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Santé de la reproduction: Des parlementaires annoncent une proposition de loi pour le 8 mars - Le Soleil - Sénégal - 16/02/02

Le réseau des parlementaires sénégalais sur la population et le développement envisage de déposer, le 8 mars prochain, sur la table du président de l’Assemblée nationale, une proposition de loi portant sur la santé de la reproduction. La révélation a été faite, jeudi, par M. Famara Sarr, député, coordonnateur national du réseau des parlementaires sénégalais sur la population et le développement.

M. Famara Sarr s’exprimait au cours d’une réunion visant à rendre opérationnel le programme de travail du réseau, élaboré en collaboration avec ACI dont le directeur est M. Gary Engelberg. Ce programme devrait aider à renforcer “ l’implication des parlementaires dans la lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal ”. La date choisie pour déposer la proposition de loi n’est pas fortuite, a souligné M. Sarr. En effet, elle coïncide avec la journée internationale de la femme célébrée par la communauté internationale. En plus, le VIH/SIDA touche désormais plus de femmes que d’hommes. C’est le contraire qu’on notait au début de l’épidémie.

La proposition de loi “ vise à lever les obstacles et contraintes à la santé de la reproduction (SR) ”. Elle “ définit la SR, les soins et les services, affirme des principes et des droits reconnus à tout couple et individus, réglemente les structures de santé de la santé de la reproduction et prévoit des sanctions pénales en cas de violation de ces droits ”. Certains articles (articles 6, 18, 21, 25) de cette proposition de loi sont relatifs au VIH/SIDA.

La rencontre de jeudi a regroupé plusieurs ONG, associations et réseaux impliqués dans la lutte contre le SIDA. Elle a permis, à l’issue d’un échange fructueux, de dégager des espaces possibles de coopération entre ces structures et le réseau des parlementaires.


L’EMOTION À L’IMPROVISTE
L’émotion peut, parfois, à l’improviste, envahir une réunion technique. Ainsi, ce médecin, une femme, rendant compte du travail de sa structure, du suivi des malades du SIDA et des personnes vivant avec le VIH, avait les larmes aux yeux. Le SIDA, les chiffres et les programmes - dont on parlait doctement – devenaient, subitement, des hommes, des femmes et des enfants, malades, rejetés, en détresse. Gary Engelberg nous avait pourtant, avec finesse, prévenus. Il a raison. On n’écoute pas d’une oreille distraite ce genre de personnage. Une déferlante d’émotion avait empli la salle quand, concluant son intervention, elle évoquait la situation de cette mère de famille, malade du SIDA, rongée par le virus et… la faim. Emu, comme le reste de l’assistance, M. Famara Sarr parlera, plus tard, en des termes élogieux, de ces acteurs de la lutte contre le SIDA dont “ on ne voit pas toujours le dévouement ”.

C’est sûr, les uns ont besoin des autres dans la lutte contre le VIH/SIDA parce que, comme l’a affirmé M. Famara Sarr, les questions liées à l’épidémie du SIDA sont des questions redoutables ”. “ Il faut que les députés légifèrent. Ils ont toutefois besoin de comprendre, de savoir de quoi ils parlent, d’écouter ceux et celles qui travaillent sur le terrain. C’est ainsi que nous pourrons aussi mieux contrôler l’action du gouvernement ”, a déclaré M. Sarr pour résumer le sentiment des collègues députés présents dans la salle. Le coordonnateur du réseau des parlementaires a également annoncé qu’une journée du Parlement sur le SIDA sera prochainement organisée. Les acteurs de la lutte contre cette maladie viendront dialoguer avec les élus du peuple, exposer dans le hall de l’Assemblée nationale leurs productions et autres outils de sensibilisation.

Recherche de consensus

Les députés veulent s’entourer de toutes les garanties dans cet exercice qui vise à obtenir un large consensus autour de la proposition de loi. Dans ce dessein, ils multiplient les rencontres, les concertations et veillent à l’implication du plus grand nombre d’acteur dans le processus de validation de la proposition de loi.

La proposition de loi sur la santé de la reproduction (SR) s’inspire de la loi type sur la santé sexuelle et de la reproduction et Planification adoptée à Abidjan en juin 1999 par le Forum des parlementaires arabes et africains sur la population et le développement (FPAAPD) tendant à contribuer à l’harmonisation des législations sur la santé de la reproduction en Afrique de l’Ouest.

L’article premier de la proposition de loi définit la santé de la reproduction “ comme le bien-être général, tant physique que mental et social de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l’absence de maladies ou d’infirmités ”. Les services de SR sont “ l’ensemble des méthodes, techniques et services qui contribuent à la santé et au bien-être en matière de procréation en prévenant et en résolvant les problèmes qui peuvent se poser dans ce domaine ”.

Des parlementaires sénégalais avaient activement pris part à la réunion d’Abidjan. Ils soutiennent aujourd’hui que la proposition de loi est adaptée “ aux réalités sénégalaises en respectant les valeurs religieuses et éthiques ainsi que les coutumes ”. Cela a été à nouveau réitéré, hier, au cours de l’atelier de validation de la proposition de loi sur la SR qui a regroupé, au siège de l’ASBEF, les membres du comité national pour la levée des barrières juridiques et non juridiques à la santé de la reproduction.

Cet atelier a regroupé plusieurs personnes dont des membres du réseau des parlementaires sur la population, le Pr Madior Diouf, député, président de la commission santé et population à l’Assemblée nationale, le président de l’ASBEF, M. Cheikh Faye, les représentants de partenaires au développement, d’organisations non gouvernementales, des réseaux, d’associations, des membres du comité scientifique, etc.

Ce comité scientifique avait été mis en place, pendant le dernier trimestre de l’année 2000. Sa mission est “ de suivre et d’encadrer le travail du juriste consultant pour s’assurer que les résultats des recensements des lois relatives à la SR déjà effectués sont intégrés dans le document final ”. Le président du comité scientifique est M. Cheikh Ba de l’APAPS. Après la présentation de la proposition sur la SR faite par le Pr Amsatou Sow Sidibé, les interventions ont porté sur l’exposé des motifs et les différents articles. Des suggestions ont été faites et des amendements formulés. Les députés veulent s’entourer de toutes les garanties dans cet exercice qui vise à obtenir un large consensus autour de la proposition de loi. L’attitude du Pr Madior Diouf, président de la commission santé et population de l’Assemblée nationale en est une preuve. Aussitôt installé dans la salle, il a demandé si le réseau islam et population avait un représentant dans la salle. Quand celui-ci s’est présenté, le Pr Madior Diouf était visiblement rassuré.

Jeudi prochain, une autre réunion est prévue à l’Assemblée nationale. Elle regroupera des députés issus des différents groupes parlementaires, des membres du réseau, etc.
EL BACHIR SOW

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=11547&index__edition=9517

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