Mon premier est une tradition
holistique qui a 5 000 ans. Mon deuxième a trouvé ses racines en
Inde. Et mon tout est une médecine naturelle axée sur l'équilibre
des énergies du corps humain. Que suis-je ? L'ayurvéda. Depuis quelques
années, les centres ayurvédiques fleurissent dans le public et le
privé. Qu'elle est cette médecine ? Risque-t-elle de concurrencer
la médecine conventionnelle ? Fait-elle toujours l'unanimité ? Le
point.
Ayurvéda : un mot qui en dit long. En sanskrit,
"Ayur" signifie la vie et "Véda", la science ou la connaissance.
L'ayurvéda est donc la science de la vie. À la fois préventive et
curative, la médecine ayurvédique soigne, essentiellement par les
plantes, des troubles aussi divers qu'un mal de gorge, une migraine
ou des maladies plus complexes. Aujourd'hui, la guérison ne tient
plus forcément aux formules chimiques. Nous entrons là dans le royaume
des tisanes traditionnelles, des gélules, des huiles essentielles,
des poudres médicinales, concoctées à partir d'herbes naturelles.
À ce jour, on compte environ une dizaine de centres ayurvédiques
privés. De son côté, le ministère de la Santé vient tout juste d'introduire
un service de soins ayurvédiques à Belvédère et à L'Escalier, rattachés
aux hôpitaux de Flacq et de Rose-Belle.
Une traînée de poudre
Quelle est donc la philosophie derrière cette médecine
qui se répand comme une traînée de poudre ? Selon la mythologie
hindoue, le dieu Brahma, créateur de l'univers, aurait transmis
ses connaissances dans les Védas, les quatre livres sacrés hindous.
La théorie ayurvédique, issue du quatrième Véda (l'Atharava), qui
mentionne aussi des méthodes de décoction, se base sur la constitution
de chaque individu, indiquant sa prédisposition à certaines maladies.
Elle s'appuie donc sur le fait que les cinq éléments - l'eau, la
terre, le feu, l'air et l'éther - se combinent en paires pour former
trois forces dynamiques appelées doshas, "ce qui change" en sanskrit.
Donc, lorsqu'un des éléments est en déséquilibre, on est exposé
aux maladies. "Le but de la médecine ayurvédique est de créer une
société sans maladies. C'est une méthode touchant à divers domaines
de la médecine comme la pédiatrie, la chirurgie, la psychiatrie
ou la toxicologie. On peut détecter les maladies et en prévenir
d'autres en utilisant certaines techniques. Par exemple, pour dresser
un bilan de santé, on peut le faire en prenant le pouls", explique
le Dr Comalchandra Radhakeesoon, directeur du centre Shatayu à Rose-Hill,
qui assure également des consultations au centre Maharishi Ayur
Veda à Port-Louis.
Aujourd'hui, la prise de conscience de la population
est certaine : les plantes influencent la santé. De ce fait, de
nombreux Mauriciens se tournent vers la médecine ayurvédique. Quels
sont donc ses atouts ? "Elle a fait ses preuves et évolue grâce
aux recherches cliniques et scientifiques régulières. C'est d'ailleurs
une médecine reconnue par l'Organisation mondiale de la santé",
explique Neela Ramgoolam, directrice du centre Maharishi Ayur Veda.
Les utilisateurs sont convaincus de ses bienfaits. Efficacité et
sécurité sont les termes qui reviennent le plus souvent pour la
décrire. "J'ai déjà essayé la médecine conventionnelle, mais en
découvrant l'ayurvéda grâce à une amie, j'ai été agréablement surprise
par son efficacité. Après avoir mis au monde mes deux enfants, je
me sentais déprimée. Le traitement ayurvédique que j'ai suivi pour
gérer le stress m'a permis de surmonter cette épreuve", témoigne
Valérie, 38 ans. Pour Shenaz, 26 ans, la médecine ayurvédique lui
a permis de perdre ses kilos superflus. Dix au total en deux mois
! "Au mois de novembre, j'ai commencé à prendre un thé ayurvédique
aux vertus amincissantes. Cela s'est avéré très efficace. De plus
je ne ressentais pas le moindre effet secondaire. Je suis passée
de 65 à 55 kilos", confie-t-elle. Elles suivent toutes deux des
traitements au centre Nirvaved 5 Lotus à Curepipe. "Nous pensons
que 99 % des maladies sont psychosomatiques. Pour instaurer la santé
et le bien-être, il faut conserver l'équilibre des éléments. Pour
cela, il faut aussi s'assurer que les produits sont conformes. C'est
pour cela que nous faisons des analyses dans les laboratoires français
avant de les commercialiser", explique Anilsing Deodanan, directeur
de l'institut.
