La
mortalité chez les enfants est un problème réel de santé publique.
On en parle pas beaucoup, cachée qu’elle est par la mortalité maternelle,
la plus mise au premier plan depuis quelques années. La mortalité
maternelle encore très élevée chez les mères (150 décès pour 100000
naissances vivantes) prend jusqu’à aujourd’hui encore la vedette
sur celle des “ tout-petits ”. Cela a été le cas l’année dernière
avec la mise en œuvre d’une coalition nationale contre la mortalité
maternelle.
Les personnels de santé, surtout les pédiatres, les nutritionnistes,
les infirmiers chef de poste et les médecins des centres de santé
connaissent particulièrement ce grave problème, qui garde encore
un “ silence dramatique et assourdissant ”. Pourtant la réduction
de la mortalité infantile, ou plus exactement de la mortalité infanto-juvénile
chez les enfants de moins de 5 ans est, avec entre autres, la mortalité
maternelle et la réduction de l’indice de fécondité (6,7 enfants
par femme en âge de procréer), une des priorités à réaliser du programme
de développement intégré de la Santé (PDIS), première phase presque
à sa fin de cinq ans du plan national de développement sanitaire
(1998–2007).
La situation ne semble pas reluisante après quatre ans d’investissements
et d’activités du PDIS, mais des espoirs réels sont nourris dans
ce combat en faveur de la réduction de la mortalité infantile, avec
l’évaluation satisfaisante de la stratégie de prise en charge intégrée
des maladies de l’enfant appelée PCIME, à laquelle l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF, tiennent particulièrement
en recommandant leur promotion dans de nombreux pays en développement.
On avait vu auparavant que les programmes allaient en ordre dispersé,
pour ne pas dire anarchique vers l’enfant. Et pire, il y en avait
pour l’enfant ici et pour la femme ou la mère là-bas.
Selon
le Pr Galaye Sall qui enseigne la Pédiatrie à la faculté de médecine
et chef du programme national de Nutrition : “ des pas appréciables
ont été faits depuis l’indépendance au début des années 60 où on
avait un taux de mortalité infanto-juvénile de 300 pour 1000. Le
Sénégal a pu grâce à diverses stratégies réduire ce taux de moitié
pour le ramener en 1997 à 145 pour 1000”. “ Ce chiffre de 145 pour
1000 bien qu’étant un acquis appréciables, reste encore effroyable,
car cela veut dire que l’on a 200 décès d’enfants chaque jour, ce
qui fait 60000 à 70000 décès par an ”, a expliqué le Pr Galaye Sall,
également point focal de la PCIME.
La
mortalité infanto-juvénile qui concerne les enfants qui meurent
avant leur cinquième anniversaire est donc un problème sérieux auquel
il faut consacrer plus d’efforts à travers des stratégies mieux
affinées. Les causes de cette douloureuse mortalité infanto-juvénile,
a-t-il rappelé, sont essentiellement le paludisme, les maladies
diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës (IRA), la malnutrition
dont les déficiences proteino-caloriques, le tétanos néonatal et
la rougeole.
“ C’est ainsi que dans le cadre du PDIS, le gouvernement a pris
l’option d’une rationalisation des programmes de survie de l’enfant
composés essentiellement du programme élargi de vaccination (PEV),
la promotion de la nutrition, la lutte contre les maladies diarrhéiques,
le paludisme) afin des les potentialiser au maximum et efficacement
par la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant ”. Le spécialiste
de la santé de l’enfant, explique que les actions prévues dans la
PCIME sont curatives, préventives et promotionnelles, en vue de
l’amélioration des pratiques au niveau des familles et des communautés,
en ciblant notamment l’hygiène, l’allaitement maternel, la nutrition,
le renforcement des systèmes de santé et des compétences des personnels
de santé.
“ Nous avons beaucoup de chose à faire dans tous ces domaines et
aussi dans ceux de la supervision rapprochée des structures de santé
et du médicament, qui doit être de qualité, disponible et accessible
aux premiers niveaux de référence que sont la case, le poste et
le centre de santé ”, a indiqué le Dr Sall. D’ailleurs cette “ philosophie
” intégrationniste de la PCIME va être introduit dans les curriculum
d’enseignement aux futurs agents de la santé.
La
PCIME a déjà été testée dans les départements de Kaffrine et Kébémer
et nous avons enregistré des résultats encourageants, nous a révélé
le Dr Sall. L’objectif véritable est d’arriver à redéfinir un paquet
minimum d’activités au niveau des structures de santé à base communautaire
et renforcer l‘information. Ceci devrait nous permettre de réduire
dans les prochaines années la mortalité de 25% chez les enfants
de moins de 1 an et de 50% dans la population comprise entre 1 et
5 ans.
“ Toutefois, il faut absolument relancer le programme élargi de
vaccination, surveiller la croissance de l’enfant et l’évolution
progressive de son état nutritionnel ”, a révélé le Dr Galaye Sall.
Le Pr Omar Faye, chef du service national des Grandes Endémies (SNGE),
structure qui coordonne des programmes de santé, “ le souci principal
du département de la Santé est de relancer la vaccination en difficulté
depuis ces trois à quatre dernières années, dans la mesure où l’Etat
a fait des efforts considérables pour l’approvisionnement en vaccins
pour les huit antigènes du PEV”.
D’autres efforts appuyés par des pays amis comme le Japon et des
organismes internationaux parmi lesquels l’UNICEF et l’OMS ont été
déployés également pour le renforcement de la chaîne de froid, de
la dotation en motos pour les stratégies avancées en milieu rural.
Cette
relance du PEV est d’autant plus nécessaire, que des flambées épidémiques
ont été notées en ce qui concerne la rougeole, ainsi qu’une recrudescence
alarmante de la tuberculose. Dans la région de Dakar, la couverture
vaccinale est actuellement à 32,10 % et on note seulement un taux
de 34% dans l’achèvement pour ce qui est du DTCP3 dernière étape
du circuit vaccinal chez l’enfant de sa naissance à 5 ans. La surveillance
épidémiologique y a noté courant 2001, 10518 cas de rougeole avec
19 décès et 76 cas de coqueluche, dont les 75% proviennent des zones
de la banlieue dakaroise, notamment dans les districts de Pikine
et Guediawaye, en plus du district sud.
La
région de Kolda est également dans une situation difficile voire
de très grande précarité du fait des résultats très mitigés dans
la vaccination. La couverture vaccinale est seulement de 36,5% dans
le département de Kolda et respectivement de 21% et 20,21% dans
les départements de Sédhiou et Vélingara. Dans cette zone des efforts
de prévention de la maladie se heurte à des réalités socioculturelles
“ coriaces ”, en plus des difficultés l’enclavement, des insuffisances
en personnels et structures de santé, de l’ignorance et du déficit
en information. Les véritables écueils du développement de la santé…
FARA DIAW
Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=10754&index__edition=9491
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