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Mortalité infantile : la relance du programme élargi de vaccination est impérative - Le soleil - Sénégal - 17/01/02

La mortalité chez les enfants est un problème réel de santé publique. On en parle pas beaucoup, cachée qu’elle est par la mortalité maternelle, la plus mise au premier plan depuis quelques années. La mortalité maternelle encore très élevée chez les mères (150 décès pour 100000 naissances vivantes) prend jusqu’à aujourd’hui encore la vedette sur celle des “ tout-petits ”. Cela a été le cas l’année dernière avec la mise en œuvre d’une coalition nationale contre la mortalité maternelle.

Les personnels de santé, surtout les pédiatres, les nutritionnistes, les infirmiers chef de poste et les médecins des centres de santé connaissent particulièrement ce grave problème, qui garde encore un “ silence dramatique et assourdissant ”. Pourtant la réduction de la mortalité infantile, ou plus exactement de la mortalité infanto-juvénile chez les enfants de moins de 5 ans est, avec entre autres, la mortalité maternelle et la réduction de l’indice de fécondité (6,7 enfants par femme en âge de procréer), une des priorités à réaliser du programme de développement intégré de la Santé (PDIS), première phase presque à sa fin de cinq ans du plan national de développement sanitaire (1998–2007).

La situation ne semble pas reluisante après quatre ans d’investissements et d’activités du PDIS, mais des espoirs réels sont nourris dans ce combat en faveur de la réduction de la mortalité infantile, avec l’évaluation satisfaisante de la stratégie de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant appelée PCIME, à laquelle l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF, tiennent particulièrement en recommandant leur promotion dans de nombreux pays en développement. On avait vu auparavant que les programmes allaient en ordre dispersé, pour ne pas dire anarchique vers l’enfant. Et pire, il y en avait pour l’enfant ici et pour la femme ou la mère là-bas.

Selon le Pr Galaye Sall qui enseigne la Pédiatrie à la faculté de médecine et chef du programme national de Nutrition : “ des pas appréciables ont été faits depuis l’indépendance au début des années 60 où on avait un taux de mortalité infanto-juvénile de 300 pour 1000. Le Sénégal a pu grâce à diverses stratégies réduire ce taux de moitié pour le ramener en 1997 à 145 pour 1000”. “ Ce chiffre de 145 pour 1000 bien qu’étant un acquis appréciables, reste encore effroyable, car cela veut dire que l’on a 200 décès d’enfants chaque jour, ce qui fait 60000 à 70000 décès par an ”, a expliqué le Pr Galaye Sall, également point focal de la PCIME.

La mortalité infanto-juvénile qui concerne les enfants qui meurent avant leur cinquième anniversaire est donc un problème sérieux auquel il faut consacrer plus d’efforts à travers des stratégies mieux affinées. Les causes de cette douloureuse mortalité infanto-juvénile, a-t-il rappelé, sont essentiellement le paludisme, les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës (IRA), la malnutrition dont les déficiences proteino-caloriques, le tétanos néonatal et la rougeole.

“ C’est ainsi que dans le cadre du PDIS, le gouvernement a pris l’option d’une rationalisation des programmes de survie de l’enfant composés essentiellement du programme élargi de vaccination (PEV), la promotion de la nutrition, la lutte contre les maladies diarrhéiques, le paludisme) afin des les potentialiser au maximum et efficacement par la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant ”. Le spécialiste de la santé de l’enfant, explique que les actions prévues dans la PCIME sont curatives, préventives et promotionnelles, en vue de l’amélioration des pratiques au niveau des familles et des communautés, en ciblant notamment l’hygiène, l’allaitement maternel, la nutrition, le renforcement des systèmes de santé et des compétences des personnels de santé.

“ Nous avons beaucoup de chose à faire dans tous ces domaines et aussi dans ceux de la supervision rapprochée des structures de santé et du médicament, qui doit être de qualité, disponible et accessible aux premiers niveaux de référence que sont la case, le poste et le centre de santé ”, a indiqué le Dr Sall. D’ailleurs cette “ philosophie ” intégrationniste de la PCIME va être introduit dans les curriculum d’enseignement aux futurs agents de la santé.

La PCIME a déjà été testée dans les départements de Kaffrine et Kébémer et nous avons enregistré des résultats encourageants, nous a révélé le Dr Sall. L’objectif véritable est d’arriver à redéfinir un paquet minimum d’activités au niveau des structures de santé à base communautaire et renforcer l‘information. Ceci devrait nous permettre de réduire dans les prochaines années la mortalité de 25% chez les enfants de moins de 1 an et de 50% dans la population comprise entre 1 et 5 ans.

“ Toutefois, il faut absolument relancer le programme élargi de vaccination, surveiller la croissance de l’enfant et l’évolution progressive de son état nutritionnel ”, a révélé le Dr Galaye Sall. Le Pr Omar Faye, chef du service national des Grandes Endémies (SNGE), structure qui coordonne des programmes de santé, “ le souci principal du département de la Santé est de relancer la vaccination en difficulté depuis ces trois à quatre dernières années, dans la mesure où l’Etat a fait des efforts considérables pour l’approvisionnement en vaccins pour les huit antigènes du PEV”. D’autres efforts appuyés par des pays amis comme le Japon et des organismes internationaux parmi lesquels l’UNICEF et l’OMS ont été déployés également pour le renforcement de la chaîne de froid, de la dotation en motos pour les stratégies avancées en milieu rural.

Cette relance du PEV est d’autant plus nécessaire, que des flambées épidémiques ont été notées en ce qui concerne la rougeole, ainsi qu’une recrudescence alarmante de la tuberculose. Dans la région de Dakar, la couverture vaccinale est actuellement à 32,10 % et on note seulement un taux de 34% dans l’achèvement pour ce qui est du DTCP3 dernière étape du circuit vaccinal chez l’enfant de sa naissance à 5 ans. La surveillance épidémiologique y a noté courant 2001, 10518 cas de rougeole avec 19 décès et 76 cas de coqueluche, dont les 75% proviennent des zones de la banlieue dakaroise, notamment dans les districts de Pikine et Guediawaye, en plus du district sud.

La région de Kolda est également dans une situation difficile voire de très grande précarité du fait des résultats très mitigés dans la vaccination. La couverture vaccinale est seulement de 36,5% dans le département de Kolda et respectivement de 21% et 20,21% dans les départements de Sédhiou et Vélingara. Dans cette zone des efforts de prévention de la maladie se heurte à des réalités socioculturelles “ coriaces ”, en plus des difficultés l’enclavement, des insuffisances en personnels et structures de santé, de l’ignorance et du déficit en information. Les véritables écueils du développement de la santé… FARA DIAW

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=10754&index__edition=9491

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