La malnutrition chronique touche un enfant sur
deux à Madagascar, entrave le développement humain et pose un sérieux
handicap au développement socio-économique du pays. En fait, Madagascar
se trouve parmi les pays les plus pauvres de la planète avec un
PIB par habitant d'environ EU$ 260 et un indice de développement
humain (IDH) de 0,484 (soit de 149e sur 173 pays). Avec 70% de la
population vivant en dessous du seuil de la pauvreté, le contexte
de développement de Madagascar est fortement déterminé par la lutte
contre la pauvreté de façon globale. De plus, la malnutrition étant
une cause et une conséquence de la pauvreté, la lutte contre la
malnutrition s'insère aussi dans le cadre global de la lutte contre
la pauvreté. C'est ce qui est écrit dans le rapport sur la politique
nationale de nutrition, publié au mois de janvier dernier.
Selon toujours ce rapport, à Madagascar, la malnutrition
infantile survient très tôt et parfois touche les enfants d'âge
fœtal. Environ 11% des enfants ont un poids insuffisant à la naissance
(inférieur à 2,5kg) et de ce fait sont susceptibles de mourir durant
leur premier mois de vie avec une probabilité deux fois supérieures
à celle des enfants à poids normal. 54% des décès d'enfants de moins
de 5 ans sont attribuables à la malnutrition. La malnutrition n'épargne
aucune province de l'île et touche les milieux aussi bien rural
qu'urbain, même si le milieu rural est plus vulnérable. Selon le
Mics 2000, la malnutrition chronique varie de 41% (Mahajanga) à
54% (Fianarantsoa) ; urbain 45% et rural 50%. Le document souligne
également les carences en micronutriments chez les malgaches, les
différentes causes de la malnutrition, la qualité et l'innocuité
des aliments et les problèmes émergents. Et on y trouve l'analyse
des politiques et programmes existants en vue de dégager les bonnes
pratiques sur lesquelles peut se construire la Politique nationale
de nutrition en vue d'accélérer la réduction de la malnutrition
dans les prochaines décennie. Soit les interventions de nutrition
communautaire, la promotion de l'allaitement maternel et éducation
nutritionnelle, l'accès aux soins de santé primaires, la récupération
nutritionnelle, la lutte contre les carences en micronutriments,
la sécurité alimentaire et économique au niveau des ménages, les
urgences nutritionnelles, les instruments de collecte et d'analyse
d'informations nutritionnelles, la nutrition scolaire, et enfin
la coordination et la gestion pour la complémentarité, la cohérence
et synergie des programmes.
Politique et stratégie
Pour combattre la malnutrition et compte tenu des
objectifs de développement du Millénaire auxquels souscrit le gouvernement
et afin d'assurer un développement rapide et durable, Madagascar,
dans le cadre de la Dsrp, s'est fixé comme objectifs de réduire
de moitié le taux de pauvreté d'ici 10 ans et également de moitié
le taux de malnutrition. L'élaboration de la Politique nationale
de nutrition (PNN) a été réalisée de façon multisectorielle et pluridisciplinaire,
démontrant ainsi la complexité des problèmes liés à l'alimentation
et à la nutrition ainsi que celle des facteurs qui les déterminent.
Le document consiste à identifier les mesures susceptibles de juguler
ces problèmes à court et à long terme, à attirer l'attention des
hauts responsables du pays, des planificateurs, des partenaires
au développement sur l'ampleur de la malnutrition et ses conséquences
sur le développement humain et socioéconomique, à orienter le gouvernement
et ses partenaires sur les interventions intersectorielles prioritaires,
à promouvoir la lutte contre la malnutrition et à proposer un cadre
institutionnel pour la mise en œuvre des interventions nutritionnelles.
Pour mesurer la malnutrition dépendant de l'objectif de l'évaluation,
trois indicateurs sont couramment utilisés. Ces indicateurs sont
: le retard de croissance qui est une mesure de la taille d'un enfant
par rapport à son âge, l'insuffisance pondérale qui est une mesure
du poids de l'enfant par rapport à son âge et l'émaciation qui est
une mesure du poids de l'enfant par rapport à sa taille. Le but
de la PNN est d'assurer le droit de la population toute entière
à une nutrition adéquate en vue d'améliorer la survie des enfants
et de permettre un développement maximal de leurs potentialités
physiques et intellectuelles ainsi que de promouvoir la santé et
le bien-être des adultes, en particulier des mères.
Les objectifs généraux consistent à réduire de moitié la prévalence
de la malnutrition chronique (poids : taille <-2ET) chez les enfants
de moins de 5 ans -c'est à dire de 50 à 25% et de contribuer à la
réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans de 156 à
11 pour 1000 naissances vivantes et cela d'ici 2015. Les objectifs
généraux sont divisés en objectifs spécifiques qui sont répartis
en trois phases en 2005, 2010 et 2015.
Les stratégies adoptées dans le cadre de cette PNN reposent sur
l'expérience positive des stratégies mises en oeuvres juqu'ici dans
la lutte contre la malnutrition, ainsi que les bonnes pratiques
au niveau global. Ces stratégies visent à assurer le droit de tous
citoyens à une nutrition adéquate et prévenir la malnutrition à
tous les stades critiques du cycle de vie (enfants d'âge préscolaire
et scolaire, femmes enceintes et allaitantes, adolescentes) tout
en éliminant les discriminations à l'encontre des filles et des
femmes en matière de nutrition, et en luttant contre l'exclusion
des groupes marginalisés. La lutte contre les différents problèmes
nutritionnels comporte des stratégies spécifiques qui ont fait l'objet
d'un consensus international ainsi que de l'expérience de leur mise
en œuvre. La lutte contre la malnutrition protéino-énergétique reste
encore un défi majeur et demande un immense effort conjugué de toute
la nation. La lutte contre les troubles dus à la carence en iode
est en bonne voie et la lutte contre l'avitaminose A doit être renforcée.
Par contre, l'anémie due à l'absence de fer qui est un problème
touchant les femmes enceintes, les enfants d'âge préscolaire et
d'âge scolaire à cause d'un apport alimentaire inadéquat et d'une
faible biodisponibilité en fer, touche plusieurs groupes et demande
une intervention plus robuste. Les stratégies spécifiques de lutte
contre la malnutrition protéino-énergétique et les carences en micronutriments
au niveau de tout le territoire, en vue d'atteindre les objectifs
fixés dans cette PNN, sont mises en œuvres par des stratégies opérationnelles.
GAIN Régional de Mahajanga
Le Groupe d'action Interprofessionnel pour la Nutrition
(Gain) de Mahajanga a organisé durant deux jours les 16 et 17 février,
un atelier pour discuter du premier draft du rapport sur la politique
nationale de nutrition. L'objectif de l'atelier consiste à collecter
les éventuels amendements et observations afin de les intégrer dans
le document final. Notons que cet atelier a vu la participation
des différents organismes et entités touchés par cette politique
de Nutrition comme les projets Seecaline, NAC, Pcime, Lynkages/Usaid,
CRS, Andra, etc…
Narimalala Rakotobe
Lire l'article original : http://www.lexpressmada.com/article.php?id=19002&r=13&d=2004-02-19
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