Sa
simple évocation effraye toujours, surtout les parents, en raison
de sa contagion épidémique dans les écoles et de ces conséquences
parfois mortelles lorsqu’elle n’est pas soignée à temps. Il existe
plusieurs sortes de méningite plus ou moins graves. Dans tous les
cas, il faut réagir vite, le traitement d’une méningite est toujours
une urgence médicale, qui de plus, ne concerne pas uniquement le
malade, mais également tout son entourage. Il en est de même pour
les grands rassemblements de personnes comme le pélérinage aux lieux
Saints de l’Islam. Les autorités saoudiennes sont extrêmement pointilleux
sur la vaccination effective des pélerins, dont près de trois millions
se retrouvent sur leur sol chaque année pendant la période du hadj..
Une
inflammation des enveloppes du cerveau
La
méningite désigne l’inflammation des méninges, enveloppes qui entourent
le cerveau. Elle peut être provoquée par de nombreuses affections
dont des maladies cancéreuses. Cependant les plus fréquentes sont
dues à des virus et des bactéries, et plus rarement à des champignons
et à des parasites. L’agent infectieux s’introduit dans le cerveau
via le liquide céphalorachidien (liquide qui baigne le cerveau,
le nourrit et le protège). Sa prolifération déclenche une inflammation
qui gagne rapidement les méninges.
Le
syndrome méningé
Les
premiers signes de la maladie se déclarent brutalement. L’ensemble
des symptômes est classiquement appelé syndrome méningé : le patient
a de la fièvre, des maux de tête, il supporte difficilement la lumière
et le bruit, des douleurs sont présentes au niveau de la colonne
vertébrale avec une raideur des muscles, en particulier de la nuque.
A ces signes généraux, peuvent s’ajouter des troubles spécifiques
en fonction du type de méningite, comme par exemple l’apparition
d’un purpura (taches rouges sur la peau) caractéristique de l’infection
bactérienne à méningocoque. Sans traitement, la méningite peut évoluer,
avec en premier lieu, des troubles de la vigilance et des convulsions,
allant ensuite jusqu’au coma. Il est donc impératif de consulter
dès l’apparition des premiers symptômes.
Comment
faire le diagnostic ?
Seule
la ponction lombaire permet de confirmer le diagnostic et d’identifier
l’agent responsable de la méningite, donnée indispensable pour établir
le traitement. Elle consiste à prélever quelques gouttes de liquide
céphalorachidien à l’aide d’une aiguille introduite entre deux vertèbres.
Effectuée à l’hôpital, le plus souvent sous anesthésie locale, elle
est rapide et sans danger pour le patient. Toutefois, celui-ci doit
rester allongé pendant quelques heures pour éviter l’apparition
de maux de tête.
Quels
sont les différents types de méningites ?
Elles
sont généralement classées en deux groupes selon l’aspect du liquide
céphalorachidien : · méningites purulentes (le liquide est trouble),
· méningites à liquide clair.
Les
méningites à liquide clair
Les plus fréquentes sont d’origine virale, exceptionnellement causées
par des champignons (mycoses), ou parfois par des bactéries dont
l’agent de la tuberculose (bacille de Koch) ou de la listériose
(Listeria monocytogenes). Les méningites virales sont provoquées
par de très nombreux virus. Elles sont fréquentes, surtout à l’approche
de l’été, mais la plupart du temps bénignes. Résistantes aux antibiotiques
(traitement le plus classique de la méningite), l’institut de veille
sanitaire recommande généralement de simples règles d’hygiène, comme
se laver les mains pour éviter la transmission du virus. Du fait
de leur caractère inoffensif, les virus en causes ne sont habituellement
pas recherchés. Précisons que certaines maladies virales peuvent
s’accompagner d’une atteinte méningée (les oreillons, l’herpès …).
Les
méningites purulentes
Apparaissant principalement en hiver, ce sont les méningites les
plus dangereuses dont leurs conséquences diffèrent en fonction du
germe responsable de la maladie. Trois bactéries sont impliquées
: l’Haemophilus influenzae, le méningocoque et le pneumocoque.·
La
méningite à Haemophilus influenzae
Souvent
grave, elle a été considérée pendant longtemps comme la plus fréquente
chez les enfants de moins de cinq ans. Actuellement, elle a pratiquement
disparu depuis le milieu des années 90, grâce à la commercialisation
d’un vaccin.
-
La méningite à méningocoque Connue sous le nom de méningite cérébrospinale,
elle reste aujourd’hui préoccupante, d’autant plus qu’elle se déclare
la plupart du temps par épidémie dans les collectivités, surtout
les écoles et les crèches. En France, depuis dix ans, son incidence
est stable avec 400 à 500 cas par an. Il existe plusieurs sortes
de méningocoques : A, B et C. Environ 60% des méningites à méningocoque
sont de type B, et 20% de type C. Quant au méningocoque A, il a
pratiquement disparu. Un vaccin préventif est disponible contre
les agents A et C, mais il ne figure pas sur le calendrier vaccinal
des nourrissons car il n’est efficace que sur les enfants de plus
de deux ans et les adultes. En revanche, contre le méningocoque
B, l’agent le plus fréquent en France, on ne dispose actuellement
d’aucun vaccin.
