Un cas de polio virus sauvage importé du Nigéria
a été dépisté en octobre 2003 dernier dans un district de santé
de Kousseri au Cameroun. Et il a été confirmé en décembre de la
même année. Ce chiffre quelque peu insignifiant, vient quand même
perturber les autorités de ce pays, qui croyaient pourtant avoir
éradiqué à jamais un fléau touchant près de 63 millions d'enfants
dans le monde parmis lesquelles deux millions de petits Camerounais.
On comprend alors le sens des journées locales de vaccination qui
débutent ce mardi 24 février à Wum dans la province du Nord-Ouest.
La déclaration a été faite vendredi dernier au cours d'un point
de presse donné par le ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena
Awono.
La rencontre de ce vendredi a été initiée à la
faveur de la journée d'information des parties prenantes et autres
partenaires dans la lutte contre la poliomyélite. Elle s'est tenue
en prélude aux Journées locales de vaccination (Jvl) contre la maladie
qui se dérouleront du 24 au 27 février 2004 pour le premier tour,
et du 29 mars au 02 avril de la même année pour le second passage
dans tous les districts de santé des provinces du Nord et de l'Extrême
Nord, de l'Adamaoua, du Nord et du Sud Ouest.
Une synchronisation sera faite avec dix pays africains notamment
le Tchad, le Ghana, le Burkina Faso, à l'exception du Nigéria, qui
s'est dérobé suite à une polémique survenue dans certains de ses
Etats autour des effets prétendument néfastes du vaccin ant-polio.
Afin de consolider autant que possible les efforts
produits par le Cameroun depuis 1996 dans ce sens, tous les enfants
de 0 à 59 mois révolus seront alors vaccinés contre la poliomyélite
dans les régions concernées. Le personnel de Santé leur administrera
dix doses de vaccins ou plus encore même si l'enfant a déjà été
vacciné, car a-t-on retenu de certains exposés : les doses supplémentaires
de vaccins renforcent plus l'immunité. Toutefois, malgré toutes
ses actions, on note quelques manquements dans la stratégie de lutte
contre la polio. Au banc des accusés, selon l'Organisation mondiale
de la Santé (Oms), l'insuffisance de la performance de la surveillance
vient en premier. A cet effet, un des journalistes présents dans
la salle a suggéré : "en plus des journées nationales et locales
de vaccination contre la poliomyélite, il faudrait peut être songer
à mettre en place une surveillance permanente non seulement au Cameroun,
mais dans les pays frontaliers également touchés. Faute de quoi
des résurgence ne sont pas exclues".
La poliomyélite est donc un véritable problème
de santé publique. Au Cameroun, "les cas les plus simples sont traités
dans tous les services de santé, et lorsque la paralysie est survenue,
il n'y a qu'à faire de la kinésithérapie et jusque là le Centre
de rééducation des handicapés d'Etoug-Ebé est bien outillé à cet
effet", explique le professeur Mbédé du Centre hospitalier université
de Yaoundé. Sur un tricycle, à pied ou aidés d'un parent, ces victimes
de la poliomyélite se rendent presque tout le temps à Etoug-Ebé,
bravant le mauvais état de la route. La maman de Miguel 10 ans,
a les larmes aux yeux quand elle raconte son calvaire. Elle a pensé
à une maladie bénigne, quand son enfant a commencé à se plaindre
de fièvre et de maux de tête. Elle est alors allée de charlatan
en charlatan, oubliant de consulter un médecin moderne. Malheureusement,
quand le mal a empiré, paralysant le gosse, il n y avait plus rien
à faire que le conduire au Centre des handicapés d'Etoug-Ebé pour
des séances de massages hebdomadaires et où les prestations sont
beaucoup plus abordables que partout ailleurs. Miguel est devenu
une grosse charge pour sa famille qui, déjà tire le diable par la
queue.
Cathy Yogo
Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=10&id=1077618334
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