Depuis
plusieurs années, les pouvoirs publics sénégalais,
appuyés en cela par leurs différents partenaires telles
que les institutions spécialisées du système
des Nations Unies, (Fnuap, l'Unifem, l'Unicef etc...) et les Organisations
non gouvernementales, sont en train de mener une lutte sans merci
contre la pratique des mutilations génitales féminines
(Mgf). Les mutilations génitales féminines, l'excision
principalement, toucheraient, selon des études menées
en 1990, 20% de la population féminine sénégalaises,
soit un million de femmes et de fillettes. Les taux de mutilations
sexuelles dépassent de loin ce chiffre dans certaines zones
du pays. Ainsi, 70% et 88% des femmes sont respectivement excisées
à Tambacounda et à Kolda. Dans la zone Nord et Nord-Est
(zone du Fouta), les estimations font état de 100% de femmes
ayant subi cette pratique. Ces chiffres fortement élevés
témoignent encore de l'ampleur du problème et inquiètent
ainsi les autorités gouvernementales, les spécialistes
de la santé de la reproduction et autres associations de
défense des droits de la femme.
Selon
l'Organisation mondiale de la Santé (Oms), l'excision pose
aujourd'hui un véritable problème de santé
publique dans les régions où elle reste encore pratiquée.
Elle engendre "des conséquences néfastes qui
affectent la santé physique (y compris la santé sexuelle
et reproductive) et mentale des femmes". Et, d'après
les responsables de la structure onusienne, les complications peuvent
souvent être immédiates, (hémorragies, chocs,
douleurs, et autres risques de maladies à transmission sanguine
comme l'hépatite B et le Vih/Sida) ou durables (infécondité,
dysfonctionnement sexuel, infection reccurente des voies urinaires...).
Aussi, par rapport aux multiples dangers qu'entraîne l'excision,
Aminata Tall naguère ministre de la Famille et de la Solidarité
Nationale et les principaux acteurs concernés se sont-ils
réunis afin d'adopter un Plan d'Action National pour l'Abandon
de la Pratique des Mutilations Génitales Féminines.
Repris aujourd'hui par Awa Guèye Kébé, le ministre
de la Famille et de la Petite Enfance, ce plan qui compte venir
à bout de ce problème d'ici l'an 2007 au Sénégal
s'articule autour de quatre grandes composantes qui sont la communication
et la mobilisation sociale, l'éducation formelle et non formelle,
les mesures d'accompagnement et, enfin, le cadre institutionnel.
D'un autre côté, ce document stratégique "permet
de baliser tous les facteurs qui vont favoriser l'abandon des mutilations
génitales féminines. Il va également permettre
à chacun des acteurs concernés de jouer pleinement
sa partition", a affirmé Awa Guèye Kébé
lors du petit déjeuner de presse organisé hier, mardi
22 janvier, par la Direction de la Famille à l'occasion du
lancement officiel du Plan d'Action Nationale pour l'abandon des
Mutilations Génitales Féminines. Amener, par le biais
de la sensibilisation, plus de 90% des populations concernées
à rejeter la pratique des Mgf constitue l'un des objectifs
spécifiques du plan. En réalité, malgré
le vote par le Parlement sénégalais le 13 janvier
1999 d'une loi pénalisant les Mgf, certaines populations
féminines continuent encore de se faire exciser parfois au
prix même de leur vie.
Le
plan dont le budget total s'élève à deux milliards
et demi de francs Cfa s'intéresse à la stratégie
de reconversion des exciseuses. Cette stratégie passe par
des activités d'enquêtes pour une cartographie nationale
des exciseuses, des ateliers d'identification des domaines de reconversion
adaptés aux contextes... Les techniciens du ministère
en charge de la Famille et de la Petite Enfance ont compris la nécessité
de mettre en place des mesures d'accompagnement pour une bonne prise
en charge des exciseuses. Toutefois, un budget n'a pas été
dégagé en ce qui concerne leur reconversion. En fait,
pour le ministre Awa Guèye Kébé et ses collaborateurs,
"la prise en charge des exciseuses ne doit en aucune façon
aboutir à une quelconque forme de chantage. Car, il faut
noter, certaines exciseuses ont réussi leur reconversion
sans notre soutien".
Hawa
BOUSSO
Lire l'article original : www.sudonline.sn/archives/23012002.htm
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