-
La méningite à pneumocoque Elle fait souvent suite à une infection
de l’oreille ou des sinus, plus rarement des voies respiratoires.
Son évolution est souvent très grave. En France, chaque année on
recense 500 cas de méningite à pneumocoque. Elle est sans dommage
pour 60% des malades, mais un tiers conserve des séquelles importantes
(surdité, retard mental, épilepsie, etc.). Dans 15% des cas elle
est mortelle et particulièrement dangereuse chez les personnes âgées.
Un vaccin efficace dès les premiers mois de la vie devrait bientôt
être disponible. Toutefois, son efficacité chez l’adulte n’a pas
encore été prouvée.
Quels sont les traitements ?
Le
traitement des méningites à liquide clair dépend de la cause de
l’infection : antituberculeux pour la tuberculose, antibiotique
pour la listériose, antifongique pour les rares cas d’infection
par les champignons (souvent des malades immunodéprimés). Les antiviraux
sont rarement prescrits, exceptés pour les méningites herpétiques.
En effet, les formes virales étant la plupart du temps bénignes,
elles sont essentiellement traitées par des antipyrétiques et des
antalgiques pour atténuer la température et les douleurs. Pour les
méningites purulentes, il s’agit toujours d’une urgence médicale.
Le traitement repose sur les antibiotiques, administrés par voie
intraveineuse, pendant dix jours pour les méningocoques et deux
semaines au minimum pour les pneumocoques et Haemophilus influenzae
selon la gravité de la maladie. Les méningites à méningocoque doivent
systématiquement être traitées le plus rapidement possible car dans
20% des cas elles laissent des séquelles neurologiques (surdité,
troubles mentaux …) et sont mortelles dans 10% des cas.
Comment
prévenir les épidémies ?
En
dehors des cas d’épidémie de tuberculose et de listériose, les mesures
préventives concernent les méningites à méningocoque en raison de
leur contagion très élevée et de l’existence potentielle de porteurs
sains. Facilement transmissent par les postillons, la salive et
les éternuements, la promiscuité dans les collectivités et les mauvaises
conditions d’hygiène constituent un terrain très favorable au développement
d’une épidémie. De plus, il arrive parfois que la bactérie s’installe
dans la muqueuse de la gorge ; depuis cet endroit, elle ne déclenche
pas la maladie, mais la personne devient alors porteur sain du germe,
pouvant contaminer son entourage sans le savoir.
Pour
prévenir une épidémie, il est donc indispensable de traiter à l’aide
d’antibiotique, non seulement le patient, mais également tout son
entourage : toutes les personnes qui vivent sous le même toit, et
celles qui ont eu des contacts étroits de plus de six heures avec
le malade, comme par exemple l’ensemble d’une classe. Sont également
traités les sujets se plaignant de troubles rhino-pharyngés, s’ils
appartiennent à cette même collectivité.
De
façon générale, il est inutile de tomber dans l’excès, en traitant
par exemple tout un établissement scolaire. De plus, les administrations
trop répétées d’antibiotiques conduisent à des résistances. En effet,
c’est actuellement le cas du pneumocoque : devenu très résistant
aux antibiotiques, ce germe est couramment responsable de méningite,
mais également de pneumonie et d’otite. En collectivité, les enfants
y sont particulièrement exposés. Des oreilles mal soignées laissent
la bactérie migrer jusqu’aux méninges. A chaque récidive, comme
un cercle vicieux, les antibiotiques renforcent le phénomène de
résistance. Les adultes et surtout les personnes âgées, généralement
très sensibles au pneumocoque, ne sont pas non plus épargnés.
En Afrique
Il
faut savoir que si la situation est stable en France depuis une
dizaine d’années, il n’en est pas de même dans tous les pays. En
Afrique, de grandes épidémies exclusivement à méningocoque, font
des ravages. Au cours d’un voyage, le risque de contagion est pratiquement
nul si l’on reste à l’écart des populations locales. En revanche,
aller au contact des habitants nécessite une prévention par la vaccination.
Il en est de même pour les enfants d’immigrés d’origine africaine
ayant grandi en France. Leur immunité naturelle est perdue, ils
risquent lors d’un séjour sur place d’être contaminés et de transmettre
la maladie à leur retour.
Ce
qu’il faut retenir
Il
convient d’être très prudent vis-à-vis des méningites. Elles sont
extrêmement contagieuses et provoquent rapidement des épidémies.
Certaines sont gravissimes, voire mortelles. Pourtant, il existe
des vaccins, des traitements et l’antibiothérapie. Dans tous les
cas la règle est de réagir vite et de se faire traiter au plus tôt
: la prise en charge de cette maladie doit toujours être une urgence.
ISABELLE EUSTACHE
Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=10753&index__edition=9491
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