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Personnes infectées et affectées: témoignage de mme "Salaka Vince" - allafrica.com - Sidwaya - Burkina Faso- 08/01/02

Malgré l'existence des associations et des structures de lutte contre le sida, des malades manquent de soins adéquats, car n'ayant pas de moyens pour se payer les produits même à prix social.
Désespérés, ces derniers se résignent et n'attendent que des oeuvres de charité de certaines bonnes volontés. Sont de ceux-là, Mme Célestine Sanou, épouse du défunt artiste-musicien, Sanou Salaka Vincent communément appelé "Salaka Vince". Ignorance ou simple négligence, veuve Sanou n'a pris son mal au sérieux que lorsque son état s'est empiré il y a de cela trois mois.
Dans un entretien qu'elle a accordé à Sidwaya, elle nous parle de sa situation de personne malade du sida. Voici son témoignage.

"Mon mari est décédé il y a bientôt 5 ans, précisément le 17 avril 1997. Lorsqu'il était malade, les gens disaient qu'il souffrait de "la maladie du siècle". Après son décès, certains ont même eu le culot de me dire que mon malin va finir parce que mon mari est mort du sida et j'en mourrai moi aussi. Je me suis contentée de leur répliquer que je m'en réjouis, car si je contracte le sida avec mon mari, cela n'est pas un problème, l'essentiel est de ne pas le contracter par vagabondage sexuel".

Comme bien d'autres personnes, la veuve Sanou Célestine n'a pas pris la situation au sérieux, son défunt mari n'ayant pas fait le test. Rien ne laissait croire que les rumeurs étaient fondées. Alors, elle n'a pas songé à faire le dépistage à temps. Plus de deux ans après le décès de son mari, elle ne souffrait d'aucun mal, le danger pour elle était écarté. Ce n'est qu'en novembre 2000 que ses maux ont commencé : fièvre par-ci, dysenterie par-là. Ces malaises disparaissaient après traitement, mais réapparaissaient aussitôt ; et ceci durant une année. Recevant les mêmes prescriptions médicales que son mari lorsqu'il souffrait, ses doutes se sont estompés et c'est là qu'elle s'est rendue au centre Oasis de Ouidi, pour exposer son problème. Le personnel du centre lui a recommandé de faire le test ; celui-ci s'est révélé positif. Il fallait affronter le mal avec courage.

Comment a-t-elle accueilli la nouvelle ? Mme Sanou explique : "Lorsque j'ai fait le test, j'ai apporté les résultats au centre, et c'est là que le personnel m'a confirmé mon statut et m'a rassuré que ce n'était pas une fatalité, que je peux encore vivre longtemps ; que le sida est une maladie comme les autres, car on peut mourir d'autre chose que du sida. Alors, c'est là que j'ai eu le moral relevé. On m'a aussitôt délivré une carte et j'ai commencé le traitement".

A-t-elle informé ses proches ? (sa famille et/ou sa belle-famille), quelle a été leur réaction ?
"Les deux familles ont aussitôt su que j'étais malade du sida, lorsqu'elles ont appris que je ne me sentais pas. Elle étaient toutes convaincues que mon mari est décédé des suites de cette maladie. Du côté de ma belle-famille, personne n'est venue me voir. Quant à la mienne, c'est la consternation totale, chacun voit déjà la suite. C'est pour cette raison que ma maman a décidé de venir rester auprès de moi".

C'est en situation de détresse qu'on connaît les vrais amis, enseigne la sagesse africaine. Mme Célestine Sanou ne peut dire le contraire. Quelle est l'attitude de son entourage ?
"Je remercie Dieu d'avoir eu de bons voisins qui me couvrent d'une chaleur inestimable, et qui me témoignent sans cesse leur compassion. C'est grâce à Mme Zongo Blandine, une voisine que mes deux derniers enfants poursuivent leurs études. C'est aussi grâce à elle que nous ne restons pas à jeûn. Lorsqu'elle constate qu'il n'y a pas de marmite au feu, elle nous apporte à manger ou nous donne le nécessaire pour la cuisine. Bien d'autres voisines volent aussi à notre secours. J'ai juste 62 745 F CFA au titre de la pension de mon mari qui fut gendarme. C'est avec cet argent que je nourris mes enfants et me soigne. Il est difficile de survivre dans ces conditions. N'eût été l'appui de mes voisins, je serais morte depuis. Les produits qu'on me donne au centre Oasis ne sont pas toujours disponibles, il y en qui sont en rupture de stock, d'autres ne me soulagent plus".

Pourquoi Mme n'a-t-elle pas contacté d'autres structures de lutte telles le Centre de traitement ambulatoire (CTA) ou l'Association laafi la viim (ALAVI) ?
elle répond simplement : "je ne les connais pas".

Victime d'une ignorance ou d'une simple négligence, Mme Sanou n'est pas la seule à vivre dans cette situation. Son cas n'est donc pas isolé, il existe bien d'autres personnes qui souffrent aujourd'hui dans leur chair et dans leur âme sans une prise en charge effective. D'abord parce qu'elles ne veulent pas parler de leur statut ou qu'elles ont peur de se faire identifier ou tout simplement par ignorance de leur sérologie. Généralement, ces personnes ne se présentent aux structures de lutte contre le VIH que lors qu'elles sont dans la phase terminale.

Très affectée, Célestine Sanou lance un appel à toutes les bonnes volontés qui pourraient lui venir en aide afin qu'elle puisse avoir le minimum pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. Mais au-delà de sa propre personne, elle se dit préoccupée par la situation de toutes les personnes en difficulté : "Je souhaite que des actions plus concrètes soient posées à l'égard de tous ceux qui, comme moi, meurent à petit feu".

Lire l'article original : fr.allafrica.com/stories/200201160659.html

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