Le
réseau des parlementaires sénégalais sur la
population et le développement envisage de déposer,
le 8 mars prochain, sur la table du président de lAssemblée
nationale, une proposition de loi portant sur la santé de
la reproduction. La révélation a été
faite, jeudi, par M. Famara Sarr, député, coordonnateur
national du réseau des parlementaires sénégalais
sur la population et le développement.
M.
Famara Sarr sexprimait au cours dune réunion
visant à rendre opérationnel le programme de travail
du réseau, élaboré en collaboration avec ACI
dont le directeur est M. Gary Engelberg. Ce programme devrait aider
à renforcer limplication des parlementaires
dans la lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal .
La date choisie pour déposer la proposition de loi nest
pas fortuite, a souligné M. Sarr. En effet, elle coïncide
avec la journée internationale de la femme célébrée
par la communauté internationale. En plus, le VIH/SIDA touche
désormais plus de femmes que dhommes. Cest le
contraire quon notait au début de lépidémie.
La
proposition de loi vise à lever les obstacles et contraintes
à la santé de la reproduction (SR) . Elle
définit la SR, les soins et les services, affirme des principes
et des droits reconnus à tout couple et individus, réglemente
les structures de santé de la santé de la reproduction
et prévoit des sanctions pénales en cas de violation
de ces droits . Certains articles (articles 6, 18, 21, 25)
de cette proposition de loi sont relatifs au VIH/SIDA.
La
rencontre de jeudi a regroupé plusieurs ONG, associations
et réseaux impliqués dans la lutte contre le SIDA.
Elle a permis, à lissue dun échange fructueux,
de dégager des espaces possibles de coopération entre
ces structures et le réseau des parlementaires.
LEMOTION À LIMPROVISTE
Lémotion peut, parfois, à limproviste,
envahir une réunion technique. Ainsi, ce médecin,
une femme, rendant compte du travail de sa structure, du suivi des
malades du SIDA et des personnes vivant avec le VIH, avait les larmes
aux yeux. Le SIDA, les chiffres et les programmes - dont on parlait
doctement devenaient, subitement, des hommes, des femmes
et des enfants, malades, rejetés, en détresse. Gary
Engelberg nous avait pourtant, avec finesse, prévenus. Il
a raison. On nécoute pas dune oreille distraite
ce genre de personnage. Une déferlante démotion
avait empli la salle quand, concluant son intervention, elle évoquait
la situation de cette mère de famille, malade du SIDA, rongée
par le virus et
la faim. Emu, comme le reste de lassistance,
M. Famara Sarr parlera, plus tard, en des termes élogieux,
de ces acteurs de la lutte contre le SIDA dont on ne voit
pas toujours le dévouement .
Cest
sûr, les uns ont besoin des autres dans la lutte contre le
VIH/SIDA parce que, comme la affirmé M. Famara Sarr,
les questions liées à lépidémie
du SIDA sont des questions redoutables . Il faut que
les députés légifèrent. Ils ont toutefois
besoin de comprendre, de savoir de quoi ils parlent, découter
ceux et celles qui travaillent sur le terrain. Cest ainsi
que nous pourrons aussi mieux contrôler laction du gouvernement
, a déclaré M. Sarr pour résumer le sentiment
des collègues députés présents dans
la salle. Le coordonnateur du réseau des parlementaires a
également annoncé quune journée du Parlement
sur le SIDA sera prochainement organisée. Les acteurs de
la lutte contre cette maladie viendront dialoguer avec les élus
du peuple, exposer dans le hall de lAssemblée nationale
leurs productions et autres outils de sensibilisation.
Recherche
de consensus
Les
députés veulent sentourer de toutes les garanties
dans cet exercice qui vise à obtenir un large consensus autour
de la proposition de loi. Dans ce dessein, ils multiplient les rencontres,
les concertations et veillent à limplication du plus
grand nombre dacteur dans le processus de validation de la
proposition de loi.
La
proposition de loi sur la santé de la reproduction (SR) sinspire
de la loi type sur la santé sexuelle et de la reproduction
et Planification adoptée à Abidjan en juin 1999 par
le Forum des parlementaires arabes et africains sur la population
et le développement (FPAAPD) tendant à contribuer
à lharmonisation des législations sur la santé
de la reproduction en Afrique de lOuest.
Larticle
premier de la proposition de loi définit la santé
de la reproduction comme le bien-être général,
tant physique que mental et social de la personne humaine, pour
tout ce qui concerne lappareil génital, ses fonctions
et son fonctionnement et non pas seulement labsence de maladies
ou dinfirmités . Les services de SR sont
lensemble des méthodes, techniques et services qui
contribuent à la santé et au bien-être en matière
de procréation en prévenant et en résolvant
les problèmes qui peuvent se poser dans ce domaine .
Des
parlementaires sénégalais avaient activement pris
part à la réunion dAbidjan. Ils soutiennent
aujourdhui que la proposition de loi est adaptée
aux réalités sénégalaises en respectant
les valeurs religieuses et éthiques ainsi que les coutumes
. Cela a été à nouveau réitéré,
hier, au cours de latelier de validation de la proposition
de loi sur la SR qui a regroupé, au siège de lASBEF,
les membres du comité national pour la levée des barrières
juridiques et non juridiques à la santé de la reproduction.
Cet
atelier a regroupé plusieurs personnes dont des membres du
réseau des parlementaires sur la population, le Pr Madior
Diouf, député, président de la commission santé
et population à lAssemblée nationale, le président
de lASBEF, M. Cheikh Faye, les représentants de partenaires
au développement, dorganisations non gouvernementales,
des réseaux, dassociations, des membres du comité
scientifique, etc.
Ce
comité scientifique avait été mis en place,
pendant le dernier trimestre de lannée 2000. Sa mission
est de suivre et dencadrer le travail du juriste consultant
pour sassurer que les résultats des recensements des
lois relatives à la SR déjà effectués
sont intégrés dans le document final . Le président
du comité scientifique est M. Cheikh Ba de lAPAPS.
Après la présentation de la proposition sur la SR
faite par le Pr Amsatou Sow Sidibé, les interventions ont
porté sur lexposé des motifs et les différents
articles. Des suggestions ont été faites et des amendements
formulés. Les députés veulent sentourer
de toutes les garanties dans cet exercice qui vise à obtenir
un large consensus autour de la proposition de loi. Lattitude
du Pr Madior Diouf, président de la commission santé
et population de lAssemblée nationale en est une preuve.
Aussitôt installé dans la salle, il a demandé
si le réseau islam et population avait un représentant
dans la salle. Quand celui-ci sest présenté,
le Pr Madior Diouf était visiblement rassuré.
Jeudi
prochain, une autre réunion est prévue à lAssemblée
nationale. Elle regroupera des députés issus des différents
groupes parlementaires, des membres du réseau, etc.
EL BACHIR SOW
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l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=11547&index__edition=9517
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