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Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 31/01/2006 | Lire l'article original
Amoriakro, le village le plus endémique
Dans le département d'Agnibilé-krou, c'est le village d'Amoriakro
qui détient la palme en matière de contamination par le bacille
de Hansen. Chaque année, de nouveaux cas de lèpre y sont enregistrés.
Faisant du coup de cette zone, la plus endémique du royaume du Djuablin.
Pour la seule année 2005, sur les 10 patients en traitement au district
sanitaire, cinq proviennent d'Amoriakro. On explique la propagation de la maladie
par la négligence et / ou la réticence des contaminés à
se présenter le plus tôt possible dans les centres de santé
spécialisés. Conséquence : la forme multi bacillaire de
la pathologie se répand rapidement dans l'entourage des malades, malgré
les campagnes de sensibilisation menées par les responsables du district
sanitaire d'Agnibilékrou.
En outre, il y a des problèmes de dépistage de la lèpre
dans le milieu scolaire en général et dans le primaire en particulier
où les gosses peuvent traîner une tâche anodine qui finira
par constituer pour eux une "gangrène".
A ce propos, le Directeur départemental de la Santé à et
son équipe entendent mener des dépistages systématiques
tant chez les élèves qu'au sein de la population. Pour ce faire,
les infirmiers et les agents de santé communautaire seront formés
au dépistage de cas de lèpre. Toujours selon le Dr. Dakouri Ange
Pierre, une formation est prévue au bénéfice des toucheurs
en vue de détecter d'éventuelles malades de la tuberculose. De
même, une autre action visant à la recherche de paralysie flasque
aiguë est envisagée à l'endroit des populations dans la perspective
d'identifier des patients souffrant de poliomyélite.
L’appui de la coopération belge
Depuis 1997, la Coopération technique belge (CTB) a injecté plus
de quatre milliards de francs dans la région du Moyen-Comoé, regroupant
les départements d'Abengourou et Agnibilékrou, en vue d'améliorer
sensiblement les conditions sanitaires des populations. Cet appui inestimable
a été salué par le Dr Allah Kouadio Rémi, ministre
de la Santé et l'Hygiène publique, le 29 janvier dernier, à
la faveur de la 53ème journée mondiale de la lèpre, célébrée
à Agnibilékrou.
Selon le ministre de la Santé, la CTB va renforcer le plateau de l'hôpital
général d'Agnibilékrou et le CHR d'Abengourou qui, du reste,
sont en cours de réhabilitation. Outre les antirétroviraux pour
un coût global de 250 millions de F CFA pour traiter 200 malades du VIH,
40 logements pour le personnel de santé seront rénovés.
Déjà, des maternités et des dispensaires ont été
construits et équipés au profit des populations rurales et urbaines.
Ces formations sanitaires ont même été équipées
en ambulances et en radios de communication.
Par ailleurs, la Coopération technique belge a investi plus d'un milliard
de francs dans un projet de professionnalisation piscicole et dans l'hydraulique
villageoise. Autant d'actions louables qui constituent à n'en point douter
un grand pas vers la lutte contre la pauvreté dans le Moyen-Comoé,
conformément au vœu du gouvernement ivoirien.
Traore Moussa
Contagieuse tout de même
Les spécialistes n'ont de cesse d'affirmer que la lèpre est une
maladie peu contagieuse. Le coordonnateur national, Dr Ernest Zotoua tout comme
les autres intervenants n'ont pas manqué de le souligner. Ils la comparent
à d'autres maladies comme la tuberculose dont on ne doute pas un seul
instant du caractère contaminant. Selon eux, la contagion intervient
seulement en cas de lèpre à forme multibacillaire, laquelle est
la plus dangereuse.
La lèpre, même si elle est une endémie à faible contagion,
mérite tout de même d'être classée comme maladie contagieuse,
et insister sur ce fait ne serait pas jouer les alarmistes. Il est bon, en effet,
de véhiculer ce message, en ôtant le suffixe peu. Car minimiser
les risques de contagion peut s'avérer préjudiciable pour les
populations déjà peu conscientes des conséquences de la
plus vieille maladie. Ainsi, il n'est pas rare que certains cachent les tâches
sur leur corps, parce que gênés, ou qu'ils ne leur prêtent
aucune attention parce que n’étant pas suffisamment sensibilisés.
Une attitude de nature à retarder la guérison. Ainsi en dépit
des moyens dégagés par l'Etat pour l'élimination de cette
maladie, la lèpre continue de sévir. Cette année, 1000
nouveaux cas jamais traités ont été découverts.
En plus, il a été relevé que certaines régions sont
fortement endémiques, contrairement à d'autres. Dans ces exemples
de forte endémicité, sont classés certains villages du
département de Divo et le village d'Amorikro, à Agnibilekrou,
où se sont déroulées les festivités marquant la
53ème journée mondiale. Les enfants ne sont pas à l'abri,
parce que très souvent proches des " grands ". On ne connaît
pas véritablement la raison de la forte présence de cette maladie
dans ces zones.
Toutefois le coordonnateur national de la Lèpre, Dr Zotoua, penche pour
la promiscuité, le manque d'hygiène et la pauvreté. Lesquels
seraient des facteurs favorisants. C'est dire qu'une sensibilisation s'impose.
Car le manque d'hygiène et la pauvreté sont de véritables
maux pour nos sociétés en développement et la Côte
d'Ivoire n'est pas épargnée ces dernières années
de maladies liées à l'hygiène, dont la fièvre typhoïde
et bien d'autres maladies. Il est entendu que des efforts notables sont faits
pour l'élimination de la lèpre. Ce qui a contribué à
la baisse de cette maladie, qui, dans les années 1960, comptait 120.000
cas dans notre pays. En 1998, les chiffres ont chuté et au 31 décembre
2005, on parle de 1316 cas. La crise et la partition du pays ont aggravé
la situation des lépreux et certaines régions, notamment celles
situées en zones rebelles ont été inaccessibles. Une légère
reprise est constatée et des médecins sont à nouveau sur
le terrain.
Il est souhaitable, en reprenant la sensibilisation, d'insister sur le fait
que l'on peut contracter la lèpre, si l'hygiène n'est pas respectée.
Cela gagnerait encore plus à faire prendre conscience de cette maladie
persistante.
Marcelline Gneproust
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