Contactez_nous
La_santé_tropicale_sur_internet  
www_santetropicale_com
A Louga, on connaît la contraception sans la pratiquer à une grande échelle - Le soleil - Sénégal - 04/02/02

Dans la région de Louga, l’objectif des structures de santé du service public et des organisations non gouvernementales comme l’Asbef est, aujourd’hui, de réduire l’écart entre le niveau de connaissance de la contraception (80% ) et le taux de pratique de la contraception (9 %). Dans ce dessein, il s’agira, en plus des services offerts, d’accentuer la sensibilisation des populations et de procéder à des distributions à base communautaire des contraceptifs pour répondre aux besoins dans les localités où les services n'existent pas.

Situé au Sud de la ville de Louga, dans le quartier Montagne, l’antenne de l’association sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef) dans le Ndiambour est logée dans un imposant bâtiment peint en blanc. L’antenne doit certes “ son succès à son sérieux et à son sens de l'organisation ”, mais aussi “ à la qualité de ses services dans un environnement pourtant marqué par l’existence de tabous et autres préjugés liés à la santé de la reproduction ”.

Ce matin, au milieu d’une foule composée essentiellement de femmes en âge de procréer, nous avons eu de la peine à accéder au bureau du coordonnateur régional, M. Mactar Diop. M. Diop est “ fier du travail abattu ” par l’équipe qui l’épaule. Au moment de l’installation de l’Asbef à Louga, en 1984, note M. Mactar Diop, “ il y avait des besoins réels dans les domaines de la planification familiale (on insistait alors sur l’espacement des naissances), de la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le Sida, de la lutte contre la stérilité et, enfin, de l'éducation à la vie familiale ”. Pour mener à bien ce travail axé sur la promotion de la santé de la mère et de l'enfant, l'antenne, en ces temps, s'était appuyée sur les associations de quartiers, les groupements féminins et les mouvements associatifs, les troupes de théâtre populaire et le conseil régional de la jeunesse. Ces organisations avaient des ramifications jusqu'à la plus petite contrée de la région. À cette étape première, affirme M. Diop, un rôle important a été joué aussi bien par les volontaires de l'association, les notables que par les autorités administratives. “C'est ainsi que le terme contraception a été, petit à petit, accepté par les populations ”, ajoute Mactar Diop.

En 1984, seuls 494 personnes ont bénéficié des services de l’antenne en 6 mois. En 2001, elles étaient 30.000. La structure, fortement sollicitée, a été transférée dans un local plus grand et plus fonctionnel. Elle offre désormais une gamme de services plus variés en santé de la reproduction. La contraception (les pilules, la pose de stérilet, le “ norplan ”, les spermicides, etc.) occupent une place importante dans les activités du personnel tout comme les consultations post et prénatales qui ont lieu tous les jours. Viennent ensuite l'échographie, la pédiatrie, la gynécologie, la lutte contre les MST/VIH. La lutte conte la stérilité et l'infécondité reste au centre des préoccupations du personnel de l’antenne.

Un mini laboratoire permet de faire des analyses médicales (dépistage de certaines maladies sexuellement transmissible, bilan de grossesse) et la pharmacie, version initiative de Bamako, favorise l’accès à des médicaments à moindre coût.

L’ACCENT SUR L’INFORMATION DES POPULATIONS

Les activités ont surtout concerné la promotion du volontariat et l'implication des femmes. L'ASBF de Louga fait également des adolescents et des jeunes de 10 à 24 ans une cible prioritaire. En matière de pratique contraceptive, l’implication des hommes est importante, voire fondamentale. Ils sont ainsi des cibles privilégiées de même d'ailleurs que les personnes du troisième âge. Aujourd'hui, souligne le coordinateur de l'ASBEF, le travail d’information, d’éducation et de communication, surtout en matière de contraception, se poursuit. Les chiffres font apparaître un niveau de connaissance contraceptive qui avoisine les 80 pour cent alors que la prévalence de la contraception est d'environ 9 pour cent, à peu près la même que celle qui est notée au niveau national.

M. Diop reconnaît que l’objectif de sa structure est, aujourd’hui, de réduire l’écart entre le niveau de connaissance de la contraception et le taux de pratique de la contraception. Il s'agit donc, en plus des services offerts sur place au niveau de la clinique, de faire des distributions à base communautaire des contraceptifs pour répondre aux besoins dans les localités où les services n'existent pas. En somme, il s'agira de mettre l'accent sur l’information, la communication et l’éducation pour amener les populations à changer de comportement et, conséquemment, à augmenter le nombre de personnes pratiquant la contraception.

Fatou Sylla, rencontrée sur place, est de celles qui, depuis 2 ans, fréquentent régulièrement l'ASBEF de Louga. Elle est convaincue que le temps n'est plus loin où les exigences d'une vie meilleure auront raison des hésitations et des rumeurs qui freinent la pratique contraceptive. Aïda Gaye va plus loin. Elle révèle que c'est grâce à la contraception qu'elle a recouvré sa santé après quatre enfants mis au monde en six années. MAMADOU CISSE

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=11198&index__edition=9506

Retour actualités