Il
est 8 heures ce mercredi 16 janvier 2002 au district sanitaire de
Louga quand une dizaine de femmes, pour la plupart jeunes, portant
ou tenant leur bébé entre les mains, franchissent le portail d’entrée
de la structure sous l’œil vigilant d’un vieux gardien enveloppé
sous une tenue militaire vieille certes, mais bien propre. Ce vigile
tient à se faire respecter surtout par les “ sans-papiers ” qui,
à défaut de convaincre, guettent un moment d’inattention pour resquiller.
Ici, presque tous les jours, du lundi au vendredi, sont jours de
vaccination, souligne avec fierté le responsable du bureau du programme
élargi de vaccination (PEV), M. Thierno Mountaga Tall, un agent
du service d’hygiène détaché en même temps qu’un de ses collègues
pour assurer la vaccination.
Le
PEV dans la région de Louga, il faut le dire, bénéficie d’une attention
toute particulière de la part des autorités et du personnel sanitaire
dans une région où les contraintes liées à la tradition, à la géographie,
aux coutumes et comportements ne manquent pas. L’équipe des cadres
de la région est consciente des efforts fournis surtout en ce qui
concerne les deux passages dans le cadre de la vaccination contre
la polio. Ces deux passages ont permis d’atteindre respectivement
“ les remarquables taux ” de 94 et 95 pour cent en octobre et novembre
2001.
En ce qui concerne les enfants complètement vaccinés contre les
différentes maladies ciblées, le taux de 39 pour cent aurait été
enregistré en 2001 sur un nombre de 28.820 constituant la population
âgée de 0 à 11 mois de la région. La palme revient à Kébémer avec
un taux situé aux environs de 36 pour cent. La satisfaction, nous
dit-on, vient des progrès réalisés surtout en ce qui concerne la
mobilisation sociale grâce à l’implication des autorités administratives,
des leaders religieux, mais aussi des ONG (Plan international et
Aquadev) et des projets (Basics II) qui ont été d’un grand apport.
La prise de conscience des autorités centrales, qui a permis d’accroître
les moyens, a été déterminante.
Des
difficultés, il y en a eu cependant surtout sur le plan de la logistique.
Certains départements de la région sont, en effet, très vastes et
leur accès difficile. On pense à celui de Linguère qui, en plus,
est une zone de nomadisme où les familles d’éleveurs sont, en permanence,
à la recherche de pâturages. L’insuffisance du personnel a également
été ressentie, même si ce sont tous les agents de l’ensemble des
structures sanitaires qui ont participé aux opérations. La réticence
de certaines populations à cause des rumeurs qui ont négativement
influé sur les résultats.
Cependant, la visite que nous avons effectuée au point de vaccination
du district sanitaire de Louga montre que les efforts déployés pour
accentuer l’information, l’éducation et la communication commencent
à payer leurs fruits. En moyenne, 100 enfants de 0 à 11 mois y sont
quotidiennement vaccinés, selon le responsable du bureau, M. Thierno
Mountaga Tall.
Sokhna
Ndiaye du quartier de Keur Serigne Louga explique : “ si je suis
venue vacciner mon enfant pour un troisième passage, c’est parce
que je suis consciente de l’utilité de la vaccination sur la santé
de mon enfant ”. C’est la même réflexion que nous avons recueillie
auprès de la dame Thioro Diop du village de Keur Pathé situé dans
l’arrondissement de Sakal. Elle a parcouru 12 kilomètres pour faire
vacciner son enfant à Louga “ à ses propres frais ”, précise-t-elle.
“Il y a des hommes qui amènent eux-mêmes leurs enfants pour les
faire vacciner, mais il y en a qui poussent l’inconscience jusqu’à
s’opposer aux visites prénatales que veulent faire leurs épouses”,
a-t-elle ajouté. MAMADOU CISSE
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