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Abandon des mutilations génitales féminines : Le plan d'action est lancé - Sud quotidien - Sénégal - 23/01/02

Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics sénégalais, appuyés en cela par leurs différents partenaires telles que les institutions spécialisées du système des Nations Unies, (Fnuap, l'Unifem, l'Unicef etc...) et les Organisations non gouvernementales, sont en train de mener une lutte sans merci contre la pratique des mutilations génitales féminines (Mgf). Les mutilations génitales féminines, l'excision principalement, toucheraient, selon des études menées en 1990, 20% de la population féminine sénégalaises, soit un million de femmes et de fillettes. Les taux de mutilations sexuelles dépassent de loin ce chiffre dans certaines zones du pays. Ainsi, 70% et 88% des femmes sont respectivement excisées à Tambacounda et à Kolda. Dans la zone Nord et Nord-Est (zone du Fouta), les estimations font état de 100% de femmes ayant subi cette pratique. Ces chiffres fortement élevés témoignent encore de l'ampleur du problème et inquiètent ainsi les autorités gouvernementales, les spécialistes de la santé de la reproduction et autres associations de défense des droits de la femme.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (Oms), l'excision pose aujourd'hui un véritable problème de santé publique dans les régions où elle reste encore pratiquée. Elle engendre "des conséquences néfastes qui affectent la santé physique (y compris la santé sexuelle et reproductive) et mentale des femmes". Et, d'après les responsables de la structure onusienne, les complications peuvent souvent être immédiates, (hémorragies, chocs, douleurs, et autres risques de maladies à transmission sanguine comme l'hépatite B et le Vih/Sida) ou durables (infécondité, dysfonctionnement sexuel, infection reccurente des voies urinaires...). Aussi, par rapport aux multiples dangers qu'entraîne l'excision, Aminata Tall naguère ministre de la Famille et de la Solidarité Nationale et les principaux acteurs concernés se sont-ils réunis afin d'adopter un Plan d'Action National pour l'Abandon de la Pratique des Mutilations Génitales Féminines. Repris aujourd'hui par Awa Guèye Kébé, le ministre de la Famille et de la Petite Enfance, ce plan qui compte venir à bout de ce problème d'ici l'an 2007 au Sénégal s'articule autour de quatre grandes composantes qui sont la communication et la mobilisation sociale, l'éducation formelle et non formelle, les mesures d'accompagnement et, enfin, le cadre institutionnel. D'un autre côté, ce document stratégique "permet de baliser tous les facteurs qui vont favoriser l'abandon des mutilations génitales féminines. Il va également permettre à chacun des acteurs concernés de jouer pleinement sa partition", a affirmé Awa Guèye Kébé lors du petit déjeuner de presse organisé hier, mardi 22 janvier, par la Direction de la Famille à l'occasion du lancement officiel du Plan d'Action Nationale pour l'abandon des Mutilations Génitales Féminines. Amener, par le biais de la sensibilisation, plus de 90% des populations concernées à rejeter la pratique des Mgf constitue l'un des objectifs spécifiques du plan. En réalité, malgré le vote par le Parlement sénégalais le 13 janvier 1999 d'une loi pénalisant les Mgf, certaines populations féminines continuent encore de se faire exciser parfois au prix même de leur vie.

Le plan dont le budget total s'élève à deux milliards et demi de francs Cfa s'intéresse à la stratégie de reconversion des exciseuses. Cette stratégie passe par des activités d'enquêtes pour une cartographie nationale des exciseuses, des ateliers d'identification des domaines de reconversion adaptés aux contextes... Les techniciens du ministère en charge de la Famille et de la Petite Enfance ont compris la nécessité de mettre en place des mesures d'accompagnement pour une bonne prise en charge des exciseuses. Toutefois, un budget n'a pas été dégagé en ce qui concerne leur reconversion. En fait, pour le ministre Awa Guèye Kébé et ses collaborateurs, "la prise en charge des exciseuses ne doit en aucune façon aboutir à une quelconque forme de chantage. Car, il faut noter, certaines exciseuses ont réussi leur reconversion sans notre soutien".

Hawa BOUSSO

Lire l'article original : www.sudonline.sn/archives/23012002.htm

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