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La méningite : une terrible maladie - Le soleil - Sénégal - 17/01/02

Sa simple évocation effraye toujours, surtout les parents, en raison de sa contagion épidémique dans les écoles et de ces conséquences parfois mortelles lorsqu’elle n’est pas soignée à temps. Il existe plusieurs sortes de méningite plus ou moins graves. Dans tous les cas, il faut réagir vite, le traitement d’une méningite est toujours une urgence médicale, qui de plus, ne concerne pas uniquement le malade, mais également tout son entourage. Il en est de même pour les grands rassemblements de personnes comme le pélérinage aux lieux Saints de l’Islam. Les autorités saoudiennes sont extrêmement pointilleux sur la vaccination effective des pélerins, dont près de trois millions se retrouvent sur leur sol chaque année pendant la période du hadj..

Une inflammation des enveloppes du cerveau

La méningite désigne l’inflammation des méninges, enveloppes qui entourent le cerveau. Elle peut être provoquée par de nombreuses affections dont des maladies cancéreuses. Cependant les plus fréquentes sont dues à des virus et des bactéries, et plus rarement à des champignons et à des parasites. L’agent infectieux s’introduit dans le cerveau via le liquide céphalorachidien (liquide qui baigne le cerveau, le nourrit et le protège). Sa prolifération déclenche une inflammation qui gagne rapidement les méninges.

Le syndrome méningé

Les premiers signes de la maladie se déclarent brutalement. L’ensemble des symptômes est classiquement appelé syndrome méningé : le patient a de la fièvre, des maux de tête, il supporte difficilement la lumière et le bruit, des douleurs sont présentes au niveau de la colonne vertébrale avec une raideur des muscles, en particulier de la nuque. A ces signes généraux, peuvent s’ajouter des troubles spécifiques en fonction du type de méningite, comme par exemple l’apparition d’un purpura (taches rouges sur la peau) caractéristique de l’infection bactérienne à méningocoque. Sans traitement, la méningite peut évoluer, avec en premier lieu, des troubles de la vigilance et des convulsions, allant ensuite jusqu’au coma. Il est donc impératif de consulter dès l’apparition des premiers symptômes.

Comment faire le diagnostic ?

Seule la ponction lombaire permet de confirmer le diagnostic et d’identifier l’agent responsable de la méningite, donnée indispensable pour établir le traitement. Elle consiste à prélever quelques gouttes de liquide céphalorachidien à l’aide d’une aiguille introduite entre deux vertèbres. Effectuée à l’hôpital, le plus souvent sous anesthésie locale, elle est rapide et sans danger pour le patient. Toutefois, celui-ci doit rester allongé pendant quelques heures pour éviter l’apparition de maux de tête.

Quels sont les différents types de méningites ?

Elles sont généralement classées en deux groupes selon l’aspect du liquide céphalorachidien : · méningites purulentes (le liquide est trouble), · méningites à liquide clair.

Les méningites à liquide clair

Les plus fréquentes sont d’origine virale, exceptionnellement causées par des champignons (mycoses), ou parfois par des bactéries dont l’agent de la tuberculose (bacille de Koch) ou de la listériose (Listeria monocytogenes). Les méningites virales sont provoquées par de très nombreux virus. Elles sont fréquentes, surtout à l’approche de l’été, mais la plupart du temps bénignes. Résistantes aux antibiotiques (traitement le plus classique de la méningite), l’institut de veille sanitaire recommande généralement de simples règles d’hygiène, comme se laver les mains pour éviter la transmission du virus. Du fait de leur caractère inoffensif, les virus en causes ne sont habituellement pas recherchés. Précisons que certaines maladies virales peuvent s’accompagner d’une atteinte méningée (les oreillons, l’herpès …).

Les méningites purulentes

Apparaissant principalement en hiver, ce sont les méningites les plus dangereuses dont leurs conséquences diffèrent en fonction du germe responsable de la maladie. Trois bactéries sont impliquées : l’Haemophilus influenzae, le méningocoque et le pneumocoque.·

La méningite à Haemophilus influenzae

Souvent grave, elle a été considérée pendant longtemps comme la plus fréquente chez les enfants de moins de cinq ans. Actuellement, elle a pratiquement disparu depuis le milieu des années 90, grâce à la commercialisation d’un vaccin.

- La méningite à méningocoque Connue sous le nom de méningite cérébrospinale, elle reste aujourd’hui préoccupante, d’autant plus qu’elle se déclare la plupart du temps par épidémie dans les collectivités, surtout les écoles et les crèches. En France, depuis dix ans, son incidence est stable avec 400 à 500 cas par an. Il existe plusieurs sortes de méningocoques : A, B et C. Environ 60% des méningites à méningocoque sont de type B, et 20% de type C. Quant au méningocoque A, il a pratiquement disparu. Un vaccin préventif est disponible contre les agents A et C, mais il ne figure pas sur le calendrier vaccinal des nourrissons car il n’est efficace que sur les enfants de plus de deux ans et les adultes. En revanche, contre le méningocoque B, l’agent le plus fréquent en France, on ne dispose actuellement d’aucun vaccin.

