Dans
la région de Louga, l’objectif des structures de santé du service
public et des organisations non gouvernementales comme l’Asbef est,
aujourd’hui, de réduire l’écart entre le niveau de connaissance
de la contraception (80% ) et le taux de pratique de la contraception
(9 %). Dans ce dessein, il s’agira, en plus des services offerts,
d’accentuer la sensibilisation des populations et de procéder à
des distributions à base communautaire des contraceptifs pour répondre
aux besoins dans les localités où les services n'existent pas.
Situé
au Sud de la ville de Louga, dans le quartier Montagne, l’antenne
de l’association sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef)
dans le Ndiambour est logée dans un imposant bâtiment peint en blanc.
L’antenne doit certes “ son succès à son sérieux et à son sens de
l'organisation ”, mais aussi “ à la qualité de ses services dans
un environnement pourtant marqué par l’existence de tabous et autres
préjugés liés à la santé de la reproduction ”.
Ce
matin, au milieu d’une foule composée essentiellement de femmes
en âge de procréer, nous avons eu de la peine à accéder au bureau
du coordonnateur régional, M. Mactar Diop. M. Diop est “ fier du
travail abattu ” par l’équipe qui l’épaule. Au moment de l’installation
de l’Asbef à Louga, en 1984, note M. Mactar Diop, “ il y avait des
besoins réels dans les domaines de la planification familiale (on
insistait alors sur l’espacement des naissances), de la lutte contre
les maladies sexuellement transmissibles et le Sida, de la lutte
contre la stérilité et, enfin, de l'éducation à la vie familiale
”. Pour mener à bien ce travail axé sur la promotion de la santé
de la mère et de l'enfant, l'antenne, en ces temps, s'était appuyée
sur les associations de quartiers, les groupements féminins et les
mouvements associatifs, les troupes de théâtre populaire et le conseil
régional de la jeunesse. Ces organisations avaient des ramifications
jusqu'à la plus petite contrée de la région. À cette étape première,
affirme M. Diop, un rôle important a été joué aussi bien par les
volontaires de l'association, les notables que par les autorités
administratives. “C'est ainsi que le terme contraception a été,
petit à petit, accepté par les populations ”, ajoute Mactar Diop.
En
1984, seuls 494 personnes ont bénéficié des services de l’antenne
en 6 mois. En 2001, elles étaient 30.000. La structure, fortement
sollicitée, a été transférée dans un local plus grand et plus fonctionnel.
Elle offre désormais une gamme de services plus variés en santé
de la reproduction. La contraception (les pilules, la pose de stérilet,
le “ norplan ”, les spermicides, etc.) occupent une place importante
dans les activités du personnel tout comme les consultations post
et prénatales qui ont lieu tous les jours. Viennent ensuite l'échographie,
la pédiatrie, la gynécologie, la lutte contre les MST/VIH. La lutte
conte la stérilité et l'infécondité reste au centre des préoccupations
du personnel de l’antenne.
Un
mini laboratoire permet de faire des analyses médicales (dépistage
de certaines maladies sexuellement transmissible, bilan de grossesse)
et la pharmacie, version initiative de Bamako, favorise l’accès
à des médicaments à moindre coût.
L’ACCENT
SUR L’INFORMATION DES POPULATIONS
Les activités ont surtout concerné la promotion du volontariat et
l'implication des femmes. L'ASBF de Louga fait également des adolescents
et des jeunes de 10 à 24 ans une cible prioritaire. En matière de
pratique contraceptive, l’implication des hommes est importante,
voire fondamentale. Ils sont ainsi des cibles privilégiées de même
d'ailleurs que les personnes du troisième âge. Aujourd'hui, souligne
le coordinateur de l'ASBEF, le travail d’information, d’éducation
et de communication, surtout en matière de contraception, se poursuit.
Les chiffres font apparaître un niveau de connaissance contraceptive
qui avoisine les 80 pour cent alors que la prévalence de la contraception
est d'environ 9 pour cent, à peu près la même que celle qui est
notée au niveau national.
M. Diop reconnaît que l’objectif de sa structure est, aujourd’hui,
de réduire l’écart entre le niveau de connaissance de la contraception
et le taux de pratique de la contraception. Il s'agit donc, en plus
des services offerts sur place au niveau de la clinique, de faire
des distributions à base communautaire des contraceptifs pour répondre
aux besoins dans les localités où les services n'existent pas. En
somme, il s'agira de mettre l'accent sur l’information, la communication
et l’éducation pour amener les populations à changer de comportement
et, conséquemment, à augmenter le nombre de personnes pratiquant
la contraception.
Fatou
Sylla, rencontrée sur place, est de celles qui, depuis 2 ans, fréquentent
régulièrement l'ASBEF de Louga. Elle est convaincue que le temps
n'est plus loin où les exigences d'une vie meilleure auront raison
des hésitations et des rumeurs qui freinent la pratique contraceptive.
Aïda Gaye va plus loin. Elle révèle que c'est grâce à la contraception
qu'elle a recouvré sa santé après quatre enfants mis au monde en
six années. MAMADOU CISSE
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l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=11198&index__edition=9506
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