Publié dans Médecine d'Afrique francophone 7210 - Octobre 2025 - pages 587-594
Perception de la sédation profonde continue et maintenue jusqu’au décès par le personnel médical en oncologie en Côte d’Ivoire
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Auteurs : K.K.Y. Kouassi, G.E. Bouwa Tchuem, P.G.L. Touré, N.M.P. Mebiala, M.K.A. Madiou, I.K. Conde, A. Odo Bitty, F.P. Odidi, F.A. Sessegnon, A.M.B.Y. Nogbou, A.A.D.A. Traoré Kouassi, M. Touré, I. Adoubi - Côte d'Ivoire
Introduction : En oncologie, la gestion de la fin de vie peut nécessiter une Sédation Profonde, Continue et Maintenue Jusqu’au Décès (SPCMJD), notamment en cas de souffrance réfractaire. En l’absence de cadre légal en Côte d’Ivoire, cette pratique soulève des enjeux éthiques et médicaux importants. Cette étude visait à dresser un état des lieux de la perception du personnel médical vis-à-vis de la SPCMJD.
Méthodologie : Il s’agissait d’une étude transversale descriptive, menée du 1er septembre au 30 octobre 2024, auprès de soignants impliqués dans la prise en charge des cancers à Abidjan et Bouaké.
Résultats : Au total, 63 professionnels ont été interrogés, avec une majorité d’oncologues médicaux (88,9%). La SPCMJD était perçue par 77,8% comme un acte médical, visant au soulagement des souffrances physiques et psychiques pour 68,3%. La distinction entre SPCMD et euthanasie était connue de 95,2%. Pour 87,3%, la demande de SPCMJD devait émaner du patient lui-même. Toutefois, seulement 44,4% se déclaraient favorables à cette pratique, tandis que 19,1% y étaient opposés et 36,5% restaient sans avis. Les déterminants évoqués pour justifier le recours à la SPCMD étaient essentiellement la souffrance jugée insupportable et la demande du patient (82,5%).
Conclusion : Cette étude constitue une première pierre à l’édifice d’une réflexion éthique et professionnelle. Elle débroussaille un chemin encore peu balisé, en apportant un éclairage utile sur une pratique encore obscure dans notre contexte, et pourrait nourrir un futur débat législatif en Côte d’Ivoire.
Introduction: In oncology, end-of-life care may require Deep and Continuous Sedation Maintained until Death (DCSMD), particularly in cases of refractory pains. In the absence of a legal framework in Côte d’Ivoire, this practice raises significant ethical and medical concerns. This study aimed to assess the perceptions of healthcare professionals regarding DCSMD.
Methodology: This descriptive cross-sectional study was conducted from September 1st to October 30th, 2024, among healthcare providers involved in cancer care in Abidjan and Bouake.
Results: A total of 63 healthcare professionals were surveyed, with a majority being medical oncologists (88.9%). DCSMD was perceived as a medical act by 77.8%, aiming to relieve physical and psychological suffering for 68.3%. The distinction between DCSMD and euthanasia was known by 95.2% of participants. For 87.3%, the request for DCSMD should come directly from the patient. However, only 44.4% were in favor of this practice, while 19.1% were opposed and 36.5% had no opinion. The main factors cited to justify the use of DCSMD were primarily unbearable suffering and the patient’s request (82.5%).
Conclusion: This study represents a first step toward an ethical and professional reflection on DCSMD. It helps clear a path that remains largely uncharted, shedding light on a practice still obscure in our context, and may help inform future legislative debate in Ivory Coast.
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