Hormis les soins médicaux, la médecine ayurvédique
se base aussi sur les techniques de relaxation, la méditation et
le yoga pour combattre les maux quotidiens, comme le stress. Mais
attention, pour exercer la médecine ayurvédique, il faut respecter
certaines directives. En fait, le Traditional Medicine Board, créé
après la promulgation de l'Ayurvedic and other traditional medicine
Act en 1989, a été institué pour veiller à ce que chaque médecin
ayurvédique soit enregistré auprès de l'association. Selon la loi,
trois types de médecine sont reconnus à Maurice : la médecine ayurvédique,
l'homéopathie et la médecine traditionnelle chinoise. Ainsi après
avoir fait des études de médecine ayurvédique, qui durent environ
cinq ans et demi, les médecins doivent faire une demande auprès
du comité, présidé par un représentant du ministère de la Santé,
et payer Rs 1 000 d'enregistrement par an.
Se montrer vigilant
La médecine ayurvédique fait-elle toujours l'unanimité
? "En général, les médecins n'ont rien contre elle. Au contraire,
cela peut être des médicaments complémentaires à l'allopathie (la
médecine conventionnelle) mais il faut tout de même se montrer vigilant.
Il faut savoir utiliser ces médicaments ayurvédiques et respecter
les contre-indications. Sinon, on s'expose à des aggravations",
déclare le Dr Ramchandra Bheenick, président de l'association des
médecins privés. "L'essentiel est que le patient puisse guérir et
il lui appartient de choisir la méthode qui lui convient ; que ce
soit la médecine ayurvédique ou la médecine conventionnelle. Mais
il ne faut pas qu'ilutilise les médicaments naturels au petit bonheur
car tous les produits ne sont pas forcément compatibles pour traiter
les différents maux. Il faut absolument qu'il soit suivi par un
médecin", souligne un généraliste.
Lire l'article original : http://www.lexpress.mu/display_search_result.php?news_id=12944
Questions à Dr Kalpana Ajoodha, spécialiste "La
médecine ayurvédique traite le mal à la racine" - L'express
- Ile Maurice - 15/02/2004
Qu'est-ce qui explique le fait que la médecine
ayurvédique soit plus répandue de nos jours ?
Je pense qu'il y a une plus grande prise de conscience du public
par rapport aux propriétés de la médecine ayurvédique. Les gens
réalisent que c'est avant tout une médecine naturelle qui n'a pas
d'effets secondaires et qui est disponible sous plusieurs formes
(herbes, tisanes, huiles etc.). C'est une médecine traditionnelle
qui existe depuis de nombreuses années et qui continue à évoluer.
Aujourd'hui, la population est plus avertie de ses bienfaits et
sait qu'elle a plusieurs options de traitement pour la guérison
et la prévention.
Quelle différence faites-vous entre la médecine
ayurvédique et l'allopathie ?
La médecine ayurvédique travaille plus lentement que l'allopathie,
donc que la médecine conventionnelle. Mais les deux vont porter
leurs fruits pour la guérison du patient. Il se peut que la médecine
chimique ait des effets immédiats sur les symptômes. La médecine
ayurvédique traite le mal à la racine. C'est un traitement sans
effets secondaires qui peut soigner la majorité des maladies, que
ce soit le diabète, les problèmes de peau, l'asthme ou la bronchite.
Risque-t-elle un jour de concurrencer la médecine
conventionnelle ?
Il est difficile de comparer les deux médecines. Chacune de ces
méthodes produit des effets bénéfiques sur les patients. Mais la
demande pour la médecine ayurvédique va définitivement augmenter
car il y a plus de problèmes à gérer aujourd'hui comme les insomnies,
le stress, ou encore les troubles de la mémoire. De ce fait, en
essayant de trouver les méthodes de soins les plus efficaces mais
aussi sans danger, les gens sont plus enclins à se tourner vers
la médecine ayurvédique.
Lire l'article original : http://www.lexpress.mu/display_search_result.php?news_id=12945
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