- La méningite à pneumocoque Elle fait souvent suite à une infection de l’oreille ou des sinus, plus rarement des voies respiratoires. Son évolution est souvent très grave. En France, chaque année on recense 500 cas de méningite à pneumocoque. Elle est sans dommage pour 60% des malades, mais un tiers conserve des séquelles importantes (surdité, retard mental, épilepsie, etc.). Dans 15% des cas elle est mortelle et particulièrement dangereuse chez les personnes âgées. Un vaccin efficace dès les premiers mois de la vie devrait bientôt être disponible. Toutefois, son efficacité chez l’adulte n’a pas encore été prouvée.

Quels sont les traitements ?

Le traitement des méningites à liquide clair dépend de la cause de l’infection : antituberculeux pour la tuberculose, antibiotique pour la listériose, antifongique pour les rares cas d’infection par les champignons (souvent des malades immunodéprimés). Les antiviraux sont rarement prescrits, exceptés pour les méningites herpétiques. En effet, les formes virales étant la plupart du temps bénignes, elles sont essentiellement traitées par des antipyrétiques et des antalgiques pour atténuer la température et les douleurs. Pour les méningites purulentes, il s’agit toujours d’une urgence médicale. Le traitement repose sur les antibiotiques, administrés par voie intraveineuse, pendant dix jours pour les méningocoques et deux semaines au minimum pour les pneumocoques et Haemophilus influenzae selon la gravité de la maladie. Les méningites à méningocoque doivent systématiquement être traitées le plus rapidement possible car dans 20% des cas elles laissent des séquelles neurologiques (surdité, troubles mentaux …) et sont mortelles dans 10% des cas.

Comment prévenir les épidémies ?

En dehors des cas d’épidémie de tuberculose et de listériose, les mesures préventives concernent les méningites à méningocoque en raison de leur contagion très élevée et de l’existence potentielle de porteurs sains. Facilement transmissent par les postillons, la salive et les éternuements, la promiscuité dans les collectivités et les mauvaises conditions d’hygiène constituent un terrain très favorable au développement d’une épidémie. De plus, il arrive parfois que la bactérie s’installe dans la muqueuse de la gorge ; depuis cet endroit, elle ne déclenche pas la maladie, mais la personne devient alors porteur sain du germe, pouvant contaminer son entourage sans le savoir.

Pour prévenir une épidémie, il est donc indispensable de traiter à l’aide d’antibiotique, non seulement le patient, mais également tout son entourage : toutes les personnes qui vivent sous le même toit, et celles qui ont eu des contacts étroits de plus de six heures avec le malade, comme par exemple l’ensemble d’une classe. Sont également traités les sujets se plaignant de troubles rhino-pharyngés, s’ils appartiennent à cette même collectivité.

De façon générale, il est inutile de tomber dans l’excès, en traitant par exemple tout un établissement scolaire. De plus, les administrations trop répétées d’antibiotiques conduisent à des résistances. En effet, c’est actuellement le cas du pneumocoque : devenu très résistant aux antibiotiques, ce germe est couramment responsable de méningite, mais également de pneumonie et d’otite. En collectivité, les enfants y sont particulièrement exposés. Des oreilles mal soignées laissent la bactérie migrer jusqu’aux méninges. A chaque récidive, comme un cercle vicieux, les antibiotiques renforcent le phénomène de résistance. Les adultes et surtout les personnes âgées, généralement très sensibles au pneumocoque, ne sont pas non plus épargnés.

En Afrique

Il faut savoir que si la situation est stable en France depuis une dizaine d’années, il n’en est pas de même dans tous les pays. En Afrique, de grandes épidémies exclusivement à méningocoque, font des ravages. Au cours d’un voyage, le risque de contagion est pratiquement nul si l’on reste à l’écart des populations locales. En revanche, aller au contact des habitants nécessite une prévention par la vaccination. Il en est de même pour les enfants d’immigrés d’origine africaine ayant grandi en France. Leur immunité naturelle est perdue, ils risquent lors d’un séjour sur place d’être contaminés et de transmettre la maladie à leur retour.

Ce qu’il faut retenir

Il convient d’être très prudent vis-à-vis des méningites. Elles sont extrêmement contagieuses et provoquent rapidement des épidémies. Certaines sont gravissimes, voire mortelles. Pourtant, il existe des vaccins, des traitements et l’antibiothérapie. Dans tous les cas la règle est de réagir vite et de se faire traiter au plus tôt : la prise en charge de cette maladie doit toujours être une urgence. ISABELLE EUSTACHE

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=10753&index__edition=9491

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