, la semaine dernière dans le quartier Kalgodin.
Ce jeune est officiellement reconnu pour sa consommation des médicaments
de rue. De ce fait, Dr Ouédraogo pense que les médicaments
de rue constituent un circuit pour les stupéfiants. "En
luttant contre les médicaments de rue, on lutte contre la
propagation de la drogue'', a-t-il affirmé.
Les pharmaciens se défendent
Les différents conférenciers ont,
tour à tour, condamné la circulation illicite des
médicaments de rue. "Nous sommes là pour soigner
les gens. Et nous les voyons consommer des médicaments qui
détruisent leur santé'', a déploré Dr
Benao. Et un autre pharmacien d'ajouter : "On peut acheter
un médicament à 25 F CFA et payer à plus de
25 000 F CFA, la facture liée aux conséquences de
la consommation de ce médicament''. A la question de savoir
si les pharmaciens sont impliqués dans la vente des médicaments
de la rue, la vice-président du Comité de lutte contre
la vente illicite des médicaments, Dr Siaka Diarra, s'est
senti indigné, comme ses collègues pharmaciens. "Dire
que ce marché illicite est alimenté par un pharmacien
est une fausse propagande, une pure désinformation. Notre
métier est réglementé et aucun pharmacien n'a
intérêt à alimenter ce marché, car nous
suivons les règles et nos commandes sont contrôlées
et nous sommes au courant des dangers des médicaments de
rue. Mais notre rôle n'est pas de maîtriser le circuit
illicite’’. Pour Dr Benao, la lutte est multisectorielle
et tout le monde doit s'y impliquer. "Il faut surtout empêcher
l'entrée de ces produits au Burkina Faso car notre pays n'en
produit pas'', souhaite-t-elle.
Aimée
Florentine KABORE
Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidwaya_quotidiens/sid2004_27_10/sidwaya.htm
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