Une
conférence internationale, ce sont des délégués débonnaires, pressés,
attentifs, un secrétariat stressé et des rapporteurs sur le gril.
Ces derniers travaillent avec ceux et celles qui travaillent le
jour. Ils sont encore à l’œuvre quand tous les autres dorment du
sommeil des justes. Babacar Fall et Mme Dorothée O’kinawa les rapporteurs
généraux de la conférence, compensent leur manque de sommeil par
un engagement sans faille. Nous avons tiré Babacar Fall, coordonnateur
du GEEP et membre du Groupe de travail, de la salle des séances
plénières pour lui arracher quelques mots. Ce rapporteur se pique
aussi de politique de population quand il affirme, exprimant sans
aucun doute l’opinion de tous les délégués, que “l’Afrique a l’ambition
d’exprimer son opinion sur la santé de la reproduction”. Cela sonne
comme un clou qu’on enfonce après les allocutions des vice-présidents
du Kenya et de l’Ouganda, à l’ouverture de la conférence. Entretien.
Question: La nuit a dû être bien longue, Monsieur le rapporteur
général?
Mme Dorothy… et moi avons exploité l’ensemble des rapports produits
au cours de la journée pour retracer les étapes de la première journée.
Ce fut un exercice absorbant, mais riche d’enseignement.
Au
deuxième jour de la conférence, que retenir des allocutions des
personnalités invitées à la cérémonie d’ouverture et des discussions
que vous avez eues en séances plénières?
La
première chose à retenir, c’est la clarification des objectifs de
la conférence. Nous savons que nous voulons trois choses précieuses.
La première est de sortir d’ici avec un programme de renforcement
des capacités des ONG en matière de leadership, de gouvernance dans
le domaine de la santé de la reproduction.
Le deuxième objectif, c’est de structurer le réseau pour en faire
une force capable d’influer les changements sociaux en Afrique.
Troisièmement, nous avons l’ambition d’exprimer les opinions de
l’Afrique sur la santé de la reproduction à l’occasion de la prochaine
conférence internationale sur la population et le développement
qui se tiendra, en 2004, dix ans après celle du Caire.
En second lieu, nous avons eu deux discours inspirateurs de la part
des deux vice-présidents du Kenya et de l’Ouganda. Le vice-président
du Kenya, le Pr. George Saitoti a clairement affirmé que les principes
de la bonne gouvernance et du leadership dans le milieu des ONG
ne seront des réalités qui si, d’abord, l’Etat développe lui-même
le principe et la pratique de la transparence, de la bonne gouvernance,
et fait partager à l’ensemble de tous les acteurs sa vision du développement.
La deuxième intervention est celle de la vice-présidente de l’Ouganda,
le Dr Specioza W. Kazibwé. Elle a clairement montré, à partir de
l’expérience de l’Ouganda, que l’Afrique peut apporter des réponses
concrètes aux problèmes auxquels les différents pays peuvent être
confrontés. L’Ouganda en a donné l’exemple, à travers la rédaction
de la prévalence du VIH/SIDA et la promotion des jeunes filles et
des droits humains.
Les
délégués ont également entendu, dans la matinée du mardi, un exposé
sur les résultats de l’analyse situationnelle sur la gouvernance
et le leadership des ONG. Quels sont les points forts de cette étude?
Je crois qu’il y a d’abord l’éclairage théorique à travers à la
communication du Pr. Henri Mosley de l’université John Hopkins des
Etats Unis. Le Pr. Mosley a développé l’articulation entre le leadership
et la management comme deux systèmes d’action distincts et complémentaires.
Il a montré que quand le leadership est partagé à tous les niveaux
d’une organisation des résultats extraordinaires peuvent être atteints.
A la suite de l’intervention du Pr. Mosley, l’analyse situationnelle
a été présentée. Elle révèle une classification des ONG, une croissance
rapide du secteur des ONG, des besoins en formation au niveau du
leadership et de la gouvernance, des difficultés de mutation de
la planification familiale à la santé de la reproduction, des difficultés
de transition intergénérationnelle et des besoins de plaidoyer en
direction de certains partenaires comme l’Etat et les bailleurs
pour un environnement plus favorable à l’action des ONG.
Dans combien de pays l’étude a-t-elle été menée et à quelle période?
L’étude
a été menée par le Centre d’études de la famille africaine avec
l’appui de partenaires en population et développement, en 2001,
par un groupe de consultants qui ont d’abord produit des rapports
régionaux. Les directeurs d’ONG et les responsables de consortium
d’ONG ont été les principales cibles de cette étude. Ce sont ces
rapports régionaux qui ont été synthétisés pour donner les résultats
présentés à cette conférence. L’étude a couvert 13 pays de l’Afrique
subsaharienne. Il s’agit, en Afrique de l’Ouest, du Sénégal, du
Mali, du Burkina Faso, du Ghana et du Nigeria, en Afrique Centrale,
du Cameroun, du Gabon et du Tchad, en Afrique de l’Est, le Kenya,
la Tanzanie et l’Ouganda, et, en Afrique Australe, l’Afrique du
Sud, le Zimbabwé et le Botswana.
Quelle
a été la réaction des délégués après ces exposés?
Certains
délégués ont relevé la difficulté de refléter les diversités dans
les différents pays. Car les organisations sont à des stades différents
de développement, n’ont pas toujours la même histoire, même elles
sont toutes confrontées aux problèmes de la transparence, de la
bonne gouvernance vis-à-vis d’elles mêmes, vis-à-vis de l’Etat,
vis-à-vis des bailleurs et des bénéficiaires.
Des
recommandations?
Oui,
il y en a eu. Elles sont de plusieurs ordres. Au plan de la formation,
il est prévu d’élaborer un programme pilote, de renforcer des capacités
des ONG sur le leadership, la gouvernance et le management. Ensuite,
au plan du partage d’expériences, il a été prévu la dissémination
des résultats de cette recherche au niveau national et sous régional,
la création de bases données accessibles via internet. Propos recueillis
par EL BACHIR SOW
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l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=13330&index__edition=9